The Fisher King : Le Roi pêcheur (The Fisher King, titre original utilisé lors de sa sortie en France) est un film américain de Terry Gilliam sorti en 1991. Le Roi pêcheur est l’histoire d’une double rédemption : celle d’un utopiste et celle d’un arriviste qui doit gagner son humanité. La quête du Graal offre surtout la guérison des cœurs.
Jack Lucas, un célèbre animateur et présentateur de radio arrogant, cynique et égoïste reçoit un jour l’appel d’un auditeur mentalement instable. À la suite de cet appel, ce dernier se rend dans un restaurant et tue sept personnes avant de se donner la mort. Ce drame bouleverse Jack qui perd son travail et se réfugie dans l’alcool, rongé par la culpabilité. Un soir qu’il traîne dans des rues peu sûres, il est accosté par des malfrats qui l’attaquent. Il est sauvé in extremis par Parry (Paris), un ex-professeur de lettres qui a sombré dans la folie après la mort tragique et violente de sa femme, tuée par le fameux auditeur. Ce clochard, amoureux transi de Lydia Sinclair, une femme vivant dans son monde imaginaire mais inspirée d’une femme réelle, s’est juré de trouver le Graal. Mais il ne peut le faire seul. Comme dans la légende médiévale de Chrétien de Troyes il a besoin de son « Perceval ». Ce sera Jack qui en le sauvant trouvera aussi le chemin de sa rédemption.
The Fisher King aurait pu être une production Disney, car la compagnie en détenait les droits. Mais le trouvant un peu trop sombre, elle l’avait mis de côté. Jusqu’à ce que Debra Hill et Lynda Obst de la société Colombia Tristar reçoivent le script. Elles ont tout de suite succombé à cette histoire poétique et loufoque de la rédemption de ces deux hommes blessés. Jack Lucas est un animateur de radio dépressif et cynique interprété par Jeff Bridges. Il est indirectement responsable de la mort de la femme de Parry, un ancien professeur de lettre joué par Robin Williams. Ce dernier, devenu clochard depuis, vit dans un imaginaire médiéval au beau milieu de New York. Dès que Lynda Obst eut le script en main, elle ne le lâcha pas. La producrice avoue : « Je conduisais ma voiture avec le texte sur les genoux. Je le trouvais incroyable. C’était un dimanche, mais je devais absolument trouver l’agent car l’idée que le film puisse être fait sans nous m’était inacceptable ». Pour ce projet, les deux productrices souhaitaient un réalisateur innovant, elles voulaient Terry Gilliam. Un choix judicieux qui valut à The Fisher King d’être, après Hook ou la revanche du Capitaine Crochet de Steven Spielberg, le succès commercial de 1991 pour la Columbia Tristar.
L’histoire de The Fisher King a été écrit par Richard LaGravenese, un scénariste américain, également auteur de L’Homme qui murmurait a l’oreille des chevaux. « On m’a présenté un écrivain qui avait la même vision du monde que moi, déclare Terry Gilliam, Cerise sur le gâteau, c’était un écrivain brillant. C’était drôle, triste, surprenant. Il y avait des personnages merveilleux, un véritable pouvoir émotionnel… ». C’est donc le premier film de commande de Terry Gilliam, qu’il n’a d’ailleurs pas, pour la première fois encore, pré-visualisé le film sur un storyboard. Le réalisateur avouera plus tard « j’ai réalisé Fisher King pour découvrir si j’étais bel et bien un réalisateur de film. Cela peut semblait bizarre pour quelqu’un d’âge moyen avec plusieurs réalisations à son actif, mais c’est vrai. Je me vois comme un fabriquant de film, pas un réalisateur. Le moment de la réalisation n’est qu’une des étapes sur le cheminement d’un film. C’est différent de quand on a l’idée en tête, qu’on l’écrit, la finance, la monte, la présente au public pour finalement la faire sortir de moi ».
La participation de Richard LaGravenese ne s’arrêta pas avec la vente du script. Le scénariste s’impliqua également dans la pré-production et sur le tournage. Il a collaboré avec Terry Gilliam et les acteurs, comme rarement un scénariste n’y est autorisé. « C’était parfois terrifiant d’avoir LaGravenese avec nous, explique Jeff Bridges, parce ce que c’est l’homme que a inventé toute l’histoire. Mais, lui demander son opinion avait une grande valeur. Il était très présent, ce qui était très positif pour chacun de nous ».
Le Mythe du Graal
The Fisher King est avant tout l’histoire de la quête d’un Graal à New York, reprenant ainsi le mythe de son gardien. Le personnage du Roi Pêcheur serait, selon la légende arthurienne, le dernier protecteur du Saint Graal. Roi blessé, son royaume souffre aussi. Les terres sont infertiles et la pêche est son seul recours. Usé par les tragédies, l’homme s’affaiblit entraînant la mort de ses sujets. « Il doit trouver le Graal pour être sauvé mais n’est hélas plus capable de le voir et de l’expérimenter. Un fou arrive et lui montre que la coupe est en fait juste à coté de lui » commente Terry Gilliam. Dans le film, Parry est le fou, convaincu qu’il doit trouver le Graal, depuis que sa femme est morte. Il vient au secours de Jack Lucas, attaqué par des voyous. Jack décide alors d’aider Parry à séduire la femme qu’il aime. Ensemble, ils partent à la recherche du Graal, qui n’est autre que leur propre rédemption. « J’avais une certaine expérience avec les films sur le Saint Graal. L’idée était totalement familière pour moi » affirme le co-réalisateur du film Monty Python, sacré Graal, avant d’ajouter « mais c’est aussi l’histoire d’un mec qui aide un ami à avoir un rendez-vous pour se sentir moins coupable ».
L’intention première de Terry Gilliam était avant tout de respecter le script. Pourtant, il trouvait que la rencontre entre Parry et Lydia (Amanda Plummer), comme l’avait écrite Richard LaGravenese ne fonctionnait pas. Elle devait, à l’origine, se dérouler dans le métro. Une femme noire sans-abri chantait et autour d’elle les gens l’écoutaient, émus. Terry Gilliam préféra tourner cette scène dans la Grande Gare Centrale de New York. C’est au moment des repérages, alors qu’il observait la grande salle à l’heure de pointe, il eut l’idée de cette fameuse chorégraphie. « J’ai pensé : Mon dieu, ce ne serait pas merveilleux si ces milliers de personnes se mettaient soudainement en couple et commençaient à valser? Et les producteurs ont trouvé l’idée bonne. Bingo, c’est dans le film, explique le réalisateur, la valse est donc la seule chose que je peux revendiquer comme mienne car elle n’était pas dans le script ». Cette scène a été tournée en une seule nuit avec la participation de figurants professionnels et de passagers en transit. L’ironie voulut que ces 1000 personnes ne sachent pas danser la valse.
Avec 10 récompences pour 21 nominations, The Fisher King fut un véritable succès aussi bien pour le public que pour la presse. En 1992, il était nominé 5 fois aux Oscars et aux Golden Globes.
The Fisher King : Le Roi pêcheur, de Terry Gilliam, est un film à clés. Pour ceux et celles qui comprennent le langage des oiseaux, le film touche des cordes sensibles quant à la quête moderne du Saint Graal. On comprend que le Graal se trouve autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nous, et que sa recherche est toujours autant d’actualité. D’une manière très subtile et symbolique, le scénariste Richard LaGravenese a associé la France symbolisée par la ville de Paris (Parry) et la famille Sinclair (Lydia) à l’Amérique contemporaine, symbolisée par la ville de New York. Le choix du nom pour le héros principal, Jack Lucas, n’est certainement pas dû au hasard puisqu’il signifie « Lumière » en latin. À Rome, les enfants nés avec l’aurore étaient souvent des Lucia, des Lucius. Quant à Lucifer, il est aussi de la famille, puisque également relié à lux, la « lumière » (étymologiquement parlant, il est l’ange « qui apporte la lumière »). Son prénom quant à lui vient de l’hébreu ya’aqob, « que Dieu favorise ». Jacob affronta l’Ange qui le nomma Israël, « celui qui lutte avec Dieu ». Les douze fils de Jacob furent les douze patriarches d’où procédèrent les douze tribus d’Israël. La Bible mentionne souvent le peuple hébreu comme étant « la maison de Jacob ».
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