Le 3 juin 2025, le gouvernement fédéral a déposé le projet de loi C-2, Loi concernant certaines mesures relatives à la sécurité de la frontière entre le Canada et les États-Unis et d’autres mesures de sécurité connexes. Ce projet de loi omnibus, s’il est adopté, introduirait un large éventail de nouveaux pouvoirs pour les organismes fédéraux et les organismes d’application de la loi, et réformerait en profondeur les lois de fond et les lois sur l’application régulière de la loi au Canada pour les migrants et les demandeurs d’asile. Il est bien connu que le projet de loi C-2 est déposé au moment où le gouvernement canadien a entamé des négociations avec les États-Unis sur des questions de commerce et de sécurité.
Depuis plusieurs années, les chercheurs du Citizen Lab étudient les pratiques et les cadres de surveillance transfrontalière à travers le monde, y compris, plus récemment, les éventuels cadres de partage de données transfrontalier entre les autorités policières étrangères. Les risques pour les droits de la personne sont particulièrement importants lorsqu’il s’agit du partage potentiel d’informations privées et sensibles avec des gouvernements et des autorités policières étrangers. Les autorités canadiennes connaissent bien les conséquences tragiques que le partage inapproprié de données avec des autorités étrangères peut infliger, même à des personnes innocentes. La détention, l’extradition et la torture de Maher Arar après que les autorités canadiennes ont partagé des informations inappropriées et inexactes avec les autorités américaines constituent un « exemple effrayant des dangers d’un partage inconditionnel d’informations ». La Commission d’enquête sur les actions des responsables canadiens relativement à Maher Arar a reconnu à juste titre que le partage d’informations avec des autorités étrangères « est un exercice hautement sensible et potentiellement risqué ». En outre, en l’absence de garanties solides en matière de droits de l’homme, les États étrangers sont également en mesure de tirer parti des procédures juridiques en vigueur dans les pays respectueux des droits afin de se livrer à des actes de répression transnationale.
Malgré le contexte plus large des négociations entre le Canada et les États-Unis, les déclarations publiques du gouvernement fédéral concernant le projet de loi C-2 – y compris le résumé officiel du ministre de la Sécurité publique – ont étonnamment peu abordé l’impact de ce projet de loi sur les obligations potentielles du Canada envers les États-Unis en matière de partage de données. Cette lacune explicative est notable, car les nouveaux pouvoirs proposés semblent avoir des répercussions considérables sur le partage de données, que le gouvernement fédéral n’a pas encore reconnues publiquement lors du dépôt du projet de loi.
Bien que le projet de loi C-2 n’indique pas explicitement qu’il ouvre la voie à un partage de données nouveau et élargi avec les États-Unis ou d’autres pays, la législation contient des références à la possibilité d’« accords ou d’arrangements » avec un État étranger, et fait référence ailleurs à la possibilité que des personnes au Canada soient contraintes par les lois d’un État étranger de divulguer des renseignements. D’autres pouvoirs en matière de données et de surveillance prévus dans le projet de loi C-2 semblent avoir été rédigés par des responsables américains.
De plus, en réponse aux questions posées lors d’une séance d’information technique sur le projet de loi C-2 organisée par Justice Canada le 9 juin 2025, des représentants de Justice Canada ont reconnu aux personnes présentes que certaines dispositions du projet de loi C-2 visaient à permettre au Canada de mettre en œuvre et de ratifier un nouveau traité sur le partage de données, connu publiquement sous le nom de « Deuxième Protocole additionnel » à la Convention de Budapest (« D2PA »). La séance d’information a reconnu que d’autres outils de « coopération » transfrontalière étaient envisageables.
La reconnaissance discrète par le gouvernement fédéral de l’introduction de nouvelles dispositions du projet de loi C-2 pour la mise en œuvre du traité 2AP soulève des questions plus vastes quant à l’ampleur des répercussions du projet de loi C-2 sur le partage de données avec les autorités policières américaines. Le projet de loi C-2 est déposé alors que l’on sait que le gouvernement canadien mène des négociations à huis clos avec les États-Unis au sujet d’un éventuel accord bilatéral de partage de données entre les autorités policières canadiennes et américaines, en vertu d’une loi américaine appelée Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act (« Cloud Act »).
Par conséquent, cette analyse préliminaire du projet de loi C-2 situe la législation dans le contexte des recherches existantes du Citizen Lab sur deux traités potentiels de partage de données qui sont les plus pertinents aux nouveaux pouvoirs proposés introduits dans le projet de loi C-2. La partie 2 présente les recherches du Citizen Lab analysant les implications constitutionnelles et des droits de la personne du PA2. Ces recherches ont été soumises dans le cadre de la consultation de 2024 du ministère de la Justice sur la ratification du traité par le Canada. La partie 3 relie les pouvoirs proposés du projet de loi C-2 à la récente analyse du Citizen Lab sur les implications constitutionnelles et des droits de la personne d’un éventuel accord CLOUD Act avec les États-Unis. Les parties 2 et 3 soulignent les importantes implications pour la démocratie, l’intérêt public et les droits de la personne si le Canada devait assumer ces nouvelles obligations de partage de données envers les autorités policières étrangères. Par conséquent, les parties 4 et 5 concluent en soulevant des questions plus larges concernant l’incapacité actuelle du public et du Parlement à évaluer de manière significative les nouveaux pouvoirs complexes et conséquents du projet de loi C-2, compte tenu du manque actuel de transparence du gouvernement fédéral quant à son intention en ce qui concerne les nouvelles obligations potentielles de partage de données envers les États-Unis ou d’autres pays.
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).





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