Suite à mon dernier article en lien avec le géocentrisme par rapport à l’héliocentrisme, un internaute prénommé Christophe publia un commentaire concernant le modèle de notre système géohéliocentrique binaire Soleil Mars promu par Simon Shack. Ce modèle est hérité de l’astronome danois Tycho Brahe, amélioré par Christian Sørensen Longomontanus ou encore Giovanni Battista Riccioli. Le système tychonique est conceptuellement un modèle géocentrique : la Terre est au centre de l’univers, le Soleil et la Lune et les étoiles tournent autour de la Terre, et les cinq autres planètes tournent autour du Soleil. En même temps, les mouvements des planètes sont mathématiquement équivalents aux mouvements du système héliocentrique de Copernic sous une simple transformation de coordonnées, de sorte que, tant qu’aucune loi de force n’est postulée pour expliquer pourquoi les planètes se déplacent comme décrit, il n’y a pas raison mathématique de préférer le système tychonique ou copernicien. Le système binaire géoaxial de Shack, nommé TYCHOS, résoudrait pas moins de 40 anomalies du modèle héliocentrique pur laissées en déshérence. Comme l’écrit Christophe, « ne riez pas trop vite, c’est peut-être la plus grande révolution cosmologique depuis Copernicus. »
Deux jours plus tard, j’ai reçu un message par courriel de la part de l’ancien professeur d’économie à l’IEP de Paris, Gérard Thoris, auteur de “Analyse économique des systèmes” (1997). Celui-ci m’écrivait en substance : « Bonjour monsieur Boulianne. Vous évoquez plus ou moins régulièrement la question du géocentrisme. Le problème peut être posé de la manière suivante : 1. La terre est-elle plate ou ronde ? 2. Si elle est ronde, est-elle au centre de notre système solaire ou non. Il s’avère que j’ai lu l’ouvrage de Simon Shack (un pseudonyme), intitulé “The TYCHOS: Our Geoaxial Binary System”. L’auteur repart du modèle de Tycho Brahe modifié par Longomontanus et modifié par lui-même pour avancer une ingénieuse synthèse qui semble solutionner toutes les apories (que j’ignorais) du système héliocentrique. Je n’ai aucune compétence pour juger du fond de l’affaire, même si je trouve que la proposition est élégante, ce qui est aussi un critère de vérité dans les sciences. » M. Thoris joignit à son message un texte qu’il a rédigé et que je reproduis ci-dessous avec son aimable autorisation, ainsi qu’une photo instantanée de ce que donne le système binaire géoaxial de Simon Shack en termes de position des planètes à travers le temps.
Concernant Simon (Shack) Hytten, il est l’unique auteur de cette nouvelle interprétation de notre système solaire, basée sur des théorèmes cosmologiques anciens et récents et sur des observations astronomiques. Il est un chercheur indépendant, sans aucun lien ni affiliation avec une quelconque entité, et il a mené cette étude de dix ans dans une parfaite solitude, avec un budget nul. Il écrit : « Je me sens chanceux de n’avoir aucun diplôme universitaire à proprement parler, car ce “handicap” a peut-être facilité ce que j’avais idéalement entrepris de faire depuis le premier jour, à savoir mener une enquête nouvelle et impartiale sur le domaine de l’astronomie, libre de toute idée préconçue, de doctrines bien ancrées ou de croyances dogmatiques. » Simon Hytten est à moitié norvégien et à moitié suédois et il vit actuellement à la campagne près de Rome (Italie) avec son chien, Mira. Simon « Shack » est son nom d’artiste officiellement enregistré auprès du syndicat des musiciens suédois (STIM) depuis 1993. Il a participé en tant que conférencier au Renewal of Science Conference qui eut lieu du 31 octobre au 2 novembre 2024 au Computer History Museum (CHM) situé à Mountain View, en Californie.
➽ Révolution anti-copernicienne, par Gérard Thoris
Et Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années » (Genèse 1:14). Quelques jours plus tard, Dieu se reposa de toute l’œuvre qu’il avait faite. Et voici ce qu’il contempla après seulement sept mille ans, en supposant que son œil divin ait gardé la trace du déplacement des astres de notre système solaire… Par bonheur, cela est un peu plus artistique que la mécanique céleste qui domine la recherche astronomique occidentale depuis Nicolas Copernic (1473-1543) et Isaac Newton (1642-1727) où l’on va, comme chacun sait, du même au même dans les siècles des siècles.
Comment passer de l’un à l’autre ?
C’est le travail effectué par Simon Shack publié dans “The TYCHOS: Our Geoaxial Binary System” (2023) librement accessible sur https:// www.tychos.space.
Pour aller à l’essentiel, l’auteur part du modèle géo-héliocentrique de Tycho Brahe (1546-1691) ― la terre est immobile ― amélioré par son assistant Christian Sorensen Longomontanus (1542-1647) ― la terre immobile tourne sur elle-même. Il y ajoute une rotation de la terre autour d’un cercle qu’il dénomme PVP pour son alignement sur les étoiles Polaris-Vega-Polaris.
A l’arrivée, notre système solaire a des caractéristiques originales inattendues. Comme ce qui apparait de plus en plus être une caractéristique générale de l’ensemble du système stellaire, notre système solaire est binaire. En d’autres termes, à l’étoile principale (le soleil) correspond une étoile secondaire (ici Mars). Cette ensemble soleil-mars gravite, chacun sur son orbite, dans le sens contraire des aiguilles d’une montre autour de son barycentre constitué de l’ensemble terre-lune, lui-même en rotation dans le sens des aiguilles du montre. La rotation complète de la terre s’effectue en 25344 années solaires. Dans ce modèle, Vénus et Mercure sont des lunes du soleil.
Au nom de quoi faudrait-il remettre en cause le modèle copernicien ?
Dans la présentation ordinaire du modèle copernicien, la mécanique céleste est bien huilée et rien ne la perturbe. Dans les milieux de l’astronomie, au contraire, une multitude d’apories anime les débats scientifiques. Les conflits portent particulièrement sur la cohérence entre les modèles mathématiques et l’observation des faits. Or, le modèle proposé par Simon Shack résout la totalité de ces apories. C’est ce que l’auteur explique dans plus de dix chapitres de son livre. Il y est aidé par un simulateur mis au point par Patrik Holmqvist et dont les résultats sont extrêmement convaincants. En épistémologie des sciences, il est reconnu qu’un modèle explicatif plus simple et plus élégant constitue un progrès par rapport à un modèle explicatif rendu complexe par la multitude des ajouts rendus nécessaire pour assurer la cohérence entre ce qui est perçu et ce qui est expliqué.
Qu’en sera-t-il néanmoins…
L’Occident a mis les sciences à l’encan. Théoriquement, le mieux disant en termes scientifiques l’emporte sur les autres. C’est l’objet des comités de lecture des revues. Si la réalité était conforme à ce projet, Simon Shack aurait devant lui un avenir glorieux. En fait, il s’agit d’un chercheur indépendant de toute instance universitaire et son travail remet en cause bien des positions établies. Il ne semble pas qu’il ait, à ce jour, bénéficié d’une invitation dans les instances officielles du savoir.
➽ Une introduction générale au modèle TYCHOS
Le modèle TYCHOS est un modèle révisé de notre système solaire. Sa configuration orbitale de base est basée sur le modèle semi-tychonien tel que défini par Longomontanus dans son Astronomia Danica (1622), une œuvre monumentale considérée comme le « testament » de Tycho Brahe. Bien que les modèles semi-tychonien et TYCHOS soient géométriquement similaires, ils diffèrent considérablement dans le sens où le second attribue une orbite à la Terre – tandis que le premier considère la Terre comme un corps céleste immobile (bien qu’en rotation diurne).
Le TYCHOS soutient que le Soleil et Mars (dont les orbites, dans le modèle semi-tychonien, se croisent) sont en fait un système binaire, à l’image de la grande majorité des systèmes stellaires qui nous entourent. Il est à noter, à titre de comparaison pertinente, que le système binaire Sirius est composé de deux corps (Sirius A et Sirius B) dont les diamètres observés, très inégaux, sont, proportionnellement parlant, pratiquement identiques à ceux du Soleil et de Mars. Dans le TYCHOS, la Terre est située au barycentre de notre duo binaire Soleil-Mars ; elle tourne autour de son axe une fois par jour et tourne à environ 1,5 km/h autour de son orbite circulaire “PVP” une fois toutes les 25344 années solaires. “PVP” signifie Polaris-Vega-Polaris, les deux « étoiles du Nord » les plus remarquables sous lesquelles la Terre transite au cours de son voyage de 25344 ans, communément appelé « précession des équinoxes ».
Dans le système TYCHOS, le Soleil et Mars sont tous deux escortés par une paire de lunes (Mercure et Vénus et Phobos et Deimos) qui sont toutes en synchronisation avec leurs hôtes respectifs – tout comme notre propre Lune est en synchronisation avec la Terre. Un autre trait commun de ces cinq lunes est leur vitesse de rotation exceptionnellement lente (autour de leurs axes). La période synodique de notre propre Lune est le plus grand diviseur commun des périodes orbitales de tous les corps célestes de notre système : par exemple, notre Lune, Mercure, Vénus et Mars présentent une résonance orbitale de 1 : 4 : 20 : 25. À son tour, la valeur moyenne (12,5) de ce quatuor (c’est-à-dire 1+4+20+25=50/4=12,5) reflète la résonance orbitale entre notre Lune et le Soleil (1 : 12,5). Ce schéma remarquable s’étend à nos planètes extérieures, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton, qui sont respectivement synchronisées avec la période synodique orbitale de notre Lune dans un rapport de 1: 150: 375: 1050: 2062,5: 3100. Il convient de noter que ces résonances orbitales multiples exactes ne deviennent apparentes mathématiquement que si l’on prend en compte le mouvement de la Terre à 1,5 km/h, tel que postulé par le modèle TYCHOS.
Une série d’énigmes astronomiques de longue date (mais toujours non résolues à ce jour) sont résolues efficacement par les principes fondamentaux du modèle TYCHOS. Des questions anciennes mais toujours d’actualité telles que « les expériences ratées de Michelson-Morley », « l’aberration de la lumière » de James Bradley, « la précession anormale du périhélie de Mercure », le curieux analemme en forme de 8 (et notre besoin de « l’équation du temps »), pourquoi seuls Mercure et Vénus n’ont pas de lune, pourquoi Mars et le Soleil présentent des cycles de 79 ans, pourquoi la rotation de la Terre semble décélérer et sa précession équinoxiale s’accélérer, pourquoi notre ceinture d’astéroïdes principale est située entre Mars et Jupiter (et pourquoi elle existe même) trouvent toutes des réponses sensées et directes lorsqu’elles sont évaluées dans le cadre du paradigme holistique TYCHOS. Le plus important est peut-être que la soi-disant parallaxe stellaire négative, jusqu’à présent inexplicable (présente par 25 % de nos étoiles) ainsi que le nombre déconcertant d’étoiles enregistrant une parallaxe nulle (près de 50 % !) peuvent être démontrés comme des corollaires naturels de la géométrie de TYCHOS. En d’autres termes, l’existence mystérieuse de trois types de parallaxe stellaire (positive, négative et nulle) est tout à fait prévisible dans le modèle TYCHOS.
En revanche, il est démontré que le modèle copernicien/képlérien de notre système solaire ne peut pas représenter la réalité physique de notre cosmos – car il viole certaines des lois les plus élémentaires de la perspective qui régissent le domaine optique/spatial de nos perceptions humaines. Divers exemples sont fournis pour illustrer l’absurdité inhérente à la géométrie héliocentrique actuelle, largement acceptée, comme l’absence observée de parallaxe entre deux corps relativement proches (par exemple la Terre et Mars – ou la Terre et notre Lune) et les étoiles lointaines – alors qu’ils sont tous deux supposés (selon la théorie copernicienne) se déplacer latéralement de plusieurs millions de kilomètres. D’un autre côté, de telles aberrations apparentes des perspectives longitudinales relatives – ainsi que d’autres incongruités liées aux latitudes planétaires saisonnières (c’est-à-dire aux déclinaisons célestes) – se révèlent tout à fait cohérentes avec la configuration géométrique, la mécanique céleste et les vitesses orbitales proposées par le modèle TYCHOS. À la lumière de cela, le TYCHOS apparaît comme plus qu’une simple interprétation alternative du vaste corpus d’observations astronomiques documentées de notre cosmos voisin : il est aujourd’hui le seul modèle existant de notre système solaire cohérent avec l’expérience empirique et les réalités les plus consolidées de notre monde physique.
Vous pouvez consulter le site web du système binaire géoaxial et discuter du modèle Tychos sur le forum dédié. Vous pouvez aussi lire en ligne le livre “The TYCHOS: Our Geoaxial Binary System” (en anglais), le télécharger au format PDF ou l’acheter au format papier dans la boutique Lulu.com.
➽ À propos du système tychonique (ou système tychonien)
Le système tychonique (ou système tychonien) est un modèle de l’univers publié par Tycho Brahe en 1588, qui combine ce qu’il considérait comme les avantages mathématiques du système copernicien avec les avantages philosophiques et « physiques » du système ptolémaïque. Le modèle a peut-être été inspiré par Valentin Naboth et Paul Wittich, un mathématicien et astronome silésien. Un modèle cosmologique similaire a été proposé indépendamment dans le traité astronomique hindou Tantrasamgraha (vers 1500) par Nilakantha Somayaji de l’école d’astronomie et de mathématiques du Kerala.
Il s’agit d’un modèle conceptuel géocentrique, ou plus précisément géohéliocentrique : la Terre est au centre de l’univers, le Soleil, la Lune et les étoiles tournent autour de la Terre, et les cinq autres planètes tournent autour du Soleil. En même temps, les mouvements des planètes sont mathématiquement équivalents aux mouvements du système héliocentrique de Copernic sous une simple transformation de coordonnées, de sorte que, tant qu’aucune loi de force n’est postulée pour expliquer pourquoi les planètes se déplacent comme décrit, il n’y a aucune raison mathématique de préférer le système tychonien ou le système copernicien.
Motivation du système Tychonique
Tycho admirait certains aspects du modèle héliocentrique de Copernic, mais estimait qu’il posait des problèmes en ce qui concerne la physique, les observations astronomiques des étoiles et la religion. À propos du système copernicien, Tycho écrivait :
« Cette innovation contourne habilement et complètement tout ce qu’il y a de superflu ou de discordant dans le système de Ptolémée. Elle n’offense en aucun point le principe des mathématiques. Elle attribue cependant à la Terre, ce corps massif, paresseux et impropre au mouvement, un mouvement aussi rapide que celui des torches éthérées, et un triple mouvement encore. »
(Le « triple mouvement » fait référence à sa rotation quotidienne, à sa révolution annuelle et à sa précession axiale.)
En ce qui concerne la physique, Tycho soutenait que la Terre était tout simplement trop lente et trop lourde pour être continuellement en mouvement. Selon la physique aristotélicienne acceptée de l’époque, les cieux (dont les mouvements et les cycles étaient continus et sans fin) étaient faits d’« Éther » ou de « Quintessence » ; cette substance, introuvable sur Terre, était légère, forte et immuable, et son état naturel était le mouvement circulaire. En revanche, la Terre (où les objets semblent avoir du mouvement uniquement lorsqu’ils sont déplacés) et les choses qui s’y trouvent étaient composées de substances lourdes et dont l’état naturel était le repos. Par conséquent, la Terre était considérée comme un corps « paresseux » qui ne se déplaçait pas facilement. Ainsi, bien que Tycho reconnaisse que le lever et le coucher quotidiens du Soleil et des étoiles pouvaient s’expliquer par la rotation de la Terre, comme l’avait dit Copernic,
« un mouvement aussi rapide ne saurait appartenir à la terre, corps très lourd, dense et opaque, mais appartient plutôt au ciel lui-même dont la forme et la matière subtile et constante sont mieux adaptées à un mouvement perpétuel, si rapide soit-il. »
En ce qui concerne les étoiles, Tycho pensait également que si la Terre tournait autour du Soleil chaque année, il devrait y avoir une parallaxe stellaire observable sur une période de six mois, au cours de laquelle l’orientation angulaire d’une étoile donnée changerait en raison du changement de position de la Terre (cette parallaxe existe, mais elle est si petite qu’elle n’a été détectée qu’en 1838, lorsque Friedrich Bessel a découvert une parallaxe de 0,314 seconde d’arc de l’étoile 61 Cygni). L’explication copernicienne de cette absence de parallaxe était que les étoiles étaient si éloignées de la Terre que l’orbite de la Terre était presque insignifiante en comparaison. Cependant, Tycho a noté que cette explication introduisait un autre problème : les étoiles vues à l’œil nu semblent petites, mais d’une certaine taille, les étoiles les plus proéminentes comme Vega apparaissant plus grandes que les étoiles plus petites comme Polaris, qui à leur tour semblent plus grandes que beaucoup d’autres. Tycho avait déterminé qu’une étoile typique mesurait environ une minute d’arc de taille, les plus proéminentes étant deux ou trois fois plus grandes. Dans une lettre adressée à Christoph Rothmann, un astronome copernicien, Tycho a utilisé la géométrie de base pour montrer que, en supposant une petite parallaxe qui échappe de peu à la détection, la distance aux étoiles du système copernicien devrait être 700 fois plus grande que la distance entre le Soleil et Saturne. De plus, la seule façon dont les étoiles pourraient être si éloignées et toujours apparaître de la taille qu’elles ont dans le ciel serait que même les étoiles moyennes soient gigantesques – au moins aussi grandes que l’orbite de la Terre, et bien sûr bien plus grandes que le Soleil (la plupart des étoiles visibles à l’œil nu sont des géantes, des supergéantes ou de grandes étoiles brillantes de la séquence principale). Et, a déclaré Tycho, les étoiles les plus importantes devraient être encore plus grandes. Et si la parallaxe était encore plus petite que quiconque ne le pensait, de sorte que les étoiles étaient encore plus éloignées ? Alors elles devraient toutes être encore plus grandes. Tycho a déclaré : « Déduisez ces choses géométriquement si vous le voulez, et vous verrez combien d’absurdités (pour ne pas en mentionner d’autres) accompagnent cette hypothèse [du mouvement de la terre] par inférence. »
Les coperniciens ont proposé une réponse religieuse à la géométrie de Tycho : des étoiles titanesques et lointaines pouvaient sembler déraisonnables, mais elles ne l’étaient pas, car le Créateur pouvait faire ses créations aussi grandes s’il le voulait. En fait, Rothmann a répondu à cet argument de Tycho en disant :
« Qu’y a-t-il d’absurde à ce que [une étoile moyenne] ait une taille égale à celle de la Terre ? Qu’est-ce qui est contraire à la volonté divine, impossible par la nature divine, ou inadmissible par la nature infinie ? Il faut que vous démontriez entièrement ces choses, si vous voulez en déduire quelque chose d’absurde. Ces choses que les gens vulgaires trouvent absurdes au premier abord ne sont pas facilement taxées d’absurdités, car en réalité la sagesse et la majesté divines sont bien plus grandes qu’ils ne le pensent. Admettez que l’immensité de l’univers et la taille des étoiles soient aussi grandes que vous le souhaitez, elles ne seront toujours pas proportionnées au Créateur infini. Il estime que plus le roi est grand, plus le palais qui convient à sa majesté est grand et vaste. Alors, quelle est la grandeur d’un palais qui convient à Dieu ? »
La religion a également joué un rôle dans le géocentrisme de Tycho : il s’est appuyé sur l’autorité des Écritures pour décrire la Terre comme étant au repos. Il utilisait rarement les arguments bibliques seuls (ils constituaient pour lui une objection secondaire à l’idée du mouvement de la Terre) et, au fil du temps, il s’est concentré sur les arguments scientifiques, mais il prenait les arguments bibliques au sérieux. Tycho a proposé comme alternative au système géocentrique de Ptolémée un système “géohéliocentrique” (aujourd’hui connu sous le nom de système tychonien), qu’il a développé à la fin des années 1570. Dans un tel système, le Soleil, la Lune et les étoiles tournent autour d’une Terre centrale, tandis que les cinq planètes gravitent autour du Soleil. La différence essentielle entre les cieux (y compris les planètes) et la Terre demeure : le mouvement reste dans les cieux éthérés ; l’immobilité reste avec la lourde et paresseuse Terre. C’était un système qui, selon Tycho, ne violait ni les lois de la physique ni les écritures sacrées, avec des étoiles situées juste au-delà de Saturne et de taille raisonnable.
Les précurseurs du géohéliocentrisme
Tycho n’a pas été le premier à proposer un système géohéliocentrique. On pensait autrefois qu’Héraclide au IVe siècle av. J.-C. avait suggéré que Mercure et Vénus tournaient autour du Soleil, qui à son tour (avec les autres planètes) tournait autour de la Terre. Macrobe Ambrosius Theodosius (395–423 apr. J.-C.) a plus tard décrit cela comme le « système égyptien », affirmant qu’il « n’a pas échappé à l’habileté des Égyptiens », bien qu’il n’y ait aucune autre preuve qu’il était connu dans l’Égypte ancienne. La différence était que le système de Tycho avait toutes les planètes (à l’exception de la Terre) tournant autour du Soleil, au lieu de seulement les planètes intérieures de Mercure et de Vénus. À cet égard, il a été anticipé au XVe siècle par l’astronome de l’école du Kerala Nilakantha Somayaji, dont le système géohéliocentrique avait également toutes les planètes tournant autour du Soleil. La différence entre ces deux systèmes est que le modèle de la Terre de Tycho ne tourne pas quotidiennement, comme le prétendaient Héraclides et Nilakantha, mais est statique. Il a également été anticipé par la cosmologie décrite dans l’Aratea de Leyde, un manuscrit carolingien créé au début du IXe siècle pour la cour carolingienne. [Manuscrit ms 188, Bibliothèque municipale des Annonciades, Boulogne-sur-Mer.]
Histoire et développement
Le système de Tycho Brahe a été préfiguré, en partie, par celui de Martianus Capella, qui a décrit un système dans lequel Mercure et Vénus sont placées sur des épicycles autour du Soleil, qui orbite autour de la Terre. Copernic, qui a cité la théorie de Capella, a même mentionné la possibilité d’une extension dans laquelle les trois autres des six planètes connues tourneraient également autour du Soleil. Cela a été préfiguré par l’érudit carolingien irlandais Johannes Scotus Eriugena au IXe siècle, qui est allé un pas plus loin que Capella en suggérant que Mars et Jupiter orbitaient également autour du Soleil. Au XVe siècle, Nilakantha Somayaji, un astronome indien de l’école d’astronomie et de mathématiques du Kerala, a présenté un système géohéliocentrique où toutes les planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) gravitent autour du Soleil, qui à son tour gravite autour de la Terre.
Le système de Tychon, annoncé en 1588, devint un concurrent majeur du système copernicien comme alternative au système ptolémaïque. Après l’observation des phases de Vénus par Galilée en 1610, la plupart des controverses cosmologiques se concentrèrent alors sur les variantes des systèmes de Tychon et de Copernic. À plusieurs égards, le système de Tychon s’avéra philosophiquement plus intuitif que le système copernicien, car il renforçait les notions de bon sens selon lesquelles le Soleil et les planètes sont mobiles alors que la Terre ne l’est pas. De plus, un système copernicien suggérerait la capacité d’observer la parallaxe stellaire, qui ne pouvait être observée qu’au XIXe siècle. D’un autre côté, en raison des déférents intersectés de Mars et du Soleil, il allait à l’encontre de la notion ptolémaïque et aristotélicienne selon laquelle les planètes étaient placées dans des sphères imbriquées. Tycho et ses disciples ont plutôt fait revivre l’ancienne philosophie stoïcienne, car elle utilisait des cieux fluides qui pouvaient accueillir des cercles qui se croisaient.
Héritage
Après la mort de Tycho Brahe, Johannes Kepler utilisa les observations de Tycho pour démontrer que les orbites des planètes sont des ellipses et non des cercles, créant ainsi le système copernicien modifié qui remplaça finalement les systèmes tychonien et ptolémaïque. Cependant, le système tychonien eut une grande influence à la fin du XVIe et au XVIIe siècle. En 1616, lors de l’affaire Galilée, la Congrégation papale de l’Index interdit tous les livres prônant le système copernicien, y compris les œuvres de Copernic, Galilée, Kepler et d’autres auteurs jusqu’en 1758. Le système tychonien était une alternative acceptable car il expliquait les phases observées de Vénus avec une Terre statique. Les astronomes jésuites en Chine l’utilisèrent, tout comme un certain nombre d’érudits européens. Les jésuites (tels que Clavius, Christoph Grienberger, Christoph Scheiner, Odo Van Maelcote) soutenaient le système tychonien.
La découverte de l’aberration stellaire au début du XVIIIe siècle par James Bradley aurait prouvé que la Terre tournait en fait autour du Soleil et le système de Tycho est tombé en désuétude parmi les scientifiques. À l’époque moderne, certains géocentristes modernes utilisent un système de Tycho modifié avec des orbites elliptiques, tout en rejetant le concept de relativité.
➽ À propos de l’astronome danois Tycho Brahe
Tycho Brahe, né Tyge Ottesen Brahe (14 décembre 1546 – 24 octobre 1601), généralement appelé Tycho en abrégé, était un astronome danois de la Renaissance, connu pour ses observations astronomiques complètes et d’une précision sans précédent. Il était connu de son vivant comme astronome, astrologue et alchimiste. Il fut le dernier grand astronome avant l’invention du télescope. Tycho Brahe a également été décrit comme le plus grand astronome pré-télescopique.
En 1572, Tycho remarqua une étoile complètement nouvelle qui était plus brillante que n’importe quelle étoile ou planète. Étonné par l’existence d’une étoile qui n’aurait pas dû être là, il se consacra à la création d’instruments de mesure toujours plus précis au cours des quinze années suivantes (1576-1591). Le roi Frédéric II accorda à Tycho un domaine sur l’île de Hven et l’argent pour construire Uraniborg, le premier grand observatoire de l’Europe chrétienne. Il travailla ensuite sous terre à Stjerneborg, où il se rendit compte que ses instruments d’Uraniborg n’étaient pas suffisamment stables. Son programme de recherche sans précédent fit de l’astronomie la première science moderne et contribua également au lancement de la révolution scientifique.
Héritier de plusieurs familles nobles, Tycho était bien éduqué. Il s’efforça de combiner ce qu’il considérait comme les avantages géométriques de l’héliocentrisme copernicien avec les avantages philosophiques du système ptolémaïque, et conçut le système tychonien, sa propre version d’un modèle de l’Univers, avec le Soleil en orbite autour de la Terre et les planètes en orbite autour du Soleil. Dans De nova stella (1573), il réfuta la croyance aristotélicienne en un royaume céleste immuable. Ses mesures indiquèrent que de « nouvelles étoiles », les stellae novae, désormais appelées supernovae, se déplaçaient au-delà de la Lune, et il fut en mesure de démontrer que les comètes n’étaient pas des phénomènes atmosphériques, comme on le pensait auparavant.
En 1597, Tycho fut contraint par le nouveau roi, Christian IV, de quitter le Danemark. Il fut invité à Prague, où il devint l’astronome impérial officiel, et construisit un observatoire à Benátky nad Jizerou. Avant sa mort en 1601, il fut assisté pendant un an par Johannes Kepler, qui utilisa les données de Tycho pour développer ses propres trois lois du mouvement planétaire.
☛ Le simulateur TYCHOSIUM 3D, conçu par Simon Shack©
⟾ Veuillez cocher les cases « Run », « Trace » et « Close controls » pour animer le simulateur.
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).