Dr Horacio Arruda : « Le plus grand danger d’un scientifique, c’est d’avoir un doute. Quand vous avez la vérité, méfiez-vous. »

PAR GUY BOULIANNE : Il est très clair à mes yeux que le Directeur de la santé publique chargé de la lutte à la pandémie de Covid-19 au Québec, Dr Horacio Arruda, se trouve dans une sorte de délire fiévreux dans lequel les mots sortant de sa bouche se bousculent pour ne former qu’un amas d’incohérences pouvant nuire à l’avancée de la science, au bien-être et à la sécurité de la population. Voici ce qu’il disait lors de son point de presse du 7 mai dernier (à 38:10 minutes) :

« Il n’y a pas de vérité. Moi, je vais vous dire une chose, là, il y a beaucoup d’experts actuellement qui parlent, puis le plus grand danger d’un scientifique, c’est d’avoir un doute. Quand vous avez la vérité, méfiez-vous parce que, là, vous… surtout dans une maladie, donc, un microbe qui est la plus grande pandémie qu’on a jamais vécue, avec des millions de tonnes d’information. Ça fait que, quelque part, vous pouvez nous demander d’être parfaits puis d’avoir la vérité, mais je serais incapable de vous le dire. À chaque fois, à chaque jour, c’est un jugement sur la situation qu’on fait, avec le feed-back de la population. Et, je vous le dis, les gérants d’estrade, des personnes qui disent que c’est ça qui devrait être fait, il y en a plein. C’est normal puis ça fait partie de la nature. Mais méfiez-vous des gens qui ont la vérité. Moi, je peux vous dire que les plus grands scientifiques de ce monde ont déjà dit qu’ils ne savaient pas encore ce que c’était. »

Les deux phrases prononcées par le Dr. Arruda : « Le plus grand danger d’un scientifique, c’est d’avoir un doute » et « Quand vous avez la vérité, méfiez-vous » sont antinomiques [1] et se contredisent l’une et l’autre. De plus, est-ce que cela signifie qu’au jour où le Dr. Arruda nous arrivera avec une solution, c’est-à-dire avec une vérité, il nous faudra se méfier de lui ?! Les propos du Directeur de la santé publique sont incompréhensibles et fortement teintés de confusion. Ils contredisent tout ce qui se dit dans les milieux scientifiques. Le 24 septembre 2011, Le Monde annonçait une découverte concernant les particules qui peuvent voyager plus vite que la lumière. Le journal titrait son article comme suit : « Le doute scientifique, une attitude exemplaire ».

Selon Jorge Wagensberg (physicien de l’infiniment petit et directeur du musée des sciences de Barcelone), au cours de la « mise en doute », du questionnement incessant, « le doute se désagrège par collision directe avec la réalité de ce monde ». C’est le « doute méthodique » cher à Descartes qui débouche sur l’établissement de faits, avérés et véridiques, au moment où ils sont rendus publics. Ce qui ne veut pas dire pour autant que ces nouveaux éléments de la connaissance soient définitivement acquis. [2] Pour André Bellon (polytechnicien, président de l’Association pour une Constituante), « la science ne peut retrouver son sens profond que dans la régénération du doute ». [3]

Richard Feynman, génie extraordinaire et Prix Nobel de Physique en 1965, défendait la primauté du doute et le voyait non pas comme une faiblesse de notre capacité à savoir mais comme l’essence de toute connaissance. Pour lui l’alternative à l’incertitude est l’autoritarisme, contre lequel la science s’est battue pendant des siècles. Ce n’est qu’en comprenant et intégrant la notion d’incertitude que les gens peuvent espérer évaluer les multiples assertions dont on les bombarde jour après jour. La capacité de rester sceptique, de douter raisonnablement de la réalité de tout résultat, d’accepter de remettre en cause n’importe quel paradigme au vu d’éléments nouveaux est l’essence même de la démarche scientifique au sens large. [4]

Lors d’un discours prononcé lors de la Séance solennelle de rentrée des cinq Académies 2010, Anne Fagot-Largeault affirmait que « le monde de la recherche est un espace de liberté intellectuelle, où toutes les idées, conjectures, hypothèses, même les plus farfelues, ont droit de cité, à condition que, au cas où elles seraient fausses, elles soient réfutables. » Elle poursuit plus loin : « Dépendant d’un contexte scientifique évolutif, même une solide vérité scientifique, une “loi de la nature”, peut se trouver relativisée dans un contexte plus large. Il reste toujours l’ombre d’un doute. » [5] Dans un article intitulé “Renoncer au doute, c’est renoncer à la science” [6], le Pr. Didier Raoult écrivait :

« Toutes les théories scientifiques sont mortelles, le devoir des scientifiques est de continuer à manier le doute et la critique, mais cela nécessite un investissement permanent. Il est beaucoup plus difficile d’être dans le doute lorsqu’on est soumis à la pression simplificatrice et normalisatrice de la communication et de la politique. La remise en cause des dogmes dominants ne doit pas aboutir, comme dans les études de genre, à créer un nouveau dogme. »


Le Dr Horacio Arruda: hors contexte scientifique

Un peu plus tôt lors du point de presse du 7 mai dernier à la Salle Evelyn-Dumas de l’édifice Pamphile-Le May, le Dr Horacio Arruda disait étrangement (à 37:38 minutes) :

« On va avoir des révolutions. Il y a de la violence qui se passe actuellement. Il y a peut-être même des parents, des très bons parents qui, en étant enfermés, n’en peuvent plus avec les enfants, auraient juste le goût de … de … de [hésitations] … de les brasser un peu physiquement. Et ça arrive, ça. On sait que ça arrive. C’est reconnu dans la littérature. Les gens d’un certain âge qui sont confinés trop longtemps, le cerveau leur atrophie. Il y a des études qui démontrent, là, si on fait des CAT scans, que, s’ils ne sont pas stimulés, ils perdent leur autonomie. »

C’est ici que Arruda touche au ridicule, en faisant des amalgames simplistes et en se positionnant à mille lieues du champ scientifique. Quelle est donc cette idée aberrante de faire le rapprochement entre la violence parentale et l’atrophie cérébrale des personnes vieillissantes ?! Arruda dit n’importe quoi. Il ne parle pas en tant que scientifique, mais en tant que simple propagandiste d’une idéologie malsaine.

Voici ce que les vrais scientifiques ont à dire au sujet du vieillissement et de l’atrophie cérébrale. Selon les professeurs François Escourolle, J.J. Hauw et Charles Duyckaerts,  « contrairement à une idée reçue, les modifications histologiques du cerveau dues à l’âge sont encore mal connues : il est en effet difficile de distinguer ce qui ne relève que du vieillissement, de ce que l’on peut considérer comme pathologique. » [7] Pour la Facultés de Médecine de Toulouse, « rien ne prouve que le vieillissement soit la cause de cette atrophie. Il s’agit peut être d’une erreur d’interprétation car cette régression résulte la plupart du temps d’une pathologie neurodégénérative qui s’installe. Par exemple, la maladie d’Alzheimer touche un patient sur quatre, voire trois, à l’âge de 90 ans, et 40 % des nonagénaires sont déments. » [8]

Le vieillissement normal s’accompagne d’une diminution modérée du volume du cerveau (atrophie). Mais un taux d’atrophie important. est associé à des maladies comme Alzheimer. Plus il y aurait de cellules du cerveau disponibles, plus on serait protégé. D’où l’idée d’essayer de limiter la perte cérébrale pour prévenir la maladie. [9] L’effet macroscopique principal que l’on observe chez les patients atteints d’Alzheimer est une atrophie du cortex, cette fine couche de matière grise qui se replie sur elle-même pour former les circonvolutions si apparentes du cerveau. Une dégénérescence essentiellement corticale donc, qui n’atteint pas d’autres structures cérébrales sous-corticales, comme dans le cas des maladies de Parkinson ou de Huntington. [10]

Représentation schématique d’une coupe transversale de cerveau sain (à gauche) et l’atrophie massive d’un cerveau à un stade avancé d’Alzheimer (à droite).
Représentation schématique d’une coupe transversale de cerveau sain (à gauche) et l’atrophie massive d’un cerveau à un stade avancé d’Alzheimer (à droite). Source : National Institute on Aging, National Institutes of Health.

Le Dr Horacio Arruda: sur la voie de l’autoritarisme

Mona Nemer, Scientifique en chef du Canada
Mona Nemer, Scientifique en chef du Canada

Le Dr Arruda a répondu avec verve en point de presse, jeudi, à des critiques de Mona Nemer [11], conseillère scientifique en chef du premier ministre du Canada. Dans un entretien à Radio-Canada, celle-ci avait dénoncé la “mauvaise planification” dans la stratégie de dépistage de Québec. « Écoutez, je ne répondrai pas à madame, compte tenu que je considère que je n’ai pas à rendre de comptes à cette dame, mais à la population du Québec, ça, oui, puis à mes autorités », a lancé le Dr Arruda, visiblement agacé.

Dans des échanges avec La Presse, la Dre Nemer a précisé ses propos. « Je ne critique pas la stratégie québécoise, d’abord parce que je ne l’ai jamais vue, est-ce qu’elle est publique ? […] Seulement, j’essayais de comprendre où se trouve le problème qui expliquerait la différence entre le nombre de tests visés et le nombre de tests réalisés sur le terrain », a-t-elle affirmé. « Je me serais attendue à voir un plan, mais je n’ai jamais vu de plan. Et pourtant, je l’ai demandé plusieurs fois », a soutenu Mme Nemer à Radio-Canada. À La Presse, la Dre Nemer a précisé n’avoir jamais été en contact avec le Dr Arruda, mais avec le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion. Les critiques de Mona Nemer rejoignent celles de nombreux experts au cours des derniers jours. Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, avait aussi dit attendre un plan du gouvernement Legault concernant le dépistage. [12]

Le journaliste François Cardinal écrit dans La Presse : « L’impatience qu’il a manifestée en point de presse, d’abord contre les soi-disant « experts » et ensuite contre la conseillère scientifique en chef du premier ministre Trudeau, dépasse la simple saute d’humeur. Car cette impatience l’a mené sur un terrain glissant : celui du décideur qui décide que ses décisions n’ont pas à être contestées. » Il accueille les commentaires de « la population du Québec »… mais pas ceux de tous ces « experts qui parlent ». Ceux dont il faudrait donc se « méfier ».

François Cardinal ajoute : « Entendons-nous. Personne ne demande à M. Arruda « d’être parfait puis d’avoir la vérité », comme il l’a dit jeudi. On lui demande simplement de continuer de faire preuve de transparence et de répondre aux questions que ses décisions, et parfois ses volte-face, peuvent susciter. Surtout quand il y a de plus en plus de flou et de mou, comme c’est actuellement le cas. » [13]

En tant que GARDIEN (Goalkeeper) des Objectifs de développement durable, le Dr Horacio Arruda n’a qu’une seule idée en tête, celle de « perdre du temps » pour « donner du temps » à son chef Bill Gates afin de lui permettre d’entreprendre la vaccination globale par l’intermédiaire de l’alliance ID2020 (AccentureGavi, the Vaccine AllianceRockefeller FoundationMicrosoftIDEO.org), une organisation non gouvernementale qui fournira une identité numérique à tous, un objectif de développement durable défini, incluant 1,5 milliard de personnes vivant sans aucune forme d’identification reconnue.

Un capteur sera alors implémenté dans le corps de chaque individu afin de détecter l’activité corporelle de l’utilisateur. Le brevet de ce dispositif a été enregistré le 26 mars dernier par Microsoft sous le numéro WO/2020/060606 (World Order | 2020 | 666). Tout est déjà planifié.

J’y reviendrai dans un prochain article.

« La transparence devra être à la hauteur des sacrifices demandés. »

Paul Journet


RÉFÉRENCES :

NOTES :

  1. ANTINOMIE : Nom féminin, qui vient du grec ancien « ἀντινομία » (« antinomía »). Contradiction entre deux propositions de significations opposées ; plus spécialement, entre deux idées générales (ou abstractions) issues de la réalité. (Dictionnaire Larousse)
  2. Denis Sergent : Le doute est une valeur scientifique. La Croix, 15 octobre 2001.
  3. André Bellon : Je ne doute pas, donc je ne pense pas. Sciences Critiques, 14 février 2018.
  4. Vincent Verschoore : Le contexte scientifique du doute. Agoravox, 13 octobre 2011.
  5. Anne Fagot-Largeault : Doute et recherche scientifique. Séance solennelle de rentrée des cinq Académies 2010. Institut de France, sur le thème : “Le doute”.
  6. Didier Raoult : Renoncer au doute, c’est renoncer à la science. Le Point, 28 avril 2016.
  7. François Escourolle, J.J. Hauw et Charles Duyckaerts : Neuropathologie du vieillissement cérébral. Gérontologie et société 2001/2 (vol. 24 / n° 97), pp. 19-31.
  8. Facultés de Médecine de Toulouse : Neuroanatomie, neurophysiologie et neuropathologie du vieillissement. DIU Alzheimer « cours du 04 Novembre 2016 ». page 46.
  9. La Rédaction : Comment empêcher votre cerveau de rétrécir. LaNutrition.fr, 24 mars 2016.
  10. Bruno Dubuc : L’atrophie corticale de Alzheimer (Le Cerveau à tous les Niveaux). Centre de recherche de l’Hôpital Douglas en collaboration avec le Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies. université McGill.
  11. Le 26 septembre 2017, Mona Nemer est nommée Scientifique en chef du Canada par le premier ministre Justin Trudeau. Elle est membre du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19.
  12. Gabriel Béland; Philippe Mercure : Arruda s’en prend aux «gérants d’estrade». La Presse, 8 mai 2020.
  13. François Cardinal : À la défense des «gérants d’estrade». La Presse, 9 mai 2020.
Sylviane Faigel
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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Sylviane

Pierre je n’aurais pas osé l’écrire, merci pour votre clairvoyance et votre courage !

Pierre

Je n’ai jamais aimé ce type, on se demande même, vu ses faibles capacités intellectuelles, s’il n’est pas devenu docteur à cause d’un programme quelconque de discrimination positive. Ce n’est pas un gars de chez nous, c’est un latino, il maîtrise mal le français et ne pense pas comme un Canadien français. Il n’est pas à la hauteur de la tâche, c’est évident. C’est Charest qui l’a parachuté à son poste, en sachant très bien tout le mal qu’il pourrait faire. En tant que minorité visible,Arruda doit probablement haïr les Québécois de souche. La diversité est un vrai désastre, on fait venir ici des populations à qui on a fait croire que les Blancs sont responsables de tous les malheurs du monde. Ils nous haïssent et veulent nous remplacer. C’est bien joué. Je me demande qui est derrière tout cela. On est en plein dans une guerre raciale, et si on ne se réveille pas, je ne donne pas cher pour notre peau..

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