De la « Riviera du Moyen-Orient » de Trump au projet « Gaza 2035 » de Netanyahou. La voie est pavée vers le projet NEOM et le Grand Israël

Le 25 février dernier, Donald Trump a publié sur son réseau social Truth Social une vidéo dégoûtante qui montre ce qu’il imagine pour la reconstruction de Gaza, « vidé de sa population ». Dans ce clip de 33 secondes intitulé « Gaza 2025-What’s next ? », on y voit des images de Gaza sous l’égide du magnat de l’immobilier : des enfants émergent d’un paysage en ruines sur une plage bordée de gratte-ciel, Elon Musk dégustant une glace, des billets de banque volant dans les air, des danseuses du ventre à barbes… Et Trump est omniprésent, avec une statue géante à son effigie et un palace nommé « Trump Gaza », le tout sur une musique vantant “Trump Gaza-Number One”. Visiblement réalisée avec des outils d’intelligence artificielle, la vidéo semble mettre en images le plan présenté début février par le président américain qui passerait par une prise de contrôle par les États-Unis du territoire, dévasté par plus de 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et par le déplacement de ses 2,4 millions d’habitants en Jordanie et en Égypte. M. Trump avait dit vouloir faire de ce territoire, dont la reconstruction est estimée à plus de 53 milliards de dollars par les Nations Unies, la « Riviera du Moyen-Orient ».

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Aux yeux de Rex Brynen, professeur de science politique à l’Université McGill, Donald Trump est un être « dépourvu d’empathie, qui ne peut pas comprendre que l’identité nationale […] compte beaucoup pour la plupart des gens. Pour lui, qu’il s’agisse du Groenland ou de Gaza, la terre n’est qu’une chose, une opportunité économique ou stratégique, et la puissance américaine est tout ce qui compte. La vie des habitants lui importe peu. » Le couvert de l’« action humanitaire » visant à améliorer la qualité de vie des Palestiniens n’est qu’un mirage, selon Ruby Dagher, professeure à l’Université d’Ottawa et experte du Moyen-Orient. On assisterait plutôt à un « stratagème pour [les] faire sortir » de la bande de Gaza. En agissant de la sorte, M. Trump s’aligne avec les positions les plus radicales du premier ministre israélien, croit Sami Aoun, professeur émérite à l’Université de Sherbrooke et directeur de l’Observatoire sur le Moyen-Orient. L’objectif est donc de « priver les Palestiniens d’une entité territoriale », un élément indispensable à l’atteinte du statut d’État. En effet, Donald Trump a opéré un rapprochement drastique entre les Etats-Unis et Israël. Alors que les deux pays étaient déjà très proches, le nouveau président américain semble avoir donné un blanc-seing à Tel-Aviv, au point que Benyamin Netanyahou a affirmé avoir une « stratégie commune » avec la Maison-Blanche sur l’avenir de Gaza. Le Premier ministre israélien s’est même félicité d’avoir le « soutien total » de Donald Trump.

Et quelle peut bien être cette « stratégie commune » ? Il s’agit du projet « Gaza 2035 », exposé dans un document largement diffusé intitulé « De la crise à la prospérité – Plan pour la transformation de la bande de Gaza » Ce document montre les plans du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour réaménager Gaza suite au conflit en cours qui a vu la majorité des bâtiments de la région endommagés par les frappes israéliennes. Dans le rapport intérimaire d’évaluation des dommages dans la bande de Gaza publié en 2024, les Nations Unies ont estimé qu’à la fin janvier 2024, 62 % de toutes les habitations avaient été endommagées ou détruites, ainsi que 84 % des établissements de santé et 56 écoles. L’attaque israélienne contre Gaza a été largement condamnée par la communauté internationale. Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a prononcé un discours lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, durant lequel elle a déclaré sans équivoque qu’il y avait des « motifs raisonnables » de croire qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens de Gaza.

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La vision de « Gaza 2035 » de Benyamin Netanyahou fut révélée une première fois en mai 2024 par le journal israélien The Jerusalem Post et la chaîne de télévision Al Jazeera. Le document donne un aperçu des plans visant à transformer Gaza, considérée par l’ONU comme illégalement occupée par Israël, en un centre commercial régional après la guerre entre Israël et Gaza. « Gaza a prospéré dans le passé en tant que carrefour entre deux anciennes routes commerciales : la route maritime et la route des parfums », peut-on lire dans une version traduite du document. « Elle peut revenir et prospérer au centre d’une architecture régionale modérée. » Le plan prévoit un plan en quatre étapes qui commence par le démantèlement du Hamas, suivi d’une période d’aide humanitaire, de reconstruction et d’autonomie. Dans la phase de reconstruction, le plan prévoit l’enlèvement des décombres suivi de la construction de villes « modernes » « à partir de zéro ». Les rendus contenus dans le document montrent une ville futuriste avec de nombreux gratte-ciels vitrés entourés de verdure luxuriante et de terres agricoles.

Malgré une forte opposition internationale, cette « vision » a l’aval de Donald Trump, alors que les Palestiniens de Gaza retrouvent à peine le chemin de leurs lieux de vie, en grande majorité détruits par plus d’un an de conflit et d’intenses bombardements. Un vrai « doigt d’honneur au droit international », selon Jean-François Corty, président de Médecins du monde et chercheur associé à l’Iris.

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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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[…] 3 mars dernier, Je partageais avec vous une vidéo dégoûtante que Donald Trump avait publié sur son réseau social Truth […]

Stéphane Guay

Merci un autre très bon article.
On ne lâche pas. Il n’y a que la vérité qui est importante.

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