Je suis toujours heureux lorsque je trouve une image pouvant illustrer l’existence du prince Ursus, vicomte de Nîmes au IXe siècle. Personnage illustre et mystérieux, Sigisbert VI dit Ursus, était le descendant du roi mérovingien Dagobert II, de la princesse wisigoth Gisèle de Rhedae, et de l’exilarque Theodoric IV de Narbonne. Le 14 avril 878, à la demande de Bernard II Plantevelue, marquis de Gothie, il supervisa l’invention des reliques de saint Baudile à Bouillargues, à quelques kilomètres seulement de Nîmes. Ursus est l’ancêtre probable de la famille de Bouillanne (Bulianicus, Bolianicus, Bollanicae, Bollanicis, Bolhanicis, Bolhargues, Bouillargues).
Nous possédons déjà deux images anciennes représentant Ursus se faisant couronner en tant que Roi des Exilarques de Babylone (ou Roi des Juifs) : Cum principe Urso, quem comes vice sua misit, celeriter urbem Nemausum adierunt.
Nous possédons une autre preuve tangible de l’existence du prince Ursus, dans une bague sigillaire d’époque carolingienne trouvée en France par un prospecteur amateur. Cette bague représente un personnage velu, le propre de la dynastie mérovingienne (Bernard Plantevelue, Wilfred le Velu, Ursus). Un internaute faisait remarquer que le serpentin au dessus de l’épaule droite est en fait, une fois inversé, la 18e lettre de l’alphabet grec Σ qui est sigma.
Il s’agirait rien de moins que l’initiale de Sigisbert VI, aussi appelé prince Ursus.
Nous vous rappelons que le blason de la famille de Bouillanne porte d’azur à une patte d’ours d’or, blason que nous retrouvons à la planche No. 2 des Dossiers Secrets d’Henri Lobineau (Pierre Plantard de Saint-Clair et Philippe de Chérisey, Bibliothèque Nationale de France, cote 4° LM1 2491, déposé en 1975). Cette patte d’ours se retrouve aussi dans le tableau énigmatique attribué au maître français Nicolas Poussin, représentant le paysage de Rennes-le-Château, et propriété actuelle du chercheur Robert Tiers.
Récemment, j’ai redécouvert la gravure de Charles-Nicolas Cochin (père) extraite de l’Histoire générale de Languedoc, avec des notes et les pièces justificatives, par Dom Claude de Vic & Dom Joseph Vaissette (Preuves de l’histoire de Languedoc, page 1. Édition de Jacques Vincent, tome 2, Paris 1733). On y voit clairement le prince Ursus, vicomte de Nîmes, aux côtés de l’évêque Gibert, de Walafrid évêque d’Uzès, et de plusieurs autres prélats et abbés, lors de l’invention des reliques de saint Baudile en 878. Celui-ci porte l’épée en tant que dignitaire et haut personnage.
L’Histoire générale de Languedoc
L’Histoire générale de Languedoc est un ouvrage scientifique, traitant de l’histoire de la province de Languedoc, rédigé et publié durant la première moitié du XVIIIe siècle par les pères bénédictins dom Claude Devic et dom Joseph Vaissette, puis complété une première fois par Alexandre Du Mège au milieu du xixe siècle, enfin entièrement refondu et publié par une équipe de savants pour la librairie Privat à la fin du XIXe siècle, plusieurs fois réimprimé. Bien qu’elle soit dépassée sur de nombreux aspects, l’Histoire générale de Languedoc demeure précieuse pour le corpus de textes qu’elle reproduit, certains ayant été perdus dans la tourmente révolutionnaire, mais aussi rétrospectivement pour les innovations qu’elle apporta à l’analyse historique.
L’origine de l’Histoire générale de Languedoc est la proposition de l’archevêque de Narbonne, Charles Le Goux de La Berchère, président-né des États de Languedoc à cette assemblée, le 24 janvier 1708, de parrainer une histoire complète de la province. C’est vers les savants bénédictins de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés que l’on se tourna, et après un premier choix malheureux, dom Claude Devic et dom Joseph Vaissette furent chargés en 1715 de mener les recherches dans les dépôts provinciaux, les archives étant alors dispersées en Languedoc entre les bibliothèques publiques, les forteresses royales, les églises, les abbayes, les collections privées, mais aussi à Paris, au Trésor des Chartes, dans les grands corps de l’État, la bibliothèque de Colbert, etc. Fruit de ces investigations, 131 volumes de documents se trouvent aujourd’hui au Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Sur cette base, ils publient de 1730 à 1745 chez l’imprimeur parisien Jacques Vincent cinq volumes, comprenant trois parties chacun : un récit historique, suivi de notes savantes, puis des pièces justificatives (les « preuves »), qui couvrent une période s’étendant des « origines », en s’appuyant sur les auteurs antiques, jusqu’à 1643, date de la mort de Louis XIII. L’Histoire illustre très bien le sérieux de la méthode des deux mauristes, à la suite des travaux de Jean Mabillon et de Bernard de Montfaucon.
Un historien du XIXe siècle nous rapporte la scène :
« Au mois d’août 1730, plusieurs députés des États de Languedoc étaient réunis au palais de Versailles, attendant une audience solennelle du roi, arrivé, la veille, de Compiègne. Ils allaient présenter, avec le cérémonial accoutumé, le cahier des hommages et doléances de la province ; mais une particularité devait modifier l’uniformité habituelle de la cérémonie : c’était la présentation à Sa Majesté d’un volume in-folio, déposé sur les degrés du trône et dont la splendide reliure, voilée de fines dentelles qui amortissaient l’éclat des dorures attirait tous les regards. La splendeur de ce livre, la pompe extraordinaire de la députation chargée de l’offrir au roi, au nom des États, répondaient à l’importance du travail historique et littéraire qu’il renfermait, et au talent des auteurs : c’était le premier volume de l’Histoire générale de Languedoc dont le principal auteur était un religieux de la congrégation de Saint-Maur, Dom Vaissète. »
À propos de Charles-Nicolas Cochin (père)
Charles-Nicolas Cochin, dit Charles-Nicolas Cochin père, Cochin l’Ancien ou Cochin le Vieux, est un graveur français né le 29 avril 1688 à Paris, d’une ancienne famille de Champagne dont plusieurs membres se sont déjà distingués dans les arts. Son père Charles Cochin est peintre, il est marié à Marie Marthe de la Forge.
Sans doute élève du peintre d’histoire Pierre Dulin, ce n’est qu’à 22 ans qu’il décide de se consacrer à la gravure. Il se fait remarquer par ses reproduction des grand maîtres : Sujets de la Vie de Saint Augustin, Louis de Boullogne, à l’église Saint-Louis-des-Invalides, Les Noces de Cana, de Véronèse, des sujets de l’anciens testament.
L’Académie royale de peinture et de sculpture l’agrée, le 26 février 1729, sur la présentation de deux gravures : le Retour de campagne, d’après Watteau, et Jacob apercevant Rachel, d’après François Lemoyne. Le 31 août 1731, après avoir apporté les portraits gravés du peintre Eustache Le Sueur et du sculpteur Jacques Sarazin qui lui avaient été imposés comme morceau de réception, il devient académicien.
Interprète admirable des peintres contemporains, il traduit le style et la couleur même de leurs œuvres dans des planches qu’il commence à l’eau-forte et auxquelles il ajoute quelques accents, d’un burin aussi habile que discret. Il reproduit entre autres l’Amour au théâtre français, l’Amour au théâtre Italien, le Bosquet de Bacchus de Watteau ; le Jeu du pied de bœuf de François de Troy ; la Blanchisseuse, la Fontaine, l’Écureuse, le Garçon cabaretier, de Chardin ; le Colin-maillard de Nicolas Lancret.
Charles-Nicolas Cochin collabore avec de nombreux graveurs à l’illustration de l’Histoire générale de Languedoc de 1730 à 1745 par dom Claude Devic et dom Joseph Vaissète, et de l’Histoire et description de l’Hôtel des Invalides (1736) de Jean-Joseph Granet (1685-1759). Il grave ensuite plusieurs des planches représentant, entre autres, Le sacre de Louis XV et Le Roi prosterné devant l’autel. En 1738, il grave La Lorraine réunie à la France de Nicolas Delobel, où figure le portrait du cardinal de Fleury, œuvre aujourd’hui au musée des beaux-arts de Boston aux États-Unis
À partir de 1744, Charles-Nicolas Cochin se consacre à faire valoir les œuvres de son fils Charles Nicolas Cochin dont les débuts furent précoces et brillants, et il l’aide dans sa tâche écrasante.
C’est ainsi qu’il grave deux planches dessinées par celui-ci à l’occasion des fêtes du premier mariage du Dauphin en 1745 (le Bal paré, le Bal masqué) et collabora aussi à la série des fêtes du second mariage en 1747 (le Jeu tenu par le Roi et la Reine).
Il épouse, le 10 août 1713, Louise-Magdeleine Horthemels, fille d’un libraire de Hollande, dont le frère Frédéric était graveur comme elle, et dont les sœurs avaient épousé respectivement le graveur Nicolas-Henri Tardieu et le peintre Alexis Simon Belle. Elle meurt en 1767. Cochin meurt dans son logement des galeries du Louvre le 7 juillet 1754.
L’œuvre de Cochin père comprend 512 planches tant avant et avec la lettre qu’à l’état d’eau-forte.