Ce matin, j’ai reçu un courriel du journaliste indépendant Marc Huber me faisant part qu’il venait de publier un article sur le site internet Vigile Québec, intitulé « Nous finançons la haine, le mépris, la division et la refonte de notre histoire. C’est le nerf des propagandes des régimes totalitaires. » Ce dernier a inclus dans son excellent article un très long passage concernant André Fontaine et son livre « Conspiration : entre l’ombre et la lumière » que j’aurai l’honneur de rééditer très prochainement aux Éditions Dédicaces. Je vous rappelle que ce livre fut mis à l’index et interdit par le gouvernement canadien trois jours après sa parution en 1977 en raison de son contenu politique et des documents classifiés par les gouvernements des États-Unis et du Canada qu’il révélait au grand public. Voici ce que Marc Huber m’écrivait :
« Alors que je travaillais sur le texte que je vous présente, il m’est arrivé à quelques reprises de laisser mon esprit être distrait par une chanson de Jacques Dutronc, datant de 1966. Cette chanson traite des médias et de l’information. Après 55 ans, elle est plus actuelle que jamais, sans pour autant nous informer que tous les gouvernements totalitaires utilisent les médias pour façonner des propagandes. J’ai profité du troisième anniversaire de la loi 400, qui a permis au journal La Presse de se transformer en OBNL, après avoir été largué par la famille Desmarais, pour aborder le sujet.
« Trois ans après, La Presse propage la haine, le mépris et la division en déformant la réalité pour mieux conjuguer l’information avec les délires de toutes sortes. Je cite en exemple cette tendance à s’attaquer à celles et ceux qui sortent du cadre de la médiocrité en inventant des qualificatifs méprisants. Je présente deux textes de La Presse qui répondent à cette façon étrange d’informer.
« Il y a aussi une volonté de transformer en hommes invisibles les personnes qui peuvent changer notre interprétation du réel. Je vous en présente un que peu connaisse et dont le livre autobiographique fut interdit par le gouvernement canadien en 1977. Ce même livre qui nous apprend qu’un ministre de la Justice, au sein du PLQ, était au service de la CIA. Du délire de «complotistes» ? L’homme invisible sera de retour en 2021 à travers la réédition de son livre de 1977. Va-t-il enfin être vu ou restera-il effacé ? »
Voici un long extrait de l’article de Marc Huber :
Toujours en 1977, le 2 septembre un étranger est sorti de prison après plus de 11 ans de détention. Vous savez, ce genre de type dont le nom à lui seul provoque une migraine. Pour cause, il s’agit du patronyme de nombreuses personnalités connues, du chanteur français du début des années 60 à l’économiste au journal Le Monde. Je fais référence au peintre, cinéaste, docteur en cosmologie, journaliste et grand voyageur André Fontaine (1926-2005). En 1995, j’ai échangé quelques mots avec ce dernier, après qu’il ait présenté des fragments de sa vie trépidante et affirmé que des militaires étasuniens sont intervenus pour empêcher que Cuba devienne la onzième province du Canada. Assez d’informations pour réjouir des journalistes ? Fontaine est plutôt resté invisible, comme d’autres, même si son livre « Conspiration: entre l’ombre et la lumière » (1977) coécrit avec Carmen Morin, fut interdit par le gouvernement canadien, trois jours après sa parution.
Le livre défendu
En 2014 j’ai eu la chance de me procurer un exemplaire chez un libraire étasunien, pour ensuite pondre quelques mots, dont voici l’essentiel. Fontaine aimait faire la navette entre Miami, Cuba et les Bahamas, avant d’être arrêté à La Havane, par la police de Fulgencio Batista (1901-1973), le 8 décembre 1958, au moment de son départ vers Miami. Il fut ensuite accusé d’espionnage et de complicité avec les rebelles de la Sierra Maestra pour enfin être torturé et emprisonné à Santa Clara. Le 28 décembre 1958, il est libéré d’une mort certaine par les Paysans de la révolution dirigés par Che Guevara (1928-1967). Ce fut pour Fontaine une occasion pour tisser des liaisons avec Fidel Castro (1926-2016), œuvrer aux relations de presse étrangères pour le docteur Juana Oreta, le secrétaire de Castro, et faciliter les contacts commerciaux entre Cuba et le Canada. Par la suite, Fontaine fréquenta l’univers des complots tout en entretenant des liens avec la famille Kennedy. Il fut au microphone de la radio de la Société Radio Canada (SRC), en tant que pigiste, lors d’un reportage diffusé le 11 octobre 1963. Le temps d’affirmer qu’une rumeur sérieuse, circulant chez les exilés cubains, laissait croire que John F. Kennedy (JFK) (1917-1963) sera assassiné à Miami le 17 novembre. Le drame se produit le 22 novembre 1963, à Dallas. Ce jour, André Fontaine déclara sur les ondes de la SRC qu’il avait entendu trois coups de feu provenant de deux endroits différents. Ce qui contredit la théorie du tueur solitaire, soutenue en 1964 par la Commission Warren. Il croit aussi que le président Lyndon Johnson (1908-1973) est impliqué dans le drame du 22 novembre.
Il y a en plus « Désormais une étoile brillera à Cuba » qui provoqua de vives réactions. Il s’agit d’un manuscrit qui expose des histoires vécues autour de ses activités et relations avec Cuba. Une copie de cet ouvrage fut envoyée à un de ses amis, en mai de l’an 1966, placée depuis dans un coffre au Liban. Bien que le contenu reste inconnu en 2021, à l’époque la CIA aurait tenté de le faire disparaître sous prétexte qu’il pouvait nuire à la reconquête de l’île. À cette fin, elle fait des offres à Fontaine pour récupérer le document. Il refuse. La CIA le menace d’accusations d’espionnage s’il persiste à vouloir éditer son ouvrage. Il décline toujours. Pour conséquence, le 19 mai 1966, il est arrêté par la CIA qui répond à une demande formelle de la Sûreté du Québec (SQ), l’original de son manuscrit est dérobé et Fontaine est transporté dans un centre carcéral américain. Le 22 juillet, la CIA fait une nouvelle offre de collaboration. Fontaine refuse toujours. Suit sa déportation vers Montréal, escorté par deux agents de la CIA, afin de le livrer à la SQ et à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
À Montréal, au quartier général de la SQ situé sur la rue Mc Gill, Fontaine perd connaissance pour se réveiller le 27 juillet dans un hôpital. On l’informe qu’il a tenté de mettre fin à ses jours, selon l’infirmière qui le soigne, alors qu’il aurait été victime d’un empoisonnement. C’est à partir de ce moment qu’il fut incarcéré dans des prisons canadiennes pour « fraude envers une caisse populaire de Longueuil » pour ensuite, le 2 août 1966, être accusé de « faux et usage de faux », sans en avoir gardé le « moindre souvenir ». En août 1970, il apprend cette fois d’un officier préposé au classement qu’il y a « trois accusations » qu’il n’a jamais mentionnées : le 9 avril 1950, il a participé à un « vol avec prise d’otage » à San Diego, le 14 avril 1951, il se serait évadé et le 27 octobre 1966, il aurait été lié à un kidnapping. Arrive le mois d’octobre 1970. André Fontaine se fait offrir par un « officier supérieur de la GRC […] une libération conditionnelle et immédiate » et quelques faveurs, s’il accepte d’infiltrer « le milieu felquiste » en sachant que ce dernier est un ami de Jacques Lanctôt et son épouse Susanne, un couple qu’il a hébergé chez lui, à Kay Biscayne (Floride), en 1964. Il refuse et apprend que l’étude de son cas est reportée de deux ans.
André Fontaine est enfin libéré le 2 septembre 1977, après qu’il ait tout fait pour être innocenté, au point d’avoir l’impression d’une collusion entre le Canada et la CIA. Un « complotiste » ! diraient les collabos. Pour conséquence, c’est le silence quand Conspiration est publié et que l’ouvrage est interdit par le gouvernement canadien. Et lorsqu’on met en doute les effets des actions des collabos sur la démocratie et nos droits, je dois souligner ces quelques mots extraits de la page 85 : « la CIA a des ramifications partout. On me l’a affirmé et je le crois de plus en plus. On a même insinué en ma présence que le ministre de la Justice au Québec serait membre de cette agence criminelle » (CIA).
En mai de l’année 1966, ce type [Claude Wagner] occupait son poste au sein du gouvernement du PLQ de Jean Lesage depuis juin 1965. L’histoire ne dit pas s’il a négocié la déportation d’André Fontaine, avant sa défaite lors de l’élection du 5 juin 1966. Elle reconnaît seulement qu’il a eu de grandes ambitions. En 1970, il affronte Robert Bourassa à la direction du PLQ, en espérant gouverner le Québec. Après, il devient député au Parti progressiste conservateur du Canada (PCC) et vise la chefferie en 1976. Une autre déconfiture qui le pousse vers le sénat en 1978, avant de décéder en 1979, à l’âge de 54 ans.
La résistance et le retour de l’homme invisible
Trouvez-vous cela normal que nous puissions ignorer qu’un ministre à Québec aurait été au service de la CIA et qu’André Fontaine, celui qui a dévoilé l’information, puisse être transformé en homme invisible ? Heureusement, nous avons la résistance. Parmi ces derniers nous retrouvons Patrick Couture et Pierre Schneider. Dans “La CIA au Québec”, Couture présente Jules Kimble, un individu qui affirme avoir infiltré le FLQ pour le compte de la CIA et d’avoir commis deux meurtres « pour contrer la montée du nationalisme au Québec ». Qui a été tué ? Lors de l’élection provinciale de 1966, Daniel Johnson (1915-1968) de l’Union nationale devient le premier ministre du Québec, pour ensuite proclamer les mots « égalité et indépendance » qui font encore rougir les collabos en 2021. Il décède d’un trouble cardiaque, le 26 septembre 1968. Un moment tragique ramené à l’actualité dans “J’accuse les assassins de Daniel Johnson” du journaliste indépendantiste Pierre Schneider, dans lequel il affirme que le premier ministre a été empoisonné, une idée reprise par Richard Le Hir (1947-2018).
C’est notre histoire, la vraie, la pertinente, la rassembleuse. Celle qu’on tente de tuer pour servir une unicité mondiale qui mène aux délires subventionnés de collabos qui rejouent notre passé. Et lorsqu’on constate que l’humanité répète les mêmes bêtises, c’est assurément qu’on adopte les mêmes comportements, au nom des mêmes intérêts et en exploitant les mêmes outils de propagandes. Mais encore, il y a les mêmes obstacles. « Conspiration: entre l’ombre et la lumière » sera bientôt réédité par les Éditions Dédicaces. Comme pour la première fois, André Fontaine sera transformé en homme invisible, s’il ne devient pas simplement la source d’hystéries journalistiques. Une occasion en or pour nous rappeler que les complots existent et que cela implique des entités autant gouvernementales, corporatives que médiatiques qui ont de plus en plus tendance à fouiller dans notre porte-monnaie, loin des yeux et du cœur de la population. En d’autres mots, nous sommes utiles pour payer des déductions d’impôt et des subventions à des médias. Et lorsqu’on se met à constater que ce compagnonnage forcé nous enfonce dans les délires des collabos au service de propagande, nous devenons les idiots à censurer; des pestiférés et des invisibles.
Je vous invite à lire l’intégralité de cet excellent article du journaliste indépendant Marc Huber, « Nous finançons la haine, le mépris, la division et la refonte de notre histoire. C’est le nerf des propagandes des régimes totalitaires », sur Vigile Québec.
« J’aime vos articles car ils permettent de remettre les choses en perspective et la planète entière en a grandement besoin… surtout en ce moment! »