Je partage avec vous l’homélie que Mgr Carlo Maria Viganò prononça à l’occasion de la fête du Christ-Roi. Il dit entre autres choses : « À la fin des temps, désormais imminente, l’Antéchrist contestera la souveraineté universelle du Christ, cherchant à séduire les hommes par des prodiges et de faux miracles, simulant même sa propre résurrection. Fascinant, séduisant, trompeur, orgueilleux et pharisaïque, l’Antéchrist combattra sans relâche la Sainte Église, persécutant ses ministres et ses fidèles, falsifiant sa doctrine et corrompant son clergé, le transformant en ses serviteurs. Ce que nous voyons se dérouler dans les sphères civiles et religieuses depuis au moins deux siècles, en un crescendo continu, est la préparation de ce plan infernal visant à déposer Notre Seigneur, à le rejeter comme Dieu, Roi et Grand Prêtre, et à piétiner impiement l’Incarnation et l’œuvre de la Rédemption. »
Né le 16 janvier 1941, Carlo Maria Viganò est un archevêque catholique traditionaliste italien qui a été nonce apostolique aux États-Unis de 2011 à 2016 et secrétaire général du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican de 2009 à 2011. Il est connu pour avoir rendu public le scandale de l’affaire des fuites au Vatican (Vatileaks) de 2012, dans lequel il a révélé la corruption financière au Vatican, et une lettre de 2018 accusant le pape François et d’autres dirigeants catholiques d’avoir dissimulé des allégations d’abus sexuels contre l’ancien cardinal Theodore McCarrick. En 2024, Viganò a été accusé de schisme par le Vatican. Il a été déclaré coupable et excommunié.
Viganò a été ordonné prêtre en 1968 et a passé la majeure partie de sa carrière diplomatique au service du Saint-Siège. En tant que prêtre, il a participé à plusieurs missions diplomatiques avant d’être consacré évêque par le pape Jean-Paul II en 1992. Après son sacre, Viganò a poursuivi sa carrière diplomatique, passant six ans comme nonce au Nigéria avant d’être muté à Rome. Viganò a été nommé secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican en 2009, où il a réformé les finances de la Cité et transformé un déficit budgétaire en excédent. Il s’est plaint directement au pape Benoît XVI de corruption financière. La publication non autorisée de deux de ses lettres a conduit au scandale des Vatican Leaks, révélant une mauvaise gestion financière et des irrégularités au Vatican. Il a ensuite été muté au poste de nonce apostolique aux États-Unis en 2011 malgré ses objections. Lors de son séjour aux États-Unis, Viganò s’est forgé une réputation de conservateur en organisant une rencontre controversée entre le pape François et l’ancienne greffière de comté Kim Davis, connue pour son opposition au mariage homosexuel, lors de la visite du pape aux États-Unis en 2015. Un prêtre l’a accusé d’avoir étouffé les allégations d’inconduite sexuelle contre l’archevêque John Clayton Nienstedt, mais il a nié les faits. Le mandat d’ambassadeur de Viganò a pris fin en 2016.
Le 25 août 2018, Viganò a publié une lettre de 11 pages accusant le pape François et de nombreux autres hauts responsables de l’Église d’avoir dissimulé des allégations d’inconduite sexuelle contre McCarrick. Viganò a déclaré que le pape Benoît XVI avait imposé des sanctions à McCarrick en réponse aux accusations portées contre lui, mais que le pape François avait refusé de les appliquer et qu’il avait fait de McCarrick un conseiller important. Viganò a appelé François à démissionner. La lettre a suscité des réactions diverses au sein de l’Église, certains soutenant les allégations et demandant une enquête plus approfondie, tandis que d’autres défendant François, remettant en question les déclarations contenues dans la lettre et attaquant la crédibilité de Viganò.
Après la publication de cette lettre, Viganò a continué à faire des déclarations publiques qui l’alignaient sur des positions politiques. Il a rejeté le concile Vatican II et la messe de Paul VI ; en décembre 2023, il a annoncé son projet de créer un séminaire traditionaliste hors de la juridiction de l’Église. En 2024, il a été accusé de schisme et, après avoir refusé de comparaître à un procès, excommunié. ◼
« Tu es le roi d’Israël, tu es le glorieux rejeton de David, toi, roi béni qui viens au nom du Seigneur. Le chœur céleste en entier te loue au plus haut des cieux ; à lui se joint l’homme mortel et toute la création. » — Théodulf d’Orléans, Gloria, laus et honor
Israël es tu Rex
Homélie à l’occasion de la fête du Christ-Roi
Gloria, laus et honor tibi sit, Rex Christe Redemptor. Au son d’un hymne ancien, chanté le dimanche des Rameaux devant les portes closes de l’église, le cortège du clergé et des fidèles entre solennellement dans la nouvelle Jérusalem, ouvrant ses portes robustes d’un triple coup de croix processionnel. La cérémonie évocatrice du deuxième dimanche de la Passion rappelle l’entrée triomphale de Notre Seigneur dans la Ville Sainte, préfigurée par celle de Salomon (1 Rois 1:32-40). Elle revêt donc un caractère éminemment royal, car par cette prise de possession du Temple, Il est reconnu et loué comme Dieu, comme le Messie et comme le Roi des Juifs : le Christ, Χριστός, l’Oint du Seigneur. Sa Royauté Divine avait déjà été témoignée et honorée par les Rois Mages dans la grotte de Bethléem : avec de l’or pour le Roi des Rois, de l’encens pour le Dieu Vivant et Vrai, de la myrrhe pour le Prêtre et la Victime.
Il y a un peu moins de cent ans, le 11 décembre 1925, le Pontife lombard Pie XI promulguait l’immortelle Encyclique Quas Primas, qui définissait la doctrine de la Royauté universelle de Notre Seigneur Jésus-Christ : Il est Roi parce qu’Il est Dieu, et aussi parce qu’Il est descendant de la lignée royale de la tribu de David, et enfin Il est Roi par droit de conquête par la Rédemption.
L’institution de cette fête n’introduisit, à vrai dire, rien de nouveau. Elle fut instituée par Pie XI pour contrer et combattre le fléau du libéralisme laïc, l’Église libre maçonnique dans un État libre et la présomption insensée d’exclure Jésus-Christ de la société civile. Pie XI ne fut pas le seul à réaffirmer solennellement la doctrine catholique : avant lui, Clément XII, Benoît XIV, Clément XIII, Pie VI, Pie VII, Léon XII, Pie VIII, Grégoire XIV, Pie IX, Léon XIII et saint Pie X avaient sévèrement condamné les loges secrètes, les carbonari, la franc-maçonnerie et toutes les erreurs que les ennemis du Christ avaient propagées et alimentées au cours des deux derniers siècles. Après la grande fracture du protestantisme au XVIe siècle, les trois siècles suivants virent l’Église catholique et l’Anti-Église, c’est-à-dire la franc-maçonnerie, s’affronter dans une série de terribles batailles : d’un côté, le Prince de la Paix et ses armées angéliques et terrestres ; de l’autre, la scelesta turba – la foule maléfique, la foule misérable, incitée par les marchands asservis à Lucifer. Le mythe du « peuple souverain » a enseveli des siècles de civilisation chrétienne sous les ruines de la Révolution, démontrant l’étendue des aberrations auxquelles l’homme a pu se livrer. Les martyrs de ces siècles de violence indicible et de massacres encore impunis nous observent depuis leurs trônes célestes, exigeant justice pour le sang versé. Et par leur silence – presque une nuit noire pour l’Église, à la veille de sa passion –, ils observent avec incrédulité les papes de ces dernières décennies déposer leurs armes spirituelles et coopérer avec les ennemis du Christ. De ces sièges, les Pontifes guerriers nous regardent aussi, eux qui – même au prix de leur vie, comme Pie VI, emprisonné par Napoléon et mourant des affres de la prison – ont affronté de front les attaques les plus féroces contre Dieu, contre la papauté, contre la hiérarchie catholique et contre les fidèles. Si l’histoire n’avait pas été falsifiée par les vainqueurs temporaires de cette guerre – comme c’est encore le cas aujourd’hui – nos enfants étudieraient à l’école non pas la prise de la Bastille, ni les mensonges de l’épopée du Risorgimento, ni les actes de mercenaires conspirateurs ou de ministres corrompus, mais les phases du génocide contre les catholiques des nations autrefois chrétiennes.
Avec l’instauration de la fête du Christ-Roi, l’Église catholique ne put plus compter sur la coopération des souverains catholiques, qui avaient autrefois imposé les principes de l’Évangile et du droit naturel dans les lois civiles et pénales. La première autorité de l’Ancien Régime à tomber fut, en effet, la monarchie de droit divin, qui tire son pouvoir vicaire dans les affaires temporelles de la royauté du Christ. La seconde autorité tomba quelques décennies plus tard, celle des pontifes soumis à la Révolution. Avec la déposition de la tiare papale, Paul VI scella l’abdication du pouvoir du Christ en matière spirituelle et la soumission aux idéologies antichrétiennes et anticatholiques de la Synagogue de Satan. « Nous aussi, plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme » [1], déclara Montini lors de la clôture du Concile Vatican II. Et sous les voûtes de la basilique vaticane, ces mots résonnèrent : « L’Église s’est presque déclarée servante de l’humanité », des mots qui, quelques années plus tôt seulement, auraient scandalisé n’importe quel catholique. Paul VI – et avec lui son prédécesseur Jean XXIII – ont initié le processus de liquidation de l’Église du Christ. Ils portent la responsabilité d’avoir désarmé la Citadelle et d’en avoir ouvert les portes pour mieux accueillir l’ennemi, pour ensuite dénoncer hypocritement que « par une fissure, la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu ». [2] Rien n’a été épargné par cette opération de désarmement : ni la doctrine, ni la morale, ni la liturgie, ni la discipline. Ainsi, même la fête du Christ-Roi a été défigurée, sa date déplacée à la fin de l’année liturgique, prenant une signification eschatologique : le Christ Roi du monde à venir, mais pas des sociétés terrestres. Car la Seigneurie du Verbe incarné aurait représenté un obstacle au dialogue avec « l’homme contemporain » et l’idole de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Les partisans de ce démantèlement suicidaire avaient des raisons de se réjouir qu’on en ait enfin fini avec le triomphalisme post-tridentin d’une Église qui voulait convertir le monde au Christ, et non adapter la Révélation divine à l’anti-évangile de l’anti-Église ; d’une Église qui honorait son Seigneur comme Roi Universel et voulait conduire toutes les âmes à Lui, afin que dans le regnum Christi elles puissent vivre dans la pax Christi.
Scelesta turba clamitat: regnare Christum nolumus [3] – chantons le magnifique hymne de la fête d’aujourd’hui – La foule méchante crie : Nous ne voulons pas que le Christ règne ! Ce blasphème est le cri de guerre des hordes de Lucifer, les fils des ténèbres ; le même cri qui a retenti lorsque l’esprit rebelle et orgueilleux de Satan a vomi son Non serviam. Un cri qui subvertit le divin κόσμος, fondé en Notre Seigneur Jésus-Christ, dans le Dieu qui s’est incarné par obéissance au Père éternel, et qui en obéissance est mort sur la Croix propter nos homines et propter nostram salutem.
À la fin des temps, désormais imminente, l’Antéchrist contestera la souveraineté universelle du Christ, cherchant à séduire les hommes par des prodiges et de faux miracles, simulant même sa propre résurrection. Fascinant, séduisant, trompeur, orgueilleux et pharisaïque, l’Antéchrist combattra sans relâche la Sainte Église, persécutant ses ministres et ses fidèles, falsifiant sa doctrine et corrompant son clergé, le transformant en ses serviteurs. Ce que nous voyons se dérouler dans les sphères civiles et religieuses depuis au moins deux siècles, en un crescendo continu, est la préparation de ce plan infernal visant à déposer Notre Seigneur, à le rejeter comme Dieu, Roi et Grand Prêtre, et à piétiner impiement l’Incarnation et l’œuvre de la Rédemption.
Avec la fête du Christ-Roi, nous coopérons au rétablissement de l’ordre, du κόσμος divin contre le χαός infernal. Nous rendons au Christ la couronne qui lui appartient déjà, le sceptre que la Révolution lui a arraché. Non pas qu’il nous appartienne de rendre possible le rétablissement de l’ordre – un ordre dont Notre Seigneur sera le seul artisan – mais parce qu’il est impossible de participer à ce rétablissement sans notre propre contribution.
Lors de la première venue du Sauveur, le royaume d’Israël et le Temple n’avaient ni roi ni grand-prêtre légitimes : l’autorité civile et religieuse était détenue par des personnages nommés par l’empereur. Lors de la seconde venue, à la fin du monde, cette vacance d’autorité sera encore plus évidente, car Notre Seigneur restaurera toutes choses en lui-même – Instaurare omnia in Christo (Ephésiens 1:10) – à un moment historique où le Mal dominera tous les domaines de la vie quotidienne, toutes les institutions, toutes les sociétés. Et son triomphe sera une victoire triomphale, écrasante, totale et inexorable sur tous les mensonges et les crimes de l’Antéchrist et de la Synagogue de Satan.
Faisons nôtre la prière de l’hymne Te sæculorum Principem :
O Christ, Prince porteur de paix,
Soumets les esprits rebelles ;
Ceux qui s’éloignent de ton amour,
Ramène-les dans l’unique bercail.
Ô Christ, Prince qui apporte la vraie Paix, soumets les esprits rebelles et rassemble en un seul troupeau tous ceux qui se sont éloignés de ton amour. Qu’il en soit ainsi.

26 octobre 2025
D.NJC
20e dimanche du Roi après la Pentecôte, le dernier d’octobre
NOTES :
- Epilogue du Concile Œcuménique Vatican II : « Discours du pape Paul VI lors de la dernière assemblée générale du Concile Vatican II » (7 décembre 1965).
- Vatican : « Homélie de Paul VI ». Solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul, 29 juin 1972.
- Hymne Te sæculorum Principem pour la fête du Christ-Roi.
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).






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