CLOUD Act — La surveillance transfrontalière entre le Canada et les États-Unis porte un coup aux droits constitutionnels et de la personne

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Depuis l’élection présidentielle américaine de 2024, les relations canado-américaines sont devenues de plus en plus tendues et suscitent l’inquiétude du public. Il est donc d’autant plus inquiétant pour le public que, depuis 2022, le gouvernement canadien négocie discrètement avec les États-Unis un accord bilatéral de partage de données en matière d’application de la loi, en vertu d’une loi américaine appelée Clarifying Lawful Overseas Use of Data ActCloud Act »).

Ces négociations se poursuivent, malgré le fait que les États-Unis ne reconnaissent pas leurs obligations en matière de droits de l’homme au-delà de leurs frontières, sans parler de l’hostilité ouverte du nouveau président envers le Canada, tandis que les sbires du milliardaire technologique Elon Musk s’emparaient de données gouvernementales sensibles. Des articles de presse font également état d’un recours à l’espionnage de la CIA pour « conférer à Trump un pouvoir de pression supplémentaire dans ses négociations commerciales ». Ces événements déstabilisateurs devraient sérieusement remettre en question toute idée de conclure un tel accord de partage de données avec les États-Unis, surtout dans un contexte aussi complexe que le CLOUD Act.

Introduction à l’accord Canada-États-Unis CLOUD Act

Un accord canado-américain sur le nuage informatique étendrait la portée des forces de l’ordre américaines au numérique canadien à un niveau sans précédent. Cet accord, s’il était signé, permettrait à la police américaine d’exiger des données personnelles directement de tout fournisseur de « services de communication électronique » ou de « services informatiques à distance » au Canada, pourvu qu’il ait des liens avec les États-Unis (par exemple, desservant des utilisateurs américains). Aucune surveillance judiciaire ne serait exercée au nord de la frontière. Le nouveau système exposerait les données personnelles stockées au Canada directement à la surveillance policière américaine, contournant ainsi la surveillance des tribunaux canadiens et, ce faisant, pourrait enfreindre nos propres lois constitutionnelles sur la protection de la vie privée, entre autres conséquences alarmantes.

L’objectif de cet accord est ostensiblement de simplifier les demandes de données transfrontalières actuellement régies par des traités d’entraide judiciaire, que les responsables publics jugent désormais trop contraignants à l’ère numérique. L’accord vise ainsi à accorder des pouvoirs réciproques aux policiers canadiens qui sollicitent des données auprès d’entreprises technologiques américaines. Cependant, un examen plus approfondi révèle qu’un tel accord n’aurait de réciprocité que le nom, en ce qui concerne nos droits constitutionnels et humains.

Les lois constitutionnelles canadiennes et américaines divergent sur la surveillance numérique

Le Canada et les États-Unis divergent depuis longtemps en matière de cadres juridiques respectifs en matière de surveillance et de confidentialité numérique, de sorte qu’un accord sur le CLOUD Act ne peut que dégrader les normes constitutionnelles canadiennes bien établies. Difficile de trouver deux démocraties plus incompatibles lorsqu’il s’agit d’harmoniser leurs lois sur la surveillance numérique. Depuis les années 1970, les tribunaux américains affirment que les individus sont privés des protections constitutionnelles de la vie privée pour les informations qu’ils partagent volontairement avec un tiers – c’est ce qu’on appelle la « doctrine du tiers ». Les informations visées par cette doctrine de longue date sont exposées à des saisies sans mandat par les forces de l’ordre américaines.

L’approche américaine a mal vieilli. Cinquante ans plus tard, les smartphones sont désormais omniprésents, chacun bourré d’applications tierces qui accumulent des quantités astronomiques de données privées sur les aspects les plus intimes et sensibles de notre quotidien. Face à un marché de courtage en données en pleine expansion, qui inclut la vente de données publicitaires ciblées aux forces de l’ordre et aux agences gouvernementales, les législateurs et la société civile américains tentent de combler une partie de cette faille rendue possible par la doctrine des tiers, notamment par le biais de la judicieuse loi « Le Quatrième Amendement n’est pas à vendre ». Si une décision de la Cour suprême des États-Unis en 2018 a marqué un tournant important vers une nouvelle approche, il est encore loin d’être certain que les tribunaux américains s’engageront dans cette voie (ni dans quelle mesure).

En revanche, cette nouvelle voie, déjà bien tracée aux États-Unis, est déjà constitutionnellement établie au Canada. Depuis le début des années 1990, les plus hautes juridictions canadiennes ont rejeté à maintes reprises l’approche américaine visant à limiter le droit à la vie privée par la doctrine des tiers. Dans un arrêt historique, la Cour suprême du Canada a décidé qu’elle ne suivrait pas la jurisprudence américaine qui a finalement placé des pans entiers de la surveillance gouvernementale hors du contrôle des juges américains. La Cour a prévu que si la surveillance électronique n’était pas réglementée, elle pourrait « anéantir toute attente de confidentialité de nos communications ». Ainsi, dans de nombreux cas, les mêmes types de données personnelles considérées comme légitimes aux États-Unis sont constitutionnellement protégées contre les perquisitions et saisies sans mandat au Canada.

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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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[…] d’une loi américaine appelée Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act (« Cloud Act »). C’est sans oublier la mise en œuvre des programmes sur l’identité numérique, […]

[…] autorités policières canadiennes et américaines, en vertu d’une loi américaine appelée “Cloud Act”. Nous avons aussi vu que le gouvernement canadien de Mark Carney a déposé le projet de loi […]

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