Un article du journaliste Patrice-Hans Perrier : La magie de Daniel T. Tremblay — Comment nos handicaps représentent des forces cachées

Récemment, je vous ai fait connaître mon ancien collègue en peinture, Daniel T. Tremblay. J’ai connu celui-ci en 1985 alors que je m’occupais de la galerie Frère Jérôme avec l’artiste peintre Pierre Corbin. Né à Chicoutimi en 1956, le goût de Daniel pour la peinture est inné, antérieur à toute formation ou instruction. Fasciné par le beau, épris de liberté, c’est au cours de nombreux voyages, qui l’amèneront du Canada (Ouest canadien, Arctique) aux pays de l’Europe de l’Ouest et de la Méditerranée, qu’il assume en autodidacte, sa formation à la peinture. Il voit ce que d’autres ne voient pas, imagine ainsi la réalité. C’est dans les grands musées que se produit la gestation de son art de communiquer ce qu’il voit et ce qu’il ressent : Van Gogh à Amsterdam, les impressionnistes à Paris, la FLAC à Bâle, Picasso à Barcelone, etc. Depuis 1985, il a exposé dans plusieurs galeries de Montréal et Chicoutimi. Ils s’est aussi prêté à de nombreuses performances publiques (peinture en direct). Si d’autres atteignent la perfection dans le conforme, lui, c’est dans l’insolite qu’il produit la plus vive émotion. Son art est vivant, son mouvement impulsif et heureux.

Or, quelle ne fut ma surprise d’apprendre que mon collègue Patrice-Hans Perrier a publié un article très senti à propos de Daniel T. Tremblay sur sa page VKontakte. Patrice-Hans est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar de Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs.

Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant d’aborder le genre littéraire. Patrice-Hans Perrier est un contributeur régulier de différents sites d’analyses stratégiques tels que Le Devoir, Dedefensa, Réseau International et Vigile Québec. Vous pouvez aussi le retrouver sur son propre site internet : patricehansperrier.com et sur le réseau social VK. Je partage donc avec vous son article concernant Daniel T. Tremblay. Je vous souhaite une excellente lecture !

➽ La magie de Daniel T. Tremblay ― Comment nos handicaps représentent des forces cachées

Par Patrice-Hans Perrier, le 6 avril 2025

La MAGIE de Daniel T. Tremblay – un très beau documentaire réalisé par Nicolas de la Sablonnière et mis en valeur sur le site de Guy Boulianne – est venu me chercher dans les tripes et la pleine conscience en lumière. À l’instar de Guy Boulianne, ce collègue de la ré-information sans compromis, j’ai œuvré dans l’arène du débat des idées des décennies durant et me revoici en manque d’amour créatif … anxieux de reprendre le flambeau de la création artistique sans idées préconçues.

Si Boulianne a été le père nourricier de quelques galeries, j’ai caressé, pour ma part, de beaux corps féminins; mais aussi mes cordes vocales afin d’honorer le chant grégorien, mes doigts afin de construire des maquettes et prototypes et aussi de dessiner et prendre des dizaines de milliers de clichés photographiques ces dernières années. Comme le rapportait si bien Guy Boulianne dans son article sur Tremblay, « j’en ai un peu marre de sacrifier mes journées à publier des articles socio-politiques, en pensant pouvoir changer quoi que ce soit dans le mode de pensée des gens. Or, il n’en est rien ». Et oui, quelques fois on a l’impression que la critique du monde tel qu’il nous apparait, et tel qu’on souhaiterait le voir se transformer, ne mène nulle part, alors que nos facultés créatrices sont mises sous le boisseau.

Réapprendre à vivre

Mais, la découverte de Daniel T. Tremblay, grâce à la mémoire d’éléphant du comparse Boulianne, m’a donné des frissons d’espoir et m’a fait prendre conscience de notre vitalité divine à nous, tous les humains sans exception.

Cet artiste plasticien, installé au Saguenay, a dû surmonter la difficile réalité que vivent les bipolaires – à l’instar de l’immense chamane Jean Leloup que j’ai rencontré deux fois dans ma vie – afin d’exprimer son trop-plein d’inventivité ! Véritable force de la nature, Tremblay est toute une pièce d’homme, une sorte d’ours qui me fait penser à Boulianne … véritables descendants des anciens Français d’Amérique qui ont défriché et labouré des arpents de terre à perte de vue ! Tremblay défriche ses toiles, mais aussi des tonnes de matériaux recyclés qu’il peint au moyen de pochoirs, de jets d’aérosols et de traits de peinture lancés comme des cris dans le désert d’un Québec devenu trop matérialiste.

Le documentaire de la Sablonnière nous sable la conscience, rabote nos idées reçus sur le monde des arts et produit des copeaux d’une lumière toute pleine d’espérance et de joie de vivre. Parce que « l’ours plasticien » nous fait pleurer de joie à cause de sa générosité de vie, de ses coups de gueule salutaires et de son opiniâtreté au dur labeur de la création.

Faire flèche de tout bois

Tremblay est un émule de Jean Paul Riopelle et il a été formé à l’école du Frère Jérôme : un joyeux plasticien en goguette ! Toutefois, hormis les années 50 du grand Riopelle, je trouve que Tremblay est en voie de le … dépasser ! En effet, la peinture de cet artiste fébrile comme un bourdon tisse sa trame sur les surfaces de nos objets quotidiens afin de transcender le monde de tous les jours. Véritable cueilleur de rébus – tables, portes, cadres et surfaces textiles chinés chez les brocanteurs – « l’ours plasticien » passe à travers tous ces sédiments pour y imprimer une sorte de projection cinématographique qui semble résumer ses perceptions et visions du monde. Certains tableaux sont magnifiques, plein de vitalité et comme un cri d’amour lancé dans l’univers, sans prétention et sans retenue !

« L’ours plasticien » prend son vélo — dans une séquence du documentaire — afin d’aller peindre la surface d’une grille pour les arbres afin d’en extraire une impression sur canevas et, même, sur t-shirt. L’impression sur canevas sera retravaillée, par la suite, avec ses méthodes habituelles de graffiteur et de virtuose du pochoir. Le résultat est stupéfiant, sorte de fresque solaire primitive qui nous vivifie en bout de ligne !

Certains l’ont comparé avec Arthur Villeneuve, le « peintre-barbier » naïf qui est devenu un monument de l’art québécois. En effet, Villeneuve s’était mis à peindre les moindres recoins de sa demeure, à telle enseigne, si ma mémoire est fidèle, que des collectionneurs étaient prêts à débourser des sommes importantes afin d’acquérir une porte ou un autre artefact du quotidien de peintre naïf. Toutefois, Tremblay est encore plus qu’un « plasticien naïf » ou « peintre du dimanche » devenu artiste reconnu … c’est un chamane, un « ours plasticien » qui nous aide à transcender la réalité d’un quotidien trop souvent devenu concentrationnaire ou limitatif.

Par-delà l’univers concentrationnaire d’un quotidien tenu en otage par les conventions

Suite à une dispute de couple qui s’est envenimée, l’« ours plasticien » s’est retrouvé en garde à vue et le corps médical l’a pris en charge pour un recadrage mental et psychologique … l’« ours plasticien » venait de frapper le mur d’une réalité pas toujours facile à vivre, que l’on soit bipolaire ou autre … perdant sa femme, sa maison, son univers habituel, et « trépassant », psychiquement parlant, au beau milieu de la quarantaine – encore une fois ma mémoire peut flancher – le chamane s’est retrouvé sur le plancher des vaches avec l’obligation de rebâtir son existence de A à Z.

Vivant dans un petit appartement, tout plein de fleurs et plantes, Tremblay travaille avec les moyens du bord, se nourrie en achetant des victuailles à prix modique et peut compter sur le soutien d’une poignée d’amis fidèles et prévenants. Même son ex-épouse et un de ses fils viennent lui rendre visite afin de partager un bon repas, une bouteille de vin gouleyant ou de tendres souvenirs qui remontent la « chasse-galerie » d’un passé qui n’est que le matériau en constante transformation du présent. Cette famille disloquée s’aime toujours beaucoup et parvient à retisser des pans de vérité mis en lumière par ce documentaire inspirant s’il en est !

On réalise que le milieu culturel du Saguenay est en train de reconnaître la valeur de cet « ours plasticien » surprenant de vitalité : un « passeur d’éternité » qui semble se rapprocher de Dieu alors qu’il est, de facto, parvenu à l’orée d’une Renaissance artistique et créative d’une magnitude qui force l’admiration.

Daniel T. Tremblay, un vieux copain de Boulianne, est promis, dans mon livre à moi, à un avenir radieux après avoir effectué sa traversée du désert. L’« ours plasticien », véritable chamane du pochoir et des aérosols, pourrait même devenir, contre toute attente, le plus grand artiste plasticien vivant du Québec. À l’instar de L’hommage à Rosa Luxemburg – fresque monumentale de Jean Paul Riopelle – un immense tableau de l’« ours plasticien » est sans doute en gestation … se déroulant tel un papyrus dans l’imaginaire du chamane du Saguenay, témoignant de sa vitalité sans bornes. Les visionnaires et autres témoins de lumière prient pour que cette œuvre voit le jour. Pour que la lumière qui traverse l’existence de Daniel T. Tremblay réduise en poussière nos préjugés et nos défaites multiples.


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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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