Je vous présente le téléfilm français du réalisateur Pierre Badel, intitulé “Jeanne d’Arc, le pouvoir de l’innocence”. Ce téléfilm en trois parties de 80 minutes, créé par Jean-François Griblin et Pierre Moinot d’après le livre de celui-ci (Jeanne d’Arc, le pouvoir et l’innocence) a été diffusé à partir du 7 septembre 1989 sur Antenne 2. Il raconte l’histoire des dernières années de Jeanne d’Arc de 1428 à 1431. Nous lisons sur le site d’Hervé Dumont “Encyclopédie du film d’Histoire” :
Vétéran de la dramatique, spécialisé dans Molière, Beaumarchais et Musset, Pierre Badel est chargé d’une véritable superproduction pour petit écran, une télésuite de prestige en trois parties pour laquelle la Société française de production a réuni un budget enviable de 44 millions de francs et des centaines de figurants. Le projet circulait depuis huit ans dans les couloirs des chaînes de télévision françaises : en 1980, le romancier Pierre Moinot, de l’Académie française, et Jean-François Griblin rédigent un premier scénario de six heures destiné à Serge Moati à TF1 (1982), puis à Marcel Bluwal et à d’autres jusqu’en 1987. Las d’attendre un hypothétique passage à l’écran, Pierre Moinot transforme alors son scénario en livre qui paraît chez Flammarion, “Jeanne d’Arc, le pouvoir et l’innocence” (1988). L’ouvrage retient l’attention du patron d’Antenne 2, Claude Contamine, dont le frère Philippe dirige l’Institut Jeanne d’Arc à Orléans. Le scénario devant être ramené à 4h30, on fait l’impasse sur l’enfance de la petite bergère de Lorraine. Assisté de Didier Albert pour la seconde équipe, Badel tourne la prise d’Orléans à Carcassonne, le supplice de Jeanne, le sacre et d’autres scènes à Bourges (place Étienne Dolet, la cathédrale, palais Jaque-Coeur, rue des Trois Maillets), on filme en couleurs aux châteaux de Pierrefonds, d’Angers et du Haut-Koenigsbourg, puis, pour le procès, dans les nouveaux studios de la SFP à Brie-sur-Marne.
C’est Cécile Magnet, 30 ans, plutôt gaie, d’un tempérament fougueux et exigeant, qui décroche le grand rôle ; elle a fait ses débuts en 1975 dans “Å nous les petites Anglaises” (ce qui ne manque pas de piquant !) et est dotée d’une solide expérience théâtrale (de boulevard) et télévisuelle. Sa Pucelle plutôt garçonne n’est ni prude ni pimbêche, parfois naïve mais jamais sotte ; elle aime la compagnie des hommes et a un rapport simple avec eux (« sa vie était bien trop passionnante pour penser au sexe », estime Griblin). Badel, qui veut « une Jeanne de tous les jours », insiste sur sa puissance de persuasion politique, sa rudesse de fantassin, elle qui portait une armure de 30 kilos et dirigeait six mille soldats. Son propos n’est toutefois pas d’engager une quelconque polémique sur l’action historique de la libératrice d’Orléans, sur sa sainteté ou ses rapports avec les autorités, mais seulement de dresser le constat d’une période tourmentée. Son téléfilm, sobre, d’honnête facture, manque hélas de hardiesse, et son imagerie d’épinal, jamais iconoclaste, irrite les partisans d’une Jeanne politicienne manipulée par son entourage. Un film sans point de vue : la légende y est restituée intacte avec, pour seul rajout, ce rêve prophétique qu’aurait eu le dauphin la veille de la visite de Jeanne et que cette dernière lui relate ensuite pour lui prouver qu’elle a bien reçu commandement de Messire Dieu. C’est un peu maigre pour trois soirées d’histoire de France, malgré l’emphase subtilement dosée de Cécile Magnet et une mémorable composition de Raymond Pellegrin en Cauchon.
➽ L’épopée miraculeuse de Sainte Jeanne d’Arc et l’épisode de la triple donation
Un jour, la Pucelle a demandé au roi de lui faire un présent. Cette prière fut aussitôt agréée. Jeanne ne demanda rien de moins que le royaume de France. Le roi, étonné, fit le cadeau après un instant de réflexions. Jeanne l’accepta, et s’en fit faire, par les quatre secrétaires du roi, une charte dont il fut donné une lecture solennelle. Le roi en était un peu ébahi, et Jeanne, en le montrant à l’assistance, tint ce propos : « Voilà le plus pauvre chevalier de son royaume ! » Presqu’en même temps, par-devant les mêmes notaires, elle livra au Dieu tout-puissant le royaume de France qu’elle venait de recevoir en don. Puis, au bout d’un instant, obéissant à un ordre de Dieu, elle investit le roi Charles du royaume de France ; et de tout cela elle fit dresser un acte solennel.
Le 21 juin 1429, à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, Jehanne dit à Charles : « Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? » Le Roi hésite, puis consent. « Sire, donnez-moi votre royaume ». Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille : « Jehanne, je vous donne mon royaume ». (1ère Donation) Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi ; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu’il avait fait : « Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien ». Puis aussitôt après, s’adressant aux secrétaires : « Écrivez : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ ». (2ème Donation) Et bientôt après : « Jésus rend le royaume à Charles ». (3ème Donation)
Il n’y a pas à se méprendre sur la date et le caractère d’un tel témoignage. Il a été écrit à Rome, aussitôt après qu’on apprit dans cette ville la nouvelle de la délivrance d’Orléans, et avant qu’on y sût le sacre du roi à Reims, c’est-à-dire dans l’été de l’année 1429. (Léopold Delisle, 1885)
Nous lisons dans un article publié sur le site internet Catholiques de France, le 12 mai 2023 : « Cette Triple Donation annula littéralement le Traité de Troyes plus que ne le fera le Sacre de Charles VII le mois suivant. Elle avait aussi pour objectif de rappeler que le vrai Roi de France, c’est le Christ lui-même, le Christ Roi de France. Nos Rois depuis Clovis ne sont que ses Lieutenants. Jeanne, dont le village natal a pour nom Domrémy, en référence justement à Saint Rémi dont il est consacré, avait bel et bien pour mission de rappeler la vocation divine de la France en plus de la sauver. »
Le film “Jeanne d’Arc” (Joan of Arc) réalisé par Victor Fleming en 1948, avec Ingrid Bergman.
➽ Synopsis du téléfilm : Jeanne d’Arc, le pouvoir et l’innocence
Première partie
Jeanne d’Arc, une jeune paysanne originaire de Lorraine, demande avec insistance à Robert de Baudricourt, seigneur de Vaucouleurs, de lui fournir une escorte pour l’amener à Chinon, où réside le roi Charles VII, afin que celui-ci lui confie son armée avec laquelle elle délivrera Orléans assiégée par les Anglais. Ses voix, dit-elle, le lui commande.
D’abord très sceptique, Baudricourt finit par accepter. Après un voyage périlleux, Jeanne et son escorte parviennent à Chinon où elle est admise finalement au palais du roi. Elle reconnaît Charles VII parmi les courtisans et parvient à le convaincre qu’elle a bien été envoyée par Dieu pour l’aider à défendre son royaume.
Deuxième partie
D’abord peu enclins à se voir commander par une bergère, les compagnons de guerre de Jeanne d’Arc (La Hire, Gilles de Rais, le duc d’Alençon) finissent vite par l’accepter. Grâce à sa fougue, Jeanne parvient à libérer Orléans puis à s’emparer d’Auxerre, de Troyes et de Châlons. Elle convainc Charles VII de se faire couronner à Reims. Au grand dam de Jeanne, le roi, sous le conseil de La Trémoïlle et de Regnaut de Chartres, signe ensuite une trêve avec les Anglais par l’entremise du duc de Bourgogne. En 1430, Jeanne apprend que Compiègne est assiégée par les Bourguignons. Elle décide de s’y rendre sans l’autorisation du roi.
Troisième partie
Venue à l’aide de Compiègne, Jeanne est faite prisonnière par les Bourguignons. Le duc de Bourgogne, qui juge que la Pucelle nuit à sa politique, la vend aux Anglais. L’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, est chargé d’organiser son procès à Rouen, où elle est incarcérée. Il tente alors de démontrer qu’elle est en réalité au service du diable. Reconnue coupable, Jeanne est condamnée au bûcher.
« Et s’il peut sembler un moment que triomphent l’iniquité, le mensonge et la corruption, il vous suffira de faire silence quelques instants et de lever les yeux au ciel, pour imaginer les légions de Jeanne d’Arc qui reviennent, bannières déployées, pour sauver la patrie et sauver la foi. » — S.S. le Pape Pie XII, le 25 juin 1956
Jeanne d’Arc et la Triple Donation, à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire : Dernier paragraphe du Collectarium historiarum, manuscrit de 1429 conservé à l’Université de Salamanque (Ms. 2518), signé par le dominicain Jean Dupuy, inquisiteur de la province de Toulouse. — [BH. Manuscritos]
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).









