Je partage avec mes lecteurs un article de Robert Reich publié le 11 février dernier sur sa plateforme Substack, intitulé “Fraud and Musk” (La fraude et Elon Musk). Robert Reich est un universitaire et homme politique américain, professeur à l’université de Berkeley. Il a été secrétaire au Travail entre 1993 et 1997 dans l’administration du président Bill Clinton.
⭐ J’ai besoin de votre soutien. N’hésitez pas à faire un don en cliquant ici. 💛💛Le régime Trump-Musk accuse des fonctionnaires fédéraux de fraude, sans aucune preuve, tout en permettant aux entreprises de payer des fonctionnaires étrangers, en abandonnant les accusations de corruption contre le maire Eric Adams, en graciant un ancien gouverneur de l’Illinois qui a tenté de vendre son siège au Sénat, et en mettant fin aux enquêtes sur le trafic d’influence étrangère aux États-Unis.
En d’autres termes, Trump et Musk ont déclaré la saison ouverte à la fraude et à la corruption réelles.
Lundi soir, Trump a signé un décret mettant fin aux enquêtes et aux poursuites pour corruption d’entreprise dans les pays étrangers en vertu du Foreign Corrupt Practices Act de 1977.
Aujourd’hui, Elon Musk a pris la parole dans le Bureau ovale, affirmant que les réductions drastiques des effectifs fédéraux étaient justifiées parce qu’elles étaient en proie à la fraude. J’ai passé plus d’une douzaine d’années au sein du gouvernement fédéral et je peux vous dire que la grande majorité des fonctionnaires avec lesquels j’ai eu l’honneur de travailler sont dévoués et travailleurs. Ils fournissent des services essentiels aux Américains et les protègent des malversations des entreprises.
Que la personne la plus riche du monde se voie confier une tribune dans le Bureau ovale pour mettre en doute son intégrité est plus que honteux. Elon Musk a l’intégrité d’une limace. Depuis que Trump a été élu président, sa fortune a augmenté de 270 milliards de dollars. Si vous pensez qu’il s’agit d’un accident, vous n’avez pas fait attention.
Lorsque Trump a prêté serment, les six sociétés d’Elon Musk étaient soumises à plus de 32 enquêtes en cours menées par au moins 11 agences fédérales, selon une étude du New York Times. La plupart de ces affaires sont désormais closes ou sont susceptibles de l’être bientôt, et les agences qui les ont initiées sont déstabilisées par Musk et Trump. Ce qui signifie que les entreprises d’Elon Musk valent bien plus cher parce qu’elles ne sont plus soumises aux contraintes du gouvernement. Et en tant qu’actionnaire majoritaire, c’est Musk qui en est le grand gagnant.
Les poursuites contre Musk et ses sociétés comprennent un procès devant la Securities and Exchange Commission accusant Musk et ses sociétés d’avoir violé les lois fédérales sur les valeurs mobilières et un procès intenté par la Federal Aviation Administration l’accusant, lui et sa société de fusées, Space X, d’avoir violé la sécurité des travailleurs.
Lorsque le vaisseau spatial Starship de SpaceX a explosé en janvier, provoquant une pluie de débris au-dessus des Caraïbes, la Federal Aviation Administration a cloué au sol le programme de fusée et ordonné une enquête — la dernière d’une série de mesures prises par l’agence contre SpaceX. « La sécurité est au cœur de toutes nos actions à la FAA », a déclaré le conseiller juridique en chef de l’agence après avoir proposé 633 000 dollars d’amendes pour des violations présumées liées à deux lancements précédents. « Le non-respect par une entreprise des exigences de sécurité entraînera des conséquences. »
Elon Musk a accusé l’agence de se livrer à une « guerre juridique » et a menacé de la poursuivre en justice pour « excès de pouvoir réglementaire ». « Le problème fondamental est que l’humanité sera à jamais confinée sur Terre à moins qu’une réforme radicale ne soit mise en place à la FAA ! », a écrit Elon Musk sur X. Bien que l’on ne sache pas exactement quels changements Musk réserve à la FAA, les employés actuels et anciens s’attendent à ce qu’il se concentre sur la partie de l’agence qui réglemente sa société de fusées : l’Office of Commercial Space Transportation, connu sous le nom d’AST.
Lorsque Trump a pris ses fonctions, le National Labor Relations Board (NRC) a mené 24 enquêtes distinctes sur les entreprises d’Elon Musk pour violation des droits des travailleurs. Mais Trump a licencié trois responsables de cette agence, dont un membre du conseil d’administration, ce qui a mis fin à la capacité de l’agence à statuer sur les affaires. Presto, Musk et ses entreprises sont libres.
Les responsables de l’administration Trump ont également réduit la surveillance des efforts d’influence étrangère visant les États-Unis et remplacé le plus haut fonctionnaire du ministère de la Justice chargé des affaires de corruption. Qui sait combien d’enquêtes sur les entreprises mondiales d’Elon Musk ont pu être clôturées ?
Tout ce que nous savons avec certitude, c’est qu’Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, qui accuse les fonctionnaires fédéraux de fraude, dont les jeunes sbires ont désormais accès au système de paiement du Trésor et que Trump a autorisé à procéder à des réductions draconiennes des effectifs fédéraux, gagnera des dizaines de milliards de plus.
Voilà à quoi ressemble l’oligarchie.
Nous assistons à un coup d’État aux États-Unis. Le pire à est venir…
LA MAISON-BLANCHE, le 11 février 2025 ― Elon Musk rejoint Trump dans le bureau ovale pour signer de nouveaux décrets et répondre aux questions de la presse. [Conférence intégrale]
➽ À propos de Robert Bernard Reich
Robert Bernard Reich (né le 24 juin 1946) est un professeur, écrivain, avocat et commentateur politique américain. Il a travaillé dans les administrations des présidents Gerald Ford et Jimmy Carter, et a été secrétaire au Travail de 1993 à 1997 dans le cabinet du président Bill Clinton. Il a également été membre du conseil consultatif de transition économique du président Barack Obama.
Reich est professeur de politique publique à la Goldman School of Public Policy de l’université de Californie à Berkeley depuis janvier 2006. Il a été chargé de cours à la John F. Kennedy School of Government de l’université de Harvard et professeur de politique sociale et économique à la Heller School for Social Policy and Management de l’université de Brandei. En 2008, le magazine Time l’a nommé l’un des dix meilleurs membres du cabinet du siècle et la même année, le Wall Street Journal l’a placé au sixième rang de sa liste des penseurs d’affaires les plus influents.
Reich a publié de nombreux livres, dont les best-sellers “The Work of Nations” (1991), “Reason” (2004), “Aftershock” (2010), “Beyond Outrage” (2012) et “Saving Capitalism” (2015). Le film de Robert Reich et Jacob Kornbluth Saving Capitalism a fait ses débuts sur Netflix en 2017, et leur film Inequality for All a remporté un US Documentary Special Jury Award for Achievement in Filmmaking au Sundance Film Festival 2013. Il est président émérite du conseil d’administration de Common Cause et tient un blog sur Robertreich.org.
Récompenses :
- Prix Bruno-Kreisky, meilleur livre politique de l’année (Supercapitalism), 2009.
- Prix VIZE 97 de la Fondation Václav Havel, octobre 2003, pour ses écrits en économie et en politique.
- Prix Louis Brownlow (meilleur livre sur l’administration publique), National Academy of Public Administration, 1984.
« Cher Monsieur. Vos articles sont criants de vérité… Étayés et sourcés. Merci d'exister ! Vous êtes un des rares journalistes d'investigation encore libre ! J'espère que les peuples vont se réveiller pour refuser cet avenir monstrueux pour nos enfants. »