Un hommage à mon cousin et homonyme Guy Boulianne, ancien chef de la chorale Les Blés au vent, décédé à l’âge de 83 ans le 17 avril 2022

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Celles et ceux qui me suivent depuis longtemps savent que j’aime à répertorier et à faire l’historique de mes ancêtres et de mes cousins qui ont pu marquer leur époque d’une façon ou d’une autre. Or, il y a quelques jours à peine, j’ai découvert par hasard un autre de mes cousins éloignés et qui porte exactement le même nom que moi. Il s’agit de Guy Boulianne, ancien chef de la chorale Les Blés au vent, aujourd’hui décédé. Bien que je ne l’aie pas connu, il est bien évidemment un membre de ma famille puisque tous les Boulianne et Bouliane en Amérique du Nord descendent d’un seul et même ancêtre, c’est-à-dire Jean-Marc de Bouillanne. Ce dernier était né le 1er février 1716 à Morges, dans le canton de Vaud, faisant alors partie de Berne en Suisse. Il était le cinquième d’une fratrie de six enfants, nés de Etienne de Bouillanne et de Jeanne (ou Bonne) Faucon, héritière dans la succession de son père Jacques Faucon, de Remollon en Dauphiné, réfugié à Lausanne, le 1er mars 1712. En fait la famille de Bouillanne est la plus ancienne noblesse du Dauphiné. Nous descendons du prince Ursus, vicomte de Nîmes en l’an 878. Notre nom tire son origine de Bouillargues, un bourg situé au sud-est de Nîmes dans le Gard. En 916, le village se nomme Bulianicus ; peu après, ce sont les noms de BolianicusBollanicaeBollanicisBolhanicis, puis Bolhargues qui s’imposent. Par la suite apparaît le nom moderne de Bouillargues. [“Lou Tresor dóu Felibrige“, de Frédéric Mistral.]

J’ai donc décidé de publier un article au sujet de l’ex-chef de chœur Guy Boulianne avec les informations que j’ai pu recueillir sur internet et d’intégrer cet article à mon dossier concernant mes ancêtres et mes cousins. Guy Roland Joseph Marie Boulianne est né le 10 mai 1939 à Willow Bunch, Saskatchewan et il était le fils de Anna Colleau et Raymond Boulianne. Enseignant extraordinaire, musicien, chef de choeur unique, communicateur hors pair, il aimait animer les soirées en musique, avec ses histoires comiques et ses expressions colorées. Il fut récipiendaire de nombreux prix pour ses contributions à la culture franco-manitobaine. Il est décédé à l’âge de 83 ans le 15 avril 2022.

➽ Choriste et amoureux de la musique francophone

Originaire de Willow Bunch en Saskatchewan, Guy Boulianne a fondé la chorale Les Blés au vent en 1974 afin de permettre aux jeunes francophones de chanter dans leur langue maternelle. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que Guy Boulianne ne prenne jamais la direction des Blés au vent! « Quand la chorale a commencé, on venait de déménager à Sainte-Anne en famille et je commençais comme enseignant d’éducation physique là-bas », se rappelle-t-il. « Des jeunes de Winnipeg, qui voulaient créer une chorale et m’avaient vu diriger une chanson aux Mélomanies, m’ont téléphoné pour me demander de les diriger. Mais comme je n’avais pas encore de téléphone, ils ont dû téléphoner au magasin en face de chez moi, qui est venu me chercher! »

Débutant tout juste à Sainte-Anne, la décision n’était pas facile, mais Guy Boulianne a finalement suivi son cœur. « Les jeunes me voulaient vraiment, et comme je détestais chanter à l’unisson quand j’étais jeune et qu’il me fallait des harmonies, sinon je trouvais ça banal, j’ai accepté la direction des Blés au vent », explique-t-il. Sa fille Roxanne Boulianne, qui a aussi été choriste dans Les Blés au vent, comprend bien cette insistance. « Mon père sait communiquer sa musique de façon hyper expressive », affirme-t-elle. « Il a vraiment la capacité de faire aller chercher tout le bonheur qu’on peut ressentir en chantant. Avec lui, pas le choix, tu souris quand tu chantes! Je n’ai jamais trouvé une autre chorale où je me suis autant amusée, qui est autant venue me chercher, et ce n’est pas parce que c’est mon père. Il est passionné de musique, il est le fun, et il sait tirer le meilleur de ses choristes. Les jeunes l’avaient bien vu! »

La chorale Les Blés au vent s’est dissoute pendant presque quinze ans lorsque M. Boulianne l’a quittée en 1992 pour effectuer d’autres tâches professionnelles. En 1986, il est appelé à diriger de jeunes francophones du Manitoba lors de concerts tenus à l’Expo à Vancouver. En 1992, il se concentre sur des tâches professionnelles et se retire comme chef directeur des Blés au vent.

Après 14 ans d’absence, à la demande de l’une des fondatrices de la chorale communautaire, Louise Dupont, la chorale Les Blés au vent a fait un retour en force et Guy Boulianne en a alors repris les rênes.

Amoureux de la musique francophone et de l’Ouest canadien, Guy Boulianne admirait l’artiste Gérard Jean, alias Ziz. En 2010, il a d’ailleurs travaillé avec la chorale sur l’enregistrement des compositions de l’auteur-compositeur-interprète. En 2010, il sort le disque compact “Ma plaine à moi… Hommage à Ziz“. « J’ai dit à Guy que je n’avais jamais fait cela et que je ne connaissais presque rien sur l’harmonisation », a expliqué M. Jean. « Mais quand il a une idée, il ne la lâche pas et donc les pauvres membres de la chorale ont été mes cobayes. Mais grâce à Guy, j’en ai beaucoup appris et je lui dois de la reconnaissance ».

En 2013, Guy Boulianne dirige quatre chorales francophones de l’Ouest et du Nord canadiens, y compris Les Blés au vent, pour participer à un concert spécial « Chantons à plein chœur! », présenté à Regina en Saskatchewan et à Winnipeg au Manitoba. Il a reçu le prix hommage Thérèse-Potvin des mains de son partenaire Gérard « Ziz » Jean lors du 26e gala de la chanson Chant’Ouest qui eut lieu au Centre culturel franco-manitobain, le 17 septembre 2015. Durant la remise du prix, des dizaines d’anciens choristes assis partout dans la salle se sont levés et ont commencé à chanter une chanson que leur chef de chœur leur a apprise, bouleversant l’ancien directeur qui était déjà visiblement ému.

À la tête de la chorale, M. Boulianne a toujours insisté sur le respect de certaines règles, comme celle d’apprendre les textes par cœur pour être en mesure de le regarder directement dans les yeux pendant les concerts. Selon la co-cheffe de chœur des Blés au vent, Michelle Freynet, lorsque Guy Boulianne dirigeait la chorale, il mettait l’accent sur l’importance de la respiration des artistes, l’expression faciale et « il voulait qu’on apprenne par cœur pour qu’on puisse regarder le public dans les yeux », ajoute-t-elle.

Les Blés au vent offraient l’occasion de chanter toutes sortes de styles, des Negro Spirituals aux Swingle Singers, en passant par le classique, le contemporain, ou encore le folklore. De plus, la chorale a pris un virage franco-manitobain à la fin des années 2000. « Dès le début, j’ai voulu présenter différents styles aux choristes, avec et sans paroles », explique Guy Boulianne. « On a aussi fait des petites saynètes. C’était très théâtral. » Roxanne Boulianne ajoute : « Papa a toujours été un grand mélomane, il a toujours écouté de tout donc il a pu puiser dans un large répertoire ».

Guy Boulianne a rendu sa baguette de chef en 2013, emportant avec lui de nombreux souvenirs. « On a fait des centaines de concerts, des tournées au Canada, deux microsillons et un album double », conclut-il. « C’était beaucoup de stress et d’investissement de ma personne, mais cette expérience m’a apporté beaucoup de joie. Faire de la musique avec d’autres, ça m’a toujours procuré un sentiment fort. »

➽ Un homme dévoué au chant choral au Manitoba

Quarante ans après le tout premier concert de la chorale sous la direction de Guy Boulianne, en 1975, c’est le 30 mai 2015 à l’Université de Saint-Boniface (USB), son lieu de répétition, que la chorale Les blés au vent a rendu hommage à son ex-chef de chœur pour avoir dirigé la société musicale pendant plus de 25 ans, en organisant le concert spécial intitulé « Hommage à Guy Boulianne ». Sous la codirection de Michelle Freynet et Aline Campagne, et aux côtés de plusieurs invités spéciaux dont le fils de Guy Boulianne, Patrice, qui a déjà 20 ans de carrière en chanson avec son groupe Blou, la chorale interpréta un répertoire de chansons francophones de l’Ouest du Canada chères à leur ancien chef de chœur.

Plus de 250 amateurs de chant choral ont rempli la salle Martial-Caron pour assister à ce concert.

Les larmes d’émotion ont coulé dans la salle Martial-Caron de l’Université de Saint-Boniface (USB) lors du concert qui s’est avéré à guichet fermé et qui a permis à Guy Boulianne, diplômé de l’USB en 1962, de revisiter son passé. « C’était un très beau concert, avec beaucoup d’émotion », confie le choriste depuis les tout débuts des Blés au vent et conseiller à l’USB, Roland Saurette. « Les gens ont bien apprécié, et c’était à guichet fermé! » Le choriste ajoute : « Guy, c’était vraiment le cœur de la chorale. D’ailleurs, il est parti un peu dans les années 1990 et la chorale s’est effritée! Puis quand il est revenu en 2006, ça allait mieux. Avec lui, on a produit deux microsillons et un double CD! »

La conseillère de l’USB et choriste de la deuxième vague, Marjolaine Pelletier, dit quant à elle : « Guy a une sensibilité, une grande musicalité et un sens de l’humour un peu excentrique qu’on apprécie beaucoup. C’était donc évident pour nous de lui rendre hommage, pour le remercier de toutes ces années et de l’impact qu’il a eu sur nous, sur la chorale, et sur le chant choral au Manitoba et dans les écoles. »

« Guy a réussi à moderniser le chant choral en mettant en valeur les chansons d’auteurs-compositeurs de chez nous », a affirmé la directrice artistique du concert spécial, Béatrice Gaudet. « Sans lui, la chorale Les blés au vent n’aurait probablement pas existé aussi longtemps, et c’est grâce à lui que la chorale continue ses activités aujourd’hui. » Lors de ce concert, Guy Boulianne reçut la médaille de l’Ordre des Blés au vent pour l’honorer et le remercier de sa participation et de son dévouement sans faille envers la société musicale. Le concert spécial « Hommage à Guy Boulianne » a clôturé la saison 2014-2015 de la chorale Les blés au vent qui comptait à l’époque plus de 50 membres.

Le chef de la chorale Les Blés au vent, Guy Boulianne, est décédé à l’âge de 83 ans vendredi le 15 avril 2022. Il laissa dans le deuil ses quatre enfants, Patrice, Christine, Ginette et Roxanne. La femme de Guy Boulianne, Yvonne Lucille Boulianne (née Fournier), est décédée en 2009. Ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de son attitude positive. « Peu importe où il était, quand Guy était là, il chantait, il jouait de la guitare », a raconté son ami de longue date, Camille Légaré. « Il avait toujours quelque chose à chanter ou à partager, et c’était toujours très joyeux. C’était une marque très frappante chez lui, cette jovialité. »

« C’était un homme très chaleureux et avec beaucoup d’énergie », raconte la co-fondatrice des Blés au vent, Louise Dupont, qui se souvient de lui comme un homme plein d’humour. Michelle Freynet se souvient aussi de lui comme étant un homme accueillant. Elle raconte qu’il avait l’habitude d’inviter toute la chorale chez lui pour passer de belles soirées. « Il était très chaleureux avec tout le monde »,.

« C’était un homme rempli de talent et de patience, surtout avec moi », raconte son fils Patrice Boulianne en rigolant. Pour lui, son père était un homme qui avait de la facilité de parler avec les autres et qui avait le rire confortable. Patrice se souvient surtout de son père comme un homme de famille. « On a fait plusieurs voyages en famille en Saskatchewan ou pour visiter mon grand-père à Vancouver. » Il se souvient aussi des moments où ils ont chanté en famille, « ce sont des moments imprégnés en moi », avoue-t-il. Selon Patrice Boulianne, c’est son père qui a influencé son choix de carrière dans la musique classique. Il décrit ce dernier comme un mélomane hors pair.

album-art
Les Blés au vent – Guy Boulianne
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Gilles Hudon
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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