Mon amie et artiste engagée, Marie Dernoncourt, a écrit et mis en musique une superbe chanson en hommage au maître, l’artiste peintre Frère Jérôme (1902-1994), intitulée “L’inconscient a pris sa main”. Elle interprète cette chanson avec brio et sensibilité. Marie écrit à ce propos : « La chanson ne romance pas. Cette chanson ne trahit ni l’homme, ni le peintre, ni le pédagogue visionnaire, ni le chercheur spirituel, ni l’éveilleur d’âmes, ni le frère en quête d’absolu, ni celui qui écrivait pour respirer Dieu dans l’abstraction. Elle est un hommage à l’architecture invisible qu’il portait en lui — faite de formes, de silences, de gestes et de feu. Elle condense en poésie ce que d’autres ont dit en critiques, en analyses ou en hommages. Elle est fidèle à l’essence, car elle inclut l’exil, la douleur, la foi, la quête du geste, le refus des formes, et ce souffle plus grand que lui, qu’il a cherché toute sa vie. » Elle écrit encore :
Le “pinceau qui tremble” n’évoque pas une faiblesse, mais une puissance contenue. Il est le symbole du geste contrarié par l’exil, imposé au frère Jérôme après son soutien au “Refus global”. Tremble, non pas la main, mais le monde autour de lui qui tentait de museler la lumière. Ce pinceau devient le prolongement de l’âme qui résiste, qui transforme l’effacement en trace, et le silence en tableau.
Cette œuvre a été conçue avec un profond respect pour son parcours et son essence, en m’appuyant sur cinq grandes phases qui jalonnent à mes yeux sa traversée intérieure :
1. L’épreuve, le doute, l’exil,
2. La souffrance comme matière,
3. Le détachement des formes,
4. L’inconscient comme guide,
5. La phrase du testament, qui vient sceller l’œuvre dans une lumière ultime.
Marie Dernoncourt est auteure-compositrice, vidéaste et créatrice d’univers. Elle est aussi art-thérapeute et critique d’art, « témoin du lien sacré entre la main, la toile… et l’âme ». Française, originaire des montagnes et profondément attachée à la nature et à la simplicité, elle habite actuellement en Belgique. Elle écrit, compose et réalise ses propres montages vidéo que vous pouvez regarder sur la plateforme Youtube. Art-thérapeute, Marie Dernoncourt a consacré les derniers mois à porter la voix de ceux qu’on oublie : nos anciens. Elle recherche actuellement des chanteurs, des chanteuses et des musiciens pour « créer ensemble, vibrer ensemble ». Elle m’écrivait récemment : « Nous vivons dans un monde sans terre et sans lien. Un monde où l’on ne prend plus soin des uns et des autres. Un monde où les plus fragiles sont relégués à l’oubli. Et je me demande parfois : la terre serait-elle devenue un mouroir ? »
La chanson de Marie Dernoncourt est disponible chez Soundcloud, Internet Archive, Amazon Music, Apple Music, Deezer, Spotify, Facebook Audio Library, YouTube Music et ReverbNation.
➽ Frère Jérôme. L’inconscient a pris sa main
[Couplet 1]
J’ai connu l’exil, l’épreuve, le silence,
Les murs des cloîtres portaient mes absences.
On m’a banni pour aimer l’invisible,
Mais la lumière guidait l’indocile.
[Refrain]
Le pinceau tremble, mais le cœur persiste,
Même dans l’ombre, le feu d’un artiste.
À chaque trait, un cri dans la matière,
Un souffle peint pour rompre les frontières.
[Couplet 2]
J’ai fait de la souffrance une alliée,
Chaque douleur, une couleur sacrée.
J’ai détaché les formes du visible,
Pour qu’émerge l’esprit, libre, indicible.
[Refrain]
Le pinceau tremble, mais le cœur persiste,
Même dans l’ombre, le feu d’un artiste.
À chaque trait, un cri dans la matière,
Un souffle peint pour rompre les frontières.
[Pont instrumental]
[Refrain final]
Le geste s’élève, il devient offrande,
Un hymne à la vie, à l’âme qui transcende.
Il lègue au monde sa dernière clarté.
[Outro instrumental]
[Voix parlée]
(voix douce, calme, posée et lente)
Aujourd’hui, ne me dérangez pas,
je suis occupé à mourir.
C’est l’inconscient qui m’a pris la main,
Un chant muet, un chemin sans fin.
Au-delà du cadre et de la norme,
J’ai cherché Dieu sous d’autres formes.









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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).







Entrevue avec le peintre Jean Paul Riopelle en 1968
En 1968, le journaliste Fernand Seguin s’entretient longuement avec l’artiste Jean Paul Riopelle. Il discute des sujets suivants : son enfance, ses débuts en dessin, les influences qu’ont eu les peintres Paul-Émile Borduas et Ozias Leduc sur lui, la formation du groupe des automatistes, ses relations avec les surréalistes européens, le manifeste du «Refus global, les années difficiles avant le succès, les raisons pour lesquelles il habite en France, sa l’expérimentation de la sculpture, de la gravure et de la lithogravure, et les loisirs qu’il aime pratiquer comme la course automobile et la voile.
Source : Le sel de la semaine, 28 octobre 1968
Grâce à Guy Boulianne, le souffle de Frère Jérôme traverse de nouveau notre champ vivant. Ce n’est pas un retour — c’est une présence. Une présence de beauté, d’engagement, de silence habité. Dans un monde trop rapide, trop technique, sa mémoire devient une source, un rappel, un cri doux pour l’âme. Il nous rappelle que l’art n’est pas décor, mais acte spirituel. Merci à ceux qui, comme Guy, redonnent souffle à ce qui ne doit jamais mourir.🎶
Je suis émerveillée par votre texte «L’inconscient a pris sa main» qui est un vibrant hommage au Frère Jérôme. Je viens tout juste de terminer un long travail en lien avec cet homme dont le génie et la dimension échappent encore au monde des arts visuels. Je sais que vous habitez à l’extérieur du Québec. Est-ce quand même possible de communiquer avec vous par courriel ou Zoom. J’aimerais vous entretenir du voulume « Frère Jérôme, le geste libre » dont le lancement aura lieu le jeudi 4 décembre à Montréal.