Après les ordonnances édictées par Louis XIV en 1661 et en 1663 pour rechercher les usurpateurs de noblesse afin d’éliminer les faux nobles des rôles de la noblesse et les forcer à payer l’impôt comme les roturiers, il y eut de vastes enquêtes dans tout le Royaume, doublées d’une révision générale des feux, province par province, en vue d’un recensement complet de tous les contribuables potentiels. En Dauphiné, des juristes et historiens comme Nicolas Chorier et Guy Allard furent mandatés pour participer à ces recherches.
Guy Allard établit un « Document Nobiliaire Universel de Généalogies Dauphinoises », dont il reste un manuscrit de sa main, écrit vers 1666-1667, non consultable vu son état, mais conservé sur microfilm à la bibliothèque de Grenoble ; les généalogies de nos deux familles en sont extraites.
Allard ne remonte toutefois pas plus haut que l’anoblissement de 1446 par le Dauphin Louis (ou plutôt l’hommage rendu à Louis II par nos ancêtres), ce qui semble avoir accrédité la légende selon laquelle le futur Louis XI fut sauvé par les deux bûcherons.
Dans le cadre de ces enquêtes voulues par Louis XIV, il faut inscrire l’« Inventaire des Titres de Noblesse » commencé par François Marcelier en 1699 et poursuivi jusqu’en 1715 par Claude Morin et François de Vaux, qui en 35 volumes répertorie, énumère et résume tous les documents concernant la noblesse Dauphinoise contenus dans les archives – caisses, armoires ou placards – de la Cour des Comptes de Grenoble.
Quant à l’« Inventaire de Production » et au certificat de noblesse, ils furent remis aux intéressés sur leur requête après une nouvelle tentative de leurs communautés pour les imposer. Un inventaire de production est, comme son nom l’indique, la reconnaissance officielle d’un dossier formé de tous les actes publics et privés, arrêts et ordonnances, où les ancêtres des requérants ont été qualifiés de nobles. La requête de maintien dans la noblesse, accompagnée de toutes les pièces justificatives, était transmise à la Cour des Comptes qui, après examen, délivrait un certificat de noblesse et d’exemption. Le processus était très long et très coûteux, c’est pourquoi les membres d’une même famille se regroupaient pour obtenir la copie de ce certificat. Cet inventaire de production contient, en plus de la mention d’un nombre impressionnant de contrats de mariages et de testaments sur lesquels appuyer les arbres généalogiques, le texte des principaux arrêts de maintien dans la noblesse.
L’« Inventaire de Production » délivré à Esprit de Bouillane lui a servi non seulement à être exempté des tailles à Crupies mais à obtenir que son fils Etienne soit accepté comme apprenti chez un maître verrier en 1723, la preuve de noblesse en étant une condition obligatoire. Etienne, devenu sieur de La Coste, utilisera ce même inventaire de production pour justifier la noblesse de son fils aîné devant le Syndicat des Verriers de Provence.
L’inventaire est longtemps resté dans les papiers de la famille de Bouillane de Lacoste avant de passer, après succession et déménagement, dans les archives familiales de Christine Soubeyran-Morin, au Poët-Laval.
💛 😁 Vous avez apprécié cet article ? Je vous remercie de m’offrir un café. 😃 💛VEUILLEZ NOTER : Les commentaires des lecteurs et lectrices peuvent être approuvés ou non, à ma seule discrétion et sans préavis. Merci de votre compréhension. — Guy Boulianne
En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).