D’après la légende adoptée par Guy Allard, Albert du Boys, la Mosaïque du Midi, l’Armoriai du Dauphiné et l’Annuaire de la noblesse, deux bûcherons de la vallée de Quint, François Bouillane et Michel Richaud, sauvèrent d’une mort certaine un des princes souverains de Dauphiné, à la chasse dans la forêt de Malatra, sur les pentes d’Ambel. Les uns l’appellent simplement un Dauphin et les autres Louis, fils de Charles VII, plus tard, Louis XI. Quoi qu’il en soit de l’identité du chasseur, il se trouva soudain séparé de sa suite et poursuivi par un ours énorme.
« L’animal, blessé dans le flanc, cherchait à grimper le long d’une cheminée de rochers et il n’était plus qu’à une faible distance de son agresseur, en face d’un gouffre béant, quand les deux charbonniers arrivèrent, armés de leurs grandes haches. Bouillane frappa l’ours par derrière et lui coupa la jambe; puis il n’eut, ainsi que Richaud, que le temps de se mettre par côté, et l’animal féroce, ne pouvant plus se soutenir, descendit en roulant le long du rocher. Mais, arrivé en bas, il se débattait encore, en mugissant, quand Richaud s’approcha courageusement et lui asséna sur la tête un coup si violent qu’il l’étendit mort à ses pieds » (Rodolphe de Francon ou une conversion au XVIe siècle, Tome XII, 1878).
Le Dauphin, plein de reconnaissance, offrit de l’or à ses libérateurs; mais ils refusèrent avec fierté, en déclarant que le dévouement ne se payait pas. Le prince, ému, les embrassa, les fit chevaliers et leur donna pour armes d’azur à une patte d’ours d’or, mise en bande. La Mosaïque du Midi veut que ce soit d’argent à deux épées croisées, avec une patte d’or à la poignée de chacune, sans indication d’émaux. Cette opinion, isolée d’ailleurs, est contredite par Chorier et Guy Allard, mieux au courant des armoiries dauphinoises (Mosaïque du Midi, 1840, p. 363. — État politique du Dauphiné, t. III. — Dictionnaire historique et nobiliaire).
L’Annuaire de la noblesse pour 1863 rapporte une tradition d’après laquelle Louis, dauphin, attribua à François de Bouillane la patte d’ours gauche mise en fasce et à Michel Richaud, la patte droite mise en bande. Toutefois, lorsqu’Osée de Bouillane fit enregistrer ses armes en 1697 et que Joseph de Bouillane, avocat au parlement de Grenoble, remplit la même formalité, ils prirent l’un et l’autre, suivant les indications de Chorier et de Guy Allard, d’azur à la patte d’ours d’or mise en bande (Annuaire de la noblesse, 1863).
L’histoire se tait sur l’événement légendaire et sur les exploits ultérieurs des deux bûcherons ainsi anoblis ; mais leur postérité se multiplia dans la vallée, pendant que de nombreux rejetons allaient s’établir ailleurs.
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).