Le 11 novembre 1888, Paul Boyer de Bouillane participa à l’assemblée commémorative des états généraux du Dauphiné de 1788

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Mes fidèles lecteurs le savent très bien, outre les faits sociaux et politiques qui nous environnent, j’aime aussi à raconter l’histoire de mes ancêtres et de mes cousins qui sont plus ou moins éloignés dans le temps et dans l’espace. Aujourd’hui je retranscris deux longs articles qui sont parus dans le quotidien Le Gaulois du 11 novembre 1888 et qui relatent l’assemblée commémorative des états généraux du Dauphiné à laquelle participa mon arrière-arrière-arrière-grand-cousin au douzième degré, Paul Boyer de Bouillane. La Réunion des états généraux du Dauphiné, également appelée Assemblée de Vizille, s’est déroulée le 21 juillet 1788 dans la salle du jeu de paume du Château de Vizille sur l’invitation de son propriétaire, l’industriel Claude Perier. Cette assemblée réunie six mois avant la convocation des États généraux de 1789 est le prélude à la Révolution française.

Avocat à la Cour d’Appel de Paris, Paul Boyer de Bouillane (1848-1908) était l’époux de Jeanne Françoise Thérèse Nicolet (1859-1934). Ils eurent ensemble cinq enfants : Charles Boyer de Bouillane (capitaine de frégate et Chevalier de la légion d’honneur), Marie Boyer de Bouillane (dame d’honneur de S.A.R. Madame la duchesse de Vendôme), Geneviève Boyer de Bouillane (vicomtesse de Courville) et Henry Boyer de Bouillane (Maréchal des logis du 37e Régiment d’Artillerie de Campagne, tué au combat le 6 août 1916). Le cinquième enfant, Félix Boyer de Bouillane (1891-1896), est décédé à l’âge de 4 ans.

Huile sur toile de Alexandre Debelle (1805-1897) : Assemblée des trois ordres du Dauphiné reçus au château de Vizille par Claude Perier, le 21 juillet 1788. Le personnage central représente la délégation des 15 Bouillanne et des 29 Richaud présents à la Réunion des états généraux, c’est-à-dire les Fils de l’Ours, la plus ancienne noblesse du Dauphiné.

« Le centenaire de Romans », par Georges de La Brizolière

Le Gaulois, 11 novembre 1888

Le Gaulois, Dimanche le 11 novembre 1888 — Aujourd’hui a eu lieu l’ouverture de l’assemblée commémorative des états généraux du Dauphiné en 1788. Foule immense à Romans et manifestation imposante, dépassant tout ce que vous pouvez imaginer et qui doit avoir un immense retentissement en France. Tout le Dauphiné catholique et conservateur est aujourd’hui à Romans, et plus de quatre mille adhésions formelles sont venues de tous les points du Nord, du Centre et du Midi. La cathédrale de Saint-Barnard est bondée. Elle est décorée de fleurs et d’oriflammes aux couleurs du Dauphiné, avec les armes de Vienne, de Grenoble, de Valence, de Romans, de Die, de Montélimar et de Gap. Un catafalque de deuil est placé en face du chœur, et l’autel est orné de draperies violettes.

Plus de deux mille personnes assistent à la messe, dite par l’abbé Charles Barnave [N. D. É.: petit-fils de Antoine Barnave]. Sont présents NN. SS. Goute-Soulard, archevêque d’Aix; de Cabrière, évêque de Montpellier; Cotton, évêque de Valence, accompagnés de leurs vicaires généraux et de nombreux ecclésiastiques. À Grenoble et à Vizille, M. Carnot avait pu saluer cinq ou six descendants des Assemblées dauphinoises de 1788. Dans la basilique de Romans, ils sont plus de deux cents venus pour protester, au nom de leurs aïeux, contre toute idée de révolution et de rébellion contre le roi de France.

Parmi les assistants, nous avons remarqué MM. le comte Albert de Mun, le marquis de Suarez d’Aulan, ancien député; le président Coutil, le marquis de la Tourdu-Pin, le général Saint-Cyr, Nugues, le marquis d’Arces, le comte de Monteynard, le marquis de Pisançon, le marquis de Virieu, le marquis de Vaulserre, le comte de Galbert, le comte de Barrai, le vicomte de Bernis, Boyer de Bouillane, de Monts, baron Lombard de Buffières, Jocteur-Montrosier, ancien député de l’Isère; vicomte de Pina.

Paul Boyer de Bouillane
Paul Boyer de Bouillane

Bellier du Charmeil, commandant Collet, comte de Quinsonas, colonel de la Granville, baron de Franclieu, de Pelissière, GoIIety, de Lestelly, avocats; l’abbé Robert, ancien aumônier de la Hotte, de Fontgalland, de Rochebelle, Dugas, Vincendon-Dumoulins, Francis Robert, baron de Bernouin, le R. P. Denoyelle, Jacquier, l’éminent professeur des facultés catholiques de Lyon; Berthin de l’Isère, Margot, notaire à Voiron Bailly, Chabert d’Hyères, Rochas, Jassoud, Gonnet, Bertout, Verdat, Laurens, René Magimel, Chômer, Roudet, etc. De nombreuses dames assistaient à la cérémonie religieuse, ainsi que les représentants des journaux suivants le Figaro, le Petit Journal, l’Univers, le Monde, le Nouvelliste de Lyon, l’Express, le Temps et tous les journaux conservateurs de la région.

Pendant la messe, M. Salomon (de l’Opéra), descendant d’un membre de l’Assemblée de Romans, et ses élèves, ont chanté l’Ave Maria de Cherubini, le Souvenez-vous de Massenet et un Miserere d’une grande allure. M. d’Indy tenait l’orgue.

Avant l’absoute, dite par Mgr Cotton, Mgr de Cabrières a prononcé un magnifique discours. Pendant une heure, sa Grandeur, dont les ancêtres étaient également représentés à Romans, a tenu l’assistance sous le charme de sa parole : « Je veux, a dit l’orateur sacré, tenir le langage de l’histoire et de la postérité. Nos pères n’étaient ni des rebelles, ni des révolutionnaires, ni des révoltés, comme on se plaît à le dire, aujourd’hui, dans le monde de nos gouvernements actuels, ils étaient tous, sans exception, des sujets fidèles au Roi et à la royauté. Décidés seulement à trouver un remède aux maux qui affligeaient la France, ils voulaient la stabilité des droits du monarque et de ceux du peuple; leur charte était libérale, elle formulait les grands principes de l’égalité civile et le respect de toutes les libertés. Ils n’en exceptaient surtout pas la liberté religieuse, bien qu’on puisse leur reprocher de ne pas l’avoir demandée avec assez d’énergie ; ils se sont trop occupés des hommes et pas assez de Dieu, sans toucher à la politique actuelle. »

Mgr de Cabrières fait néanmoins une allusion discrète et très fine au général Boulanger, et termine son éloquent discours en rendant hommage à tous les députés des trois ordres, et en particulier à Meunier et à Barnave qui, tout en haïssant l’anarchie et le despotisme, avaient au cœur l’amour de la liberté. La sublime Reine Marie-Antoinette pardonna à ce dernier ses erreurs, puisqu’elle consentit à lui donner sa main à baiser quand déjà le malheur s’était appesanti sur la famille royale.

Cette magnifique page d’histoire, prononcée avec émotion par l’éminent évêque, a provoqué une sensation générale. Après la messe, qui ne s’est terminée qu’à midi. un banquet fort bien servi a réuni la plupart des assistants, cinq cents au moins.

Il était présidé par le général Nugues, ayant à ses côtés M. le comte Albert de Mun, M. Jacquier et les descendants des plus illustres des députés dauphinois aux Assemblées de Romans et Vizille. Plusieurs discours ont été prononcés. Au milieu des acclamations de toute l’assistance, M. le général Nugues a porté le premier la parole pour remercier le comité d’organisation de ses splendides fêtes. Puis MM. de Gailhard-Bancel et Roche ont, avec une véritable éloquence, défini le rôle de cette nouvelle Assemblée, qui tout à l’heure rédigera de nouveaux cahiers de doléances.

Les deux orateurs s’applaudissent de la présence de M. de Mun, qui a compris que sa présence était nécessaire pour appuyer de sa grande autorité les revendications patriotiques des descendants des Assemblées dauphinoises de 1788, confondues par les républicains d’aujourd’hui avec la tourbe des révolutionnaires. Après ces orateurs, M. Jacquier a dit quelques mots : « C’est ici que Gambetta a prononcé sa fameuse apostrophe: «Le cléricalisme, voilà l’ennemi !» C’est ici qu’à notre tour nous proclamerons les droits de l’homme et les droits de Dieu. On dira que nous sommes des cléricaux venus de tous les points de la France pour semer le désordre, c’est un mensonge ; nous sommes des patriotes qui attendons la délivrance. »

Enfin, pressé de toutes parts, M. de Mun se lève : « Je n’avais pas, dit-il, de titre à parler devant vous, puisque je ne suis pas descendant des députés dont vous entendez honorer si dignement la mémoire ; mais, puisque vous m’avez appelé, je suis venu, j’ai senti qu’il allait se passer ici un grand acte, un de ces actes qui marquent un pas en avant. C’est un berceau que vous ouvrez le berceau de la liberté, il faut qu’il en sorte une action persévérante et énergique, qui puisse nous mener à un résultat contre ceux qui ne se disent amis et défenseurs du peuple que pour l’exploiter. Notre idée commune doit être espérance et avenir. »

Ces quelques mots ont été couverts d’applaudissements. En ce moment, les comités sont réunis pour discuter les nouveaux cahiers. En somme, magnifique et importante manifestation.

Antenne 2 (Ja2 dernière), 24 juillet 1988 : La Révolution Française a commencé à Grenoble (Archive INA).

Un article de Louis Teste — Le Gaulois, 11 novembre 1888

Albert de Mun
Albert de Mun

M. le comte de Mun doit prononcer, aujourd’hui, un grand discours politique à Romans. En 1788, les états du Dauphiné se réunirent d’abord à Vizille, d’où ils adressèrent à Louis XVI des représentations touchant l’oubli des privilèges garantis à cette province par le traité qui l’avait réunie à la France, et puis à Romans, où ils élurent leurs députés aux états généraux. Quelques dauphinois ont imaginé de convier leurs concitoyens à Romans, pour y célébrer le centenaire des états du Dauphiné, d’où est issue la révolution de 1789, et pour y « discuter et rédiger les cahiers des doléances et revendications des populations dauphinoises » en l’an de mécontentement 1888. M. de Mun étant un des orateurs dont l’éloquence a le plus d’écho dans le peuple, ils l’ont prié de leur prêter le concours de sa parole pour porter leurs plaintes jusqu’aux extrémités du pays.

Les promoteurs de ces états au petit pied de Romans appartiennent, pour un cinquième, à la corporation paisible et réservée des notaires. Pour que des notaires manifestent ainsi leur mécontentement, il faut que la coupe déborde. À côté des notaires révoltés, l’on remarque des cultivateurs, des industriels, des banquiers, tous également intéressés à la bonne administration des affaires publiques, ainsi que des descendants des familles qui seront signalées au service de leur pays : MM. de Gailhard-Bancel, le général marquis d’Andigné, le marquis de Suarez d’Aulan, le général Saint-Cyr Nugues, Humbert de Pina, le marquis de Saint-Vallier, le comte de Larnage, Boyer de Bouillane, etc.

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Le blason des de Bouillanne

Louis XI, n’étant encore que dauphin, chassait dans la forêt de Quint, lorsqu’il fut assailli par un ours. À ses cris, deux bûcherons accoururent et lui sauvèrent la vie: c’étaient Pierre Bouillane et Gérenton Richaud. Quelques années après être monté sur le trône, en 1475, il leur conféra la noblesse. Anoblies en même temps, portant les mêmes armes, d’argent à la patte d’ours mise en bande d’or, ces deux familles sont restées étroitement unies, elles se sont alliées entre elles, elles ont formé de nombreuses branches, auxquelles la fortune est rarement venue en aide. L’historien du Dauphiné, Chorier, disait d’elles, au dix-septième siècle : « Ce sont de pauvres gentilhommes, à qui la noblesse est un obstacle à toute meilleure fortune. » Aux états de Romans, en 1788, on a vu vingt-sept Richaud et quatorze Bouillane, la plupart vêtus en paysans et portant fièrement leurs vieilles rapières. II reste encore des Bouillane et des Richaud dans la vallée de Quint, et leurs châteaux, de la misère attendent leur Théophile Gautier. M. Boyer de Bouillane descend des sauveurs de Louis XI : il était substitut à Valence, lors des décrets contre les congrégations religieuses il donna sa démission pour ne pas ternir l’honneur de son nom, et il se fit inscrire au barreau de Nîmes.

Avec les quatorze Bouillane et les vingt-sept Richaud, figurait un ancêtre de M. le comte de Saulces de Freycinet : il était députe du tiers (élection de Montélimar) aux états de Romans, sous la désignation de « Freycinet, négociant ». Ce Freycinet était-il le père de Louis-Henri et de Louis-Claude de Saulces, barons de Freycinet, tous deux officiers de marine, voyageurs, géographes, et nés à Montélimar, l’un en 1777 et l’autre en 1779 ? Ceux-ci ont-ils été anoblis par Napoléon 1er ? Et M. le ministre civil de la guerre est-il le fils ou le petit-fils de Louis-Claude ou de Louis-Henri ? On ne trouve, dans l’armorial du Dauphiné, ni famille Freycinet ni famille Saulces, et il n’y en a plus dans le Dauphiné. Mais il y a, près de Montélimar, une commune de Saulce, où se trouve un château ou maison bourgeoise qui porte le nom de Freycinet et dont le propriétaire porte celui de Bourras.

Romans a été fondée, au neuvième siècIe, par saint Barnard, archevêque de Vienne, ou plutôt, saint Barnard fonda, en ce lieu, une abbaye, autour de laquelle se groupèrent des maisons, qui forment aujourd’hui une petite ville de 15,000 habitants. On y remarque son église de Saint-Barnard et quelques jolies maisons des quinzième et seizième siècles. II s’y fait un grand commerce de cordonnerie, de chapellerie, de tannerie, de draperie, de soieries, de cotonnade, etc. Les terres, à l’entour, se vendent 10 à 13,000 francs l’hectare. Romans a donné le jour à plusieurs hommes distingués, entre autres à Michel Servan et à LalIy-ToIIendal : mais les lettres y sont moins en honneur que les galoches. Cependant, le grand séminaire du diocèse de Valence y étant établi, il s’y manifeste une certaine vie intellectuelle. M. l’abbé Chevalier, professeur d’écriture sainte et d’histoire ecclésiastique à ce séminaire, a publié, sur le Valentinois et sur le Diois, des monographies estimées des érudits. Tout le Dauphiné, d’ailleurs, est dans une renaissance littéraire des plus intéressantes.

La vénérable abbaye de Bongouvert de Grenoble

Du quinzième siècle à la révolution, il existé, à Romans, une abbaye de Bongouvert, sorte d’association ayant pour but d’organiser les divertissements de la jeunesse : fêtes, carnaval, vogues, charivaris, etc. Le président portait le titre d’abbé. Les autres officiers de la confrérie étaient le vicaire ou lieutenant de l’abb6, le connétable, le chancelier, le secrétaire général, le procureur fiscal, le contrôleur, le trésorier, les juges abbatiaux, le capitaine des charivaris, le grand-maître de l’artillerie. Le matériel de cette artillerie consistait en chaudrons, pelles, casseroles et autres engins de même sorte, et servait aux aubades officielles. Les confrères portaient un froc vert, avec capuchon et cordon verts. Cette abbaye était devenue une véritable institution municipale : elle levait même un impôt sur les habitants qui convolaient en secondes noces, ou qui contractaient des mariages forains. Il est vrai qu’elle les gratifiait de charivaris nocturnes, redoutés comme la peste. On lit dans un « Rolle de ceulx qu’il fault cotiser pour la baye de Bongouvert, le 25 janvier 1603 : — Joffrey Gatis, pour avoir espousé Marguerite Comte, y compris le charavarin à eus bailIé, 5 livres. —M. l’auditeur Coste, pour le charavarin de son second mariage, 6 livres. »

Les confrères avaient pour patron un saint de leur façon, saint Pichon, représenté sur la façade d’une maison du carrefour du Tortorel, la mitre en tête, le pichon ou bâton à une main, et la quenouille à l’autre. Lorsqu’une femme avait battu son mari, ils habillaient un de se svoisins en femme, le campaient à reculons sur un âne, lui en mettaient la queue à la main gauche, en guise de bride, une quenouille à la droite, et le conduisaient processionnellement à l’image de saint Pichon. Là, pour venger l’insulte faite à la dignité maritale, le voisin déposait sa quenouille aux pieds du saint et adressait à l’assistance une allocution pour excuser la faiblesse du mari. La femme d’un libraire de Grenoble, Mme Louise Drevet, écrit, sur ces temps d’autrefois, des romans qui mériteraient d’être lus à Paris. La promenade sur l’âne et les charivaris sont encore en usage en Dauphiné, mais la cérémonie est simplifiée et l’usage en est plus rare.

On a tort de sourire de ces vieilles coutumes. L’abbaye de Bongouvert réunissait les romanais de toute condition, elle les faisait vivre de la même vie, elle donnait à leur cité de l’animation, au lieu que les petites villes sont devenues des tombeaux. Et elle ne pourvoyait pas seulement aux fêtes et aux festins. Elle restaurait la maison consulaire. Elle faisait des réparations au collège. Elle faisait don d’une chaire à Saint-Barnard. Elle abandonnait aux capucins la recette des mariages. Aussi jouait-elle un rôle entre la municipalité et le chapitre de Saint-Barnard, appuyant tantôt l’un et tantôt l’autre, quelquefois donnant de la tablature à tous les deux, mais étant toujours un foyer de vie locale. C’était de la démocratie en action : aujourd’hui, l’on ne fait plus que de la démocratie en paroles.

Les états du Dauphiné, de 1788, ont été la préface des états généraux de 1789. Le Dauphiné s’est ainsi fait la réputation d’avant-garde politique de la France. Les humbles états de Romans, de 1888, seront-ils aussi des précurseurs ? Les organisateurs en sont monarchistes. Les dauphinois sont peu démonstratifs: mais, sous ce rapport, les monarchistes dauphinois sont dauphinois et demi. Il ne faut donc pas dire : « Ce n’est que quelques dauphinois qui ont imaginé de se réunir à Romans. » Ce sont des monarchistes, parmi les moins démonstratifs, qui osent « discuter et rédiger les cahiers des doléances et revendications des populations dauphinoises. » C’est la province la plus républicaine de France qui s’ébranle. Est-ce la préface des prochaines élections que M. de Mun va tout à l’heure proclamer à la France, pendant que M. le marquis de Breteuil la proclamera dans une autre province, à Marseille ?

TOAST DE M. BOYER DE BOUILLANE 

M. Boyer de Bouillane évoque éloquemment
l'avenir et lève son verre à la Jeunesse française.

Messieurs,

Depuis deux jours nous entendons parler du Centenaire de 1788, de l'Assemblée de 1888. Je vous demande de penser à l'Assemblée que nos descendants et nos petits-neveux auront, j'espère, le bon esprit de convoquer à Romans en 1988. (Vive adhésion.)

Je leur envoie, à travers un siècle, un souhait de bonheur : celui d'avoir vu se réaliser tous les vœux adoptés hier et aujourd'hui, et de pouvoir écrire l'histoire du relèvement de la France chrétienne. Mais il ne suffit pas de formuler des projets, d'exprimer des vœux, il faut encore dire par quel moyen on doit aboutir à leur réalisation.

Rappelons-nous, Messieurs, cette parole d'un révolutionnaire émérite, dont le nom ne souillera pas mes lèvres parce qu'il est synonyme de cynisme, de concussion, d'immoralité: « De l'audace ! encore de l'audace ! et toujours de l'audace ! » Il y a un siècle, on acclamait la souveraineté du nombre, et pendant la Révolution, la France a toujours été gouvernée par des minorités audacieuses. Si l'audace a assuré le triomphe du mal, à nous de l'employer pour le triomphe du bien ! (Bravos.)

Jeunes gens, vous dont l'avenir est en jeu, à qui appartiennent les grands horizons, ayez de l'audace pour ramener dans les voies de la prospérité notre Agriculture, notre Commerce, notre Industrie ! Ayez encore de l'audace pour sauvegarder les intérêts moraux du Pays, les droits des consciences, la Justice et la saine Liberté ! Ayez toujours de l'audace pour affirmer et défendre les droits imprescriptibles de Dieu, et la France sera sauvée ! (Applaudissements.)

On a dit plaisamment : « En Dauphiné le succès seul réussit ». Eh bien, Dauphinois, sachons réussir et employons le vrai moyen qui nous conduira au succès. Interrogeons l'histoire d'hier, celle d'aujourd'hui, entrevoyons, s'il est possible, celle de demain, et nous découvrirons que les racines de la victoire plongent moins dans la froide raison que dans l'audace et la témérité. Enfin, souvenons-nous que la terre de notre Dauphiné était hier encore témoin de la chrétienne audace des martyrs de Châteauvillain. (Salves d'applaudissements.)

Messieurs, je bois à la Jeunesse française, audacieuse pour le triomphe du bien. Saluons les Jeunes : ils seront les ouvriers de la régénération française ! (Longs applaudissements.)



Ce toast vibrant est salué par les applaudissements
longuement prolongés de toute l'Assemblée.

LECTURES PROPOSÉES :

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« Bonjour M. Boulianne. Je peux vous souligner l'excellence de vos écrits sous une transparence indéniable. »

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