Dans le cadre de la publication récente de la version anglaise de mon livre, intitulé “The Fabian Society: The Masters of the Conspiracy Exposed”, je partage avec vous un article de Courtenay Turner, lui-même intitulé “Racines transcendantalistes de la Société fabienne” (Transcendentalist Roots of the Fabian Society), publié le 28 février 2025 sur la plateforme Substack. Courtenay Turner anime le podcast “The Courtenay Turner Podcast”, l’émission “WIM what is movement” et sa nouvelle émission à venir, “The Right Voices”. Elle est également conférencière et artiste acrobatique aérienne. Son parcours universitaire, largement imprégné de textes philosophiques et psychologiques, ainsi que sa passion pour le sport et les arts de la scène, l’ont menée vers l’univers dans lequel elle évolue aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui la connaissent comme l’animatrice du podcast “The Courtenay Turner Podcast”, où elle explore avec audace la vérité et se penche sur une multitude de sujets profonds liés à la santé, au bien-être, à la médecine, à la philosophie, à la psychologie, à la politique, à la géopolitique et à l’esprit socioculturel. Cependant, un parcours de vie atypique a profondément influencé sa vision des choses.
Courtenay est née avec une rubéole congénitale. Sa mère a contracté la rubéole au cours du premier trimestre de sa grossesse. Parmi les séquelles, on compte notamment la cécité unilatérale, une surdité bilatérale sévère, une hypotonie des membres, des complications cardiaques, un développement osseux asymétrique, un retard de croissance, une motricité fine et visuelle déficiente, et plusieurs autres affections. Les médecins ont annoncé à sa mère que son meilleur espoir était de trouver un établissement spécialisé pour y passer le reste de sa vie. Le fait d’avoir surmonté ce sombre pronostic a nourri sa fascination pour la psyché humaine. Elle croit que les êtres humains sont capables de bien plus que ce que la plupart imaginent et peuvent défier les plus grands obstacles ! À travers ses créations de contenu, ses écrits, ses prises de parole et ses performances, elle aspire à inspirer, informer et donner les moyens d’agir, et espère contribuer à la préservation du libre arbitre de l’humanité !
➽ Racines transcendantalistes de la Société fabienne
➦ Par Courtenay Turner, le 28 février 2025
ILS ONT DE NOMBREUX TENTACULES — Les Fabiens constituent, et constituent depuis des siècles, un problème majeur ! Ils sont issus d’une scission d’une organisation « religieuse » théosophique, inspirée par les transcendantalistes, appelée la Fraternité de la Vie Nouvelle (Fellowship of the New Life). Les Fabiens ont ensuite créé une autre scission axée sur les questions politiques… vous avez peut-être entendu parler du « Parti travailliste » ? Maîtres dans l’art de la guerre psychologique, politique et dialectique, ils ont joué un rôle déterminant dans la création du Bureau de propagande de guerre britannique, également connu sous le nom de Wellington House, clinique Tavistock (devenue par la suite l’Institut Tavistock des relations humaines grâce à une subvention des Rockefeller).
La mascotte des Fabiens est la tortue, représentant leur approche progressive, tandis que leurs armoiries, le loup déguisé en agneau, semblent illustrer leur habile utilisation des rouages de la propagande dialectique hégélienne. Les fondateurs, Beatrice et Sidney Webb, ont également joué un rôle déterminant en utilisant les Soviétiques comme terrain d’expérimentation pour leur « planification économique », et en exportant une grande partie de ces tactiques et systèmes éducatifs aux États-Unis. Les Fabiens sont aussi liés à l’École de Londres d’économie, qui a une influence considérable sur le mouvement libertarien actuel. Bien que la Fabian Society n’existe officiellement que depuis 1884, ses fondateurs ont préparé le terrain pour des tactiques utilisées il y a des millénaires (je vous invite à consulter mon article sur la propagande fabienne pour les personnes intéressées). Maîtres de l’infiltration et de la subversion de l’intérieur, ils minimisent souvent l’ampleur du problème qu’ils représentent !
La Fraternité de la Vie Nouvelle
La Fabian Society était un groupe dissident d’un mouvement New Age appelé la Fraternité de la Vie Nouvelle (Fellowship of the New Life). Cette organisation britannique fut fondée en 1883 par Thomas Davidson, un philosophe écossais. Davidson enseignait l’apeirothéisme, une philosophie décrite comme une forme d’idéalisme pluraliste associée à une rigueur éthique stricte. Il définissait l’apeirothéisme comme une théorie de l’infinité de dieux. Initialement panenthéiste, ses études sur Domodossola, l’œuvre du philosophe italien de la Renaissance Giordano Bruno, ainsi que sur les travaux de Leibniz, Kant et Rosmini, le conduisirent à la panpsychistique monoadologie, une théorie selon laquelle la réalité est constituée d’une infinité de substances mentales ou spirituelles, chacune poursuivant un telos aristotélicien.
Parmi les membres de la Fellowship figuraient le poète Edward Carpenter, le militant des droits des animaux Henry Stephens Salt, le sexologue Havelock Ellis, la féministe Edith Lees (qui épousa plus tard Ellis), la romancière Olive Schreiner et le futur secrétaire fabien Edward R. Pease. Le futur Premier ministre britannique Ramsay MacDonald en fut brièvement membre. Selon MacDonald, les principales influences de la Fellowship étaient Henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson. La Fellowship publiait une revue intitulée Seed-Time … Cela vous rappelle-t-il le concept New Age de « graines d’étoiles » ?

Les racines transcendantalistes
Les transcendantalistes qui ont inspiré les Fabiens étaient des idéalistes, façonnant ainsi le fondement métaphysique et épistémologique de la pensée fabienne.
Les transcendantalistes, penseurs et écrivains tels que Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau et Margaret Fuller, ont bâti leur philosophie sur un mélange d’idées métaphysiques et épistémologiques qui mettaient l’accent sur l’intuition, l’individualité et un lien direct avec la vérité divine ou universelle.
Sur le plan métaphysique, les transcendantalistes s’appuyaient fortement sur l’idéalisme, affirmant que la réalité est fondamentalement façonnée par l’esprit plutôt que par les seules conditions matérielles. Cette notion rejoint le premier principe de l’hermétisme (mentalisme), si répandu dans le mouvement de la Nouvelle Pensée, dont Oprah Winfrey a donné la parole à la quasi-totalité des figures de proue. Ils puisaient leur inspiration dans le romantisme européen et chez des penseurs comme Emmanuel Kant, qui soutenait que notre perception du monde est structurée par des cadres mentaux innés. Pour les transcendantalistes, cela signifiait l’existence d’une réalité spirituelle supérieure au-delà du monde physique, souvent désignée par Emerson comme la « Sur-Âme », une sorte de conscience universelle reliant toute chose. Ils considéraient la nature comme une manifestation de cette essence divine.
Sur le plan épistémologique, ils rejetaient l’empirisme strict, l’idée que la connaissance provient uniquement de l’expérience sensorielle, principe fondamental de la pensée de John Locke. Ils privilégiaient l’intuition comme voie privilégiée d’accès à la vérité. Ils réfutaient l’idée que l’esprit humain soit une page blanche attendant d’être remplie par les sens, affirmant qu’il était un acteur de la compréhension du monde, capable d’accéder directement à des intuitions profondes. L’essai d’Emerson, « Self-Reliance », souligne qu’il faut faire confiance à sa voix intérieure plutôt qu’à l’autorité ou à la tradition. Ils ne rejetaient pas entièrement la raison, mais la considéraient comme secondaire par rapport à cette faculté intuitive, qui, selon eux, permettait d’accéder à l’éternel et à l’infini. Ce mélange de métaphysique et d’épistémologie nourrissait leur optimisme quant au potentiel humain, semant les graines de ce qui allait devenir le mouvement du potentiel humain.
Le transcendantalisme s’inspire du romantisme et du platonisme. Le gnosticisme et le transcendantalisme partagent également des points communs philosophiques fascinants.
Le transcendantalisme, apparu au XIXe siècle aux États-Unis avec des penseurs comme Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau, met l’accent sur l’intuition individuelle, la bonté intrinsèque de la nature et une connexion directe et personnelle avec le divin ou la vérité universelle. Profondément optimiste, il rejette les dogmes rigides et l’autorité institutionnelle au profit de l’autonomie et d’une confiance quasi mystique en son for intérieur.
Bien que n’étant pas explicitement gnostiques, ces courants partagent certaines idées. Tous deux privilégient la connaissance personnelle et intuitive à l’autorité extérieure. L’importance accordée par le gnosticisme à l’éveil intérieur trouve un écho dans la conviction du transcendantalisme que la vérité réside en chaque individu, et non dans les églises ou les normes sociales. Tous deux flirtent également avec une forme de dualisme : la séparation, propre au gnosticisme, entre le matériel et le spirituel trouve un parallèle plus subtil dans la tension, propre au transcendantalisme, entre la civilisation profane et la nature sublime. Tous deux encouragent la quête individuelle d’une vérité supérieure, au-delà des apparences.
Le transcendantalisme fut également fortement influencé par le romantisme et l’idéalisme platonicien. Apparu en Europe à la fin du XVIIIe siècle, le romantisme privilégiait l’émotion, l’imagination et le respect de la nature, en réaction à la froide rationalité des Lumières et à l’industrialisation brutale de l’époque. Lorsqu’il traversa l’Atlantique, il trouva un écho favorable dans la mentalité américaine, et le transcendantalisme devint l’une de ses ramifications les plus singulières.
Au fond, le romantisme célébrait le monde intérieur de l’individu, notamment les sentiments, l’intuition et le sens du sublime, au détriment du mécanique et du rationnel. Les transcendantalistes comme Emerson et Thoreau s’en sont emparés. Dans ses essais, comme “Nature” (1836), Emerson décrit une expérience en forêt où il se sent « partie intégrante de Dieu », un moment d’union extatique avec la nature qui exprime l’émerveillement romantique et s’inscrit dans la tradition religieuse extatique. “Walden” de Thoreau est une autre œuvre emblématique du romantisme.

Les romantiques percevaient la nature comme une force vivante et spirituelle, à l’instar de la religion Gaïa des théosophes qui évoquent la « source ». La poésie de Wordsworth et les écrits de Shelley en témoignent. Les transcendantalistes, quant à eux, divinisaient la nature. Emerson soutenait que le monde matériel reflète le monde spirituel, ce qui révèle une dimension panthéiste de l’idéal romantique.
Le transcendantalisme pourrait être considéré comme un prolongement du romantisme, avec son accent sur l’intuition, la sanctification de la nature, l’élévation panenthéiste de l’individu, autant d’éléments tirés directement du manuel romantique, adaptés à un monde nouveau.
Le platonisme, dont les racines plongent dans l’œuvre de Platon (vers 428-348 av. J.-C.), repose sur l’idée d’une double réalité. D’un côté, le monde physique que nous percevons, imparfait, éphémère, un royaume d’ombres ; de l’autre, le monde éternel et immuable des Formes ou Idées, où réside la « véritable perfection ». Platon illustre cette dualité par son « Allégorie de la caverne », suggérant que nous sommes tous prisonniers, prenant des images vacillantes pour la réalité, jusqu’à ce que nous nous extirpions de cette prison pour saisir le Bien, la Forme suprême qui illumine toute chose. Pour Platon, la raison et le dialogue philosophique sont les voies de sortie ; l’intuition est présente, certes, mais encadrée par la logique (ou gnose).
Le transcendantalisme partage cette aspiration à quelque chose qui transcende le matériel. Ses adeptes perçoivent le monde physique comme le reflet chatoyant d’une unité supérieure, ce qu’Emerson nomme la « sur-âme ». À l’instar du platonisme, il s’agit de transcender le quotidien, mais son essence est moins cérébrale et plus viscérale. Là où Platon s’appuie sur une dialectique rigoureuse, les transcendantalistes font confiance à leur intuition et aux « murmures de la nature ». Le moment où Emerson devient un « œil transparent » dans “Nature”, absorbant le divin par la simple expérience, paraît plus poétique que l’ascension structurée de Platon.
Dans le platonisme, le monde physique, y compris la nature, est une pâle copie des Formes, utilisée comme symbole. Par exemple, un arbre n’est qu’une ombre de la « Terre ». Le transcendantalisme partage cette importance accordée à la nature, mais inverse la représentation platonicienne, la déclarant un sermon vivant et établissant un lien direct avec l’infini. En définitive, je trouve que le transcendantalisme a approfondi les cadres philosophiques nominalistes et subjectifs qui, aujourd’hui, pervertissent le réalisme et la perception de la vérité. ◼






