Les deux sociétés humaines se sont partagées en générations distinctes jusqu’à nos jours : les fils de Seth contre les fils de Caïn, les Nephilim

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Le 8 septembre 2024, l’utilisateur de X/Twitter Black Bond PTV (@BlackBondPtv) nous faisait part de la nouvelle série Netflix en cinq parties, “What’s Next ? The Future with Bill Gates“, dans laquelle Bill Gates et Lady Gaga se moquent des complotistes en prétendant appartenir à une race reptilienne aux côtés de Tom Hanks. Black Bond PTV écrit sur X/Twitter : « C’est toujours la même technique employée par les comploteurs : mettre la lumière sur la théorie du complot la plus grotesque afin de détourner le sujet et éviter de parler des vrais sujets qui fâchent. » Mon ami Vincent Larocque profita de ce message pour me poser une question sur le Réseau VIP : « Salut Guy, c’est quoi ta position sur les reptiliens? J’imagine que tu ne partages pas le point de vue de David Icke, mais je dis cela sans sarcasme, seulement curieux. C’est un sujet assez intense et ridiculisé, mais à mon humble avis il a néanmoins son importance, ne serait-ce que le côté symbolique du serpent/dragon qui est très important pour les sociétés secrètes. » Je répondis à Vincent que certaines personnes comme David Icke ont utilisé des termes qui ont aussitôt discrédité certaines vérités fondamentales, « comme si tout était fait pour que les chercheurs soient ridiculisés sans autre forme de procès ».

David Icke, ancien gardien de but au football, présentateur de télévision et autoproclamé Fils de Dieu, fut l’un des premiers à écrire sur le thème des reptiliens dans son ouvrage de 1999 “The Biggest Secret” : de grands humanoïdes reptiliens buveurs de sang et métamorphes du système stellaire Alpha Draconis, désormais cachés dans des bases souterraines, sont à l’origine d’une conspiration mondiale contre l’humanité. Il soutient que la plupart des dirigeants anciens et modernes du monde sont liés à ces reptiliens. Il y a un peu de vrai, mais comme je l’ai écrit à Vincent Larocque, tout est dans la manière de dire les choses : « Pourquoi ne pas appeler un chat un chat ? Pourquoi ne pas dire que ces reptiliens sont en fait des démons qui peuplent la terre depuis la fameuse chute des anges. »

Adepte du nouvel âge et du channeling, David Icke trompe sciemment les gens lorsqu’il écrit ces mots blasphématoires : « Je pense personnellement que l’histoire de Noé est symbolique des lignées croisées de reptiliens qui ont survécu au déluge et ont ensuite ramené la colombe et le rameau d’olivier (Sémiramis-Nimrod) au pouvoir. Les descendants de Noé = les croisements humains-reptiliens, ou du moins ceux qui se sont suffisamment croisés pour maintenir cette structure génétique. Par conséquent, je suggérerais que la lignée de « Jésus » est en réalité la lignée de la « Confrérie Nimrod », les reptiles-Aryens. » De toute manière, il nie l’existence même du Christ puisqu’il écrit dans son livre “The Biggest Secret“ : « Mais il n’y a pas eu Jésus et Marie [Madeleine], car ce sont des personnages symboliques dans une histoire qui a été racontée à maintes reprises dans le monde préchrétien, sous différents noms. »


➽ La Cité de Dieu : les fils de Seth contre les fils de Caïn

La question de Vincent Larocque m’incita enfin à parler d’un sujet que je tenais en réserve depuis longtemps, c’est-à-dire l’enluminure de maître du Haintz Narr qui illustre la première et précieuse édition de La Cité de Dieu (en latin De civitate Dei) de saint Augustin donnée à Bâle par Johann Amerbach le 13 février 1489, probablement éditée par Sebastian Brandt, avec les commentaires des dominicains d’Oxford, Thomas Waleys (1314-1350) et Nicolas Trevet (1297-1334). Cette édition est la première commentée, elle est aussi la première à présenter cette célèbre gravure sur bois de grande taille (197 x 142 mm) représentant saint Augustin écrivant son livre, tandis qu’à ses pieds s’opposent La Cité de Dieu et La Cité de Satan, première œuvre importante gravée sur bois du maître de « Haintz Narr ». La prise de Rome par les Wisigoths d’Alaric le 24 août 410 a provoqué un choc inimaginable dans le monde chrétien. A ce choc profond que les contemporains pourraient attribuer au rejet des dieux païens pour le culte d’un Dieu unique, saint Augustin apporte une réponse éloquente en 412 avec les 22 livres de la Cité de Dieu, œuvre intemporelle et majeure, rééditée dans la Pléiade en novembre 2000. Livre universel, La Cité de Dieu fut le premier livre imprimé en Italie, en 1467, à Subiaco. L’humanisme en ressentit le charme profond ainsi que les réformateurs, Pascal et Kierkegaard. « Son ouvrage de la Cité de Dieu marque le passage du christianisme de l’adolescence à la maturité. Il influença radicalement la théologie et la philosophie, les doctrines politiques et les préceptes économiques du Moyen Âge ». Cette édition incunable est imprimée en caractères gothiques, sur doubles colonnes, le texte sur 54 lignes, encadré de commentaires de Thomas Waleys et Nicolas Trivet sur 65 lignes, avec quelques caractères grecs.

Nous observons donc au bas de cette gravure de maître du Haintz Narr, deux groupes de personnages s’affrontant les uns contre les autres,― le premier angélique et le second diabolique ―, représentant le combat entre la Cité de Dieu et la Cité de Satan. Voici ce que nous lisons sur le pourtour de la gravure :

Insultat Babylon, Syon urbs ut sancta resultet.
In Sathane sedem Cayn illam condidit urbem.
Urbs dicata Deo: Abel fundatur sanguine iusti.

Babylone insulte la ville de Sion qui est sainte.
Sur le siège de Satan, cayn a fondé cette ville.
Une ville dédiée à Dieu : Abel est basé sur le sang des justes.

Sion ne désigne par tant le lieu géographique, la Jérusalem terrestre, mais plutôt la Jérusalem céleste, c’est-à-dire l’emblème de la présence et de la bénédiction de Dieu (Psaume 132:13). La Jérusalem céleste appelée aussi nouvelle Jérusalem, tabernacle de Dieu, ville sainte est un concept traditionnel, associé à la fois au jardin d’Eden, à la Terre promise et à la reconstruction du Temple après la fin de la captivité des juifs à Babylone. En se basant sur le livre de l’Apocalypse (21:1-3), le prémillénarisme soutient qu’après la fin des temps et la seconde création du ciel et de la terre, la Nouvelle Jérusalem sera le lieu terrestre où tous les vrais croyants passeront l’éternité avec Dieu. La Nouvelle Jérusalem représente pour les chrétiens la réconciliation finale et éternelle de Dieu et de son peuple élu, « la fin du pèlerinage chrétien ». En tant que telle, la Nouvelle Jérusalem est une conception du Ciel.

« Comme ces divins oracles confiés à Abraham, Isaac et Jacob, et tous les signes ou paroles prophétiques précédemment attestées par les saintes lettres; ainsi les prophéties du temps des rois regardent en partie la race charnelle d’Abraham, et en partie cette postérité du patriarche en laquelle sont tous les peuples cohéritiers de Jésus-Christ, en vertu du Nouveau Testament, pour posséder la vie éternelle et le royaume des cieux. Elles se rapportent donc en partie à l’esclave qui enfante pour la servitude, à la Jérusalem terrestre, esclave avec ses enfants : en partie à la Cité libre de Dieu, à la véritable Jérusalem, éternelle dans les cieux, dont les enfants, ces hommes qui, vivant selon Dieu, passent en voyageurs sur cette terre. (…) Il y a donc trois ordres de prophéties : l’un relatif à la Jérusalem céleste; l’autre, à la Jérusalem terrestre ; un troisième, à toutes deux. »

Saint Augustin : La Cité de Dieu, Livre XVII, Chapitre III

Lorsqu’on observe très attentivement l’enluminure et les personnages qui se tiennent debout sur les murailles de la cité de Babylone, on y aperçoit une sorte de démon vert ayant toutes les apparences d’un « reptilien » et brandissant curieusement une arme à feu dans ses mains. Ceci est pour le moins étrange puisque cette gravure fut créée par maître du Haintz Narr en 1489. En fait, il s’agit d’une représentation des Nephilim, des êtres ou des personnes mystérieuses de la Bible traditionnellement imaginées comme étant de grande taille et de grande force, ou bien comme des êtres dotés d’une grande puissance et d’une grande autorité. La première occurrence se trouve dans Genèse 6:1–4, immédiatement avant le récit de l’Arche de Noé. Genèse 6:4 se lit comme suit : « Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l’antiquité. » Selon plusieurs Pères de l’Eglise et dans beaucoup d’Eglises et communautés chrétiennes aujourd’hui, il s’agit d’une union entre les descendants de Seth (troisième fils d’Adam) et les descendants de Caïn. Saint Augustin écrit dans La Cité de Dieu :

« Mais c’était affaire à Dieu, dont l’inspiration a dicté ces antiques récits, de partager dès l’origine ces deux sociétés humaines en générations distinctes : d’une part, les générations des hommes, c’est-à-dire de ceux qui vivent selon l’homme ; d’autre part, les générations des enfants de Dieu, c’est-à-dire de ceux qui vivent selon Dieu. Les générations dont la trame se poursuit séparément jusqu’au déluge, époque où l’Écriture signale tout ensemble et la séparation et la réunion des deux sociétés : la séparation, car elle distingue expressément la race du fratricide Caïn et la race de Seth, ce fils d’Adam, né pour le consoler de celui qu’un frère a tué; ― la réunion, car, les bons inclinant chaque jour vers le mal, tous les hommes tombent enfin dans une telle corruption qu’ils périssent par le déluge, un seul juste excepté, Noé, sa femme, ses trois fils et ses trois brus, huit personnes qui seules ont mérité d’échapper dans l’arche à cette extermination universelle des êtres vivants. » ― [Saint Augustin : La Cité de Dieu, Livre XV, Chapitre VIII]

Caïn étrangle son frère Abel, panneau en ivoire provenant de la cathédrale de Salerne en Italie, vers 1084.

➽ Du premier meurtrier Caïn à Nimrod, roi de la Babylonie

Représentation de Nimrod par le peintre David Scott en 1832.

Caïn est le frère aîné d’Abel et le fils aîné d’Adam et Ève, le premier couple de la Bible. C’était un agriculteur qui offrit à Dieu une partie de ses récoltes. Cependant, Dieu n’était pas content et préféra l’offrande d’Abel à celle de Caïn. Selon Genèse 4:1–16, Caïn a traîtreusement assassiné son frère Abel, a menti à Dieu sur le meurtre et a été maudit et marqué à vie. La terre étant maudite pour boire le sang d’Abel, Caïn n’était plus en mesure de cultiver la terre. Il devient un « fugitif et un vagabond » et reçoit une marque de Dieu ― communément appelée la marque de Caïn ― afin que personne ne puisse se venger de lui.

Caïn gagne le pays de Nod, à l’est d’Éden ; là, il connaît une femme (sa sœur Awan selon le livre des Jubilés) dont il a un enfant, Hénoch. Après sa naissance, Caïn bâtit la première ville qu’il appelle aussi Hénoch, donne naissance aux coutumes et à la civilisation grâce à une descendance nombreuse. Le livre de la Genèse nomme certains d’entre eux : Hénoch, Irad, Méhujaël, Méthusaël, Lamech (de qui date la polygamie), Jabal (« courant de l’eau »), Jubal (« produit »), Tubal-Caïn et Nahama. Cette généalogie caïnique décline l’origine des arts et des techniques car les descendants de Caïn se distinguent par leurs vies de nomades et d’éleveurs de troupeaux, de musiciens ou de forgerons.

Une opinion répandue depuis longtemps parmi certains chrétiens est que les « fils de Dieu » étaient les descendants autrefois justes de Seth qui se sont rebellés, tandis que les « filles des hommes » étaient les descendantes injustes de Caïn, et les Nephilim la progéniture de leur union. C’est aussi le point de vue de l’Église orthodoxe éthiopienne, soutenu par ses propres manuscrits ge’ez et la traduction amharique de la Bible de Haile Selassie — où les livres de 1 Enoch et des Jubilés, considérés comme canoniques par cette église, diffèrent des éditions académiques occidentales : « Et les descendants de Seth, qui étaient sur la montagne sainte, les virent et les aimèrent. Et ils se dirent l’un à l’autre : Allons, choisissons pour nous des filles parmi les fils de Caïn, et enfantons-nous des enfants. »

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L'épître invoque le témoignage du livre d'Hénoch
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La quasi totalité de la lignée de Caïn aurait pris fin lors du Déluge à l’époque de Noé. Il est écrit dans le livre de la Genèse que lors du déluge, Dieu fit périr toute chair. Par conséquent, aucun géant hybride, dit “nephilim”, n’aurait pu survivre : « L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. L’Eternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur. Et l’Eternel dit: J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel; car je me repens de les avoir faits. Mais Noé trouva grâce aux yeux de l’Eternel. » (Genèse 6:5-8) On dit que ces Nephilims seraient disparus au moment du Déluge (Sagesse 14:6) suite à la condamnation de Dieu à cause de leur révolte : conséquence de la supériorité que leur conférait « leur force » (Siracide 16:7) ou leur habilité dans « l’art de la guerre » (Baruch 3:26) « quand le souffle de Dieu eut été retiré » de leur être comme le dit Jean-Chrysostome. Mais c’est ici qu’intervient Nahama, la femme de Noé qui survécut au déluge et qui nous permet de comprendre que les « deux sociétés humaines se sont partagées en générations distinctes » jusqu’à nos jours, comme l’expliquait Saint Augustin dans La Cité de Dieu.

En effet, Nahamma est mentionnée dans la Bible, dans Genèse 4:22, comme une descendante de Caïn. Elle était la seule fille mentionnée de Lamech et de Tsillah et leur plus jeune enfant mentionné ; son frère était Tubal-Caïn, tandis que Jabal et Jubal étaient ses demi-frères, fils de l’autre femme de Lamech, Ada. Le canon biblique ne présente que son nom mais elle apparait dans plusieurs autres récits, dont les commentaires du rabbin Rachi au XIe siècle. Elle est souvent confondue ou liée à Naamah du Zohar, l’une des premières femmes à séduire les Grigoris et à donner naissance aux nephilim.

Le premier midrash juif Bereshit Rabba (23.3) identifie Nahamma comme l’épouse de Noé : « Naamah était la femme de Noé. Pourquoi l’appelait-on Naamah ? Parce que ses actes étaient agréables (ne‘imim). Les rabbins ont dit : Naamah était une femme d’une autre trempe, car ce nom indique qu’elle chantait (man‘emeth) au tambourin en l’honneur de l’idolâtrie. » Son frère Tubal-Caïn étant réputé le premier forgeron et ses demi-frères Jabal et Jubal respectivement inventeurs du pastoralisme et de la musique, on a attribué à Nahamma l’invention de la filature et du tissage. La beauté de Nahamma (Naama signifie plaisant, agréable) était exceptionnelle. Elle est avec Agrat, Mahalath et Lilith, l’une des quatre mères des démons. Dans le Zohar elle s’accouple avec les anges déchus Aza et Azazel pour produire des démons. Elle est la concubine de Samaël, gardienne des prostituées et elle a une relation incestueuse avec son frère Tubal-Caïn. Cette union engendra le démon Asmodée.

Or, Nahamma perpétua la lignée de Cain après le déluge, étant la seule femme de cette lignée qui soit mentionnée par la Genèse. Elle est l’ancêtre de Nimrod, roi de la Babylonie et petit-fils de Cham. C’est ici que se séparera les « deux sociétés humaines en générations distinctes » puisque la « race de vipères » fit souche parmi les descendants de Cham, l’ancêtre des Cananéens, tandis que les « enfants de Dieu » se perpétuèrent parmi ceux de Sem jusqu’à Abraham, Jacob, David et Jésus. Le Christ n’est donc pas de la lignée de la « Confrérie Nimrod », les reptiles-Aryens, comme le prétend faussement David Icke.

Cham fut lui aussi le sujet d’un châtiment. Selon Genèse 9:20–27, un jour que son père était ivre, Cham le vit nu et en informa ses frères, qui le rhabillèrent en détournant leur visage. Lorsqu’il eut cuvé, Noé maudit Canaan, fils de Cham, en le déclarant serviteur de Sem et Japhet. La raison du transfert de la malédiction sur Canaan s’explique selon certains par le fait que Noé n’aurait pu maudire Cham car celui-ci a été béni par Dieu (Genèse, 9:1), et que la bénédiction divine n’est pas réversible. Bien que l’histoire puisse être prise au pied de la lettre, certains érudits ont récemment suggéré que Cham aurait pu avoir des relations sexuelles avec la femme de son père.[1] Selon cette interprétation, Canaan est maudit comme étant le « produit de l’union illicite de Cham ».[2] Ce double châtiment, soit celui de Caïn et celui de Cham, aurait été suffisant pour insuffler un esprit de vengeance au sein de cette lignée caïnique.

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  1. Frederick W. Bassett : « Noah’s Nakedness and the Curse of Canaan, a Case of Incest? ». in: “Vetus Testamentum”, Brill. Vol. 21, Fasc. 2 (April, 1971).
  2. John Sietze Bergsma and Scott Walker Hahn : « Noah’s Nakedness and the Curse on Canaan (Genesis 9:20-27) ». inL “Journal of Biblical Literature”, The Society of Biblical Literature. Vol. 124, No. 1 (Spring, 2005), pp. 25-40.

➽ Nimrod, le chef de la rébellion contre Dieu

Au pied du mont Hermon se trouve la forteresse de Nimrod.

Fils de Koush et par conséquent arrière-petit-fils de Noé et de Nahamma (descendante de Caïn), Nimrod était un chasseur réputé et le fondateur du premier royaume et de plusieurs villes en Mésopotamie. Genèse 10:8 déclare que « c’est lui qui commença à être puissant sur la terre ». Le nom « Nimrod » est souvent mis en relation avec la racine hébraïque marad signifiant « se rebeller ». Il peut de cette façon s’interpréter comme une première personne du pluriel (nous nous rebellerons). Les interprètes judaïques, dès le Ier siècle, comme Philon et Yohanan ben Zakkai, interprétaient un « puissant chasseur devant l’Eternel » (Genèse 10:9) comme signifiant « en opposition au Seigneur » ; une interprétation similaire se retrouve dans le Pseudo-Philon, ainsi que plus tard dans Symmaque. Certains commentateurs rabbiniques ont également lié le nom Nimrod à un mot hébreu signifiant « rebelle ». C’est ainsi qu’il a été compris dans la tradition juive qui fait de Nimrod le prototype de l’orgueil et de la rébellion contre Dieu.

Selon Genèse 10:10, les « piliers de son royaume » (רֵאשִׁית מַמְלַכְתּוֹ) étaient Babel, Erec, Accad et Calné, au pays de Schinear (Mésopotamie) — ce qui implique de diverses manières qu’il a fondé ces villes, qu’il les a gouvernées, ou les deux. En raison d’une ambiguïté dans le texte hébreu original, on ne sait pas si c’est lui ou Assur qui a également construit Ninive, Resen, Rehoboth-Ir et Nimrud (Kalaḥ).

Selon la tradition juive, Nimrod, le « roi-chasseur » régnant sur les descendants de Noé, eut l’idée de construire à Babel, qui est le nom hébreu de Babylone, une tour assez haute pour que son sommet atteigne le ciel (Talmud de Babylone Avoda Zara 53b), ce qui a conduit à sa réputation de roi rebelle contre Dieu. En effet, dans la tradition juive et chrétienne, Nimrod est considéré comme le chef de ceux qui construisirent la tour de Babel dans le pays de Schinear, bien que la Bible ne le dise jamais. En akkadien Bāb-ilani signifie « la porte des dieux », La ville et la tour sont construites sur une faille, Shinar, qui pour les Anciens, met en relation le monde des hommes avec celui des dieux : les Enfers.

« [Nimrod] leur persuade d’attribuer la cause de leur bonheur, non pas à Dieu, mais à leur seule valeur et peu à peu transforme l’état de choses en une tyrannie. Il estimait que le seul moyen de détacher les hommes de la crainte de Dieu, c’était qu’ils s’en remissent toujours à sa propre puissance. Il promet de les défendre contre une seconde punition de Dieu qui veut inonder la terre : il construira une tour assez haute pour que les eaux ne puissent s’élever jusqu’à elle et il vengera même la mort de leurs pères. Le peuple était tout disposé à suivre les avis de Nemrod, considérant l’obéissance à Dieu comme une servitude ; ils se mirent à édifier la tour avec une ardeur infatigable, sans se ralentir dans leur travail ; elle s’éleva plus vite qu’on n’eût supposé, grâce à la multitude des bras. »

— Flavius Josèphe : Antiquités juives, livre I 114-115 (chapitre IV 2-3)

On peut comparer Babel à Hénoch (le commencement, en hébreu), première ville biblique construite par Caïn sur la terre de Nod (de l’errance, en hébreu), où sont nées les premières réalisations des hommes, par l’artisanat et les arts de Tubal-Caïn et de Youbal ; mais cette ville est aussi le théâtre du crime de Lamech et Dieu la détruit par le Déluge. Lamech est le père de Nahamma, épouse de Noé. Un passage obscur, en Genèse 4:23-24, le décrit comme meurtrier : « Lémec dit à ses femmes: Ada et Tsilla, écoutez ma voix! Femmes de Lémec, écoutez ma parole! J’ai tué un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure. Caïn sera vengé sept fois, Et Lémec soixante-dix-sept fois. »

Tout laisse penser que Saint Christophe (à droite) appartenait à la lignée des Nephilims. L’histoire dit qu’il « venait d’un pays étranger, le pays des mangeurs d’hommes. Il avait un regard terrible et une tête de chien ». Avant de devenir Saint Christophe on l’appelait Reprobatus, traduction latine de son surnom : le Réprouvé ; signe de son appartenance au groupe des Nephilims. (Analecta bollandiana: revue critique d’hagiographie, Volume 10, pp. 393-405.) — [SOURCE]

La supériorité des Nephilim leur était conférée par « leur force » (Ecclésiastique 16:7) et leur habilité dans « l’art de la guerre » (Baruch 3:26). Nous avons vu au chapitre précédent que la généalogie caïnique décline l’origine des arts et des techniques. Le frère de Nahamma, Tubal-Caïn, était réputé pour être le premier forgeron tandis qu’on attribuait à sa sœur l’invention de la filature et du tissage. En fait, les géants enseignèrent aux hommes la magie, la sorcellerie et la fabrication des armes. Ceci est confirmé par le Livre d’Hénoch (absent du canon biblique) qui comporte des éléments narratifs originaux sur l’origine des démons et des Nephilim, sur les anges déchus et sur la justification morale du Déluge :

« Azazyel enseigna encore aux hommes à faire des épées, des couteaux, des boucliers, des cuirasses et des miroirs ; il leur apprit la fabrication des bracelets et des ornements, l’usage de la peinture, l’art de se peindre les sourcils, d’employer les pierres précieuses, et toute espèce de teintures, de sorte que le monde fut corrompu. L’impiété s’accrut ; la fornication se multiplia, les créatures transgressèrent et corrompirent toutes leurs voies.Amazarak enseigna tous les sortilèges, tous les enchantements et les propriétés de racines. Armers enseigna l’art de résoudre les sortilèges. Barkayal enseigna l’art d’observer les étoiles. Akibeel enseigna les signes. Tamiel enseigna l’astronomie. Et Asaradel enseigna les mouvements de la lune. Et les hommes sur le point de périr élevèrent leurs voix, et leurs voix montèrent jusqu’au ciel. »- (chap 8 : 1-9)

Les anges déchus et les géants répandirent le mal sur la terre. Cela nous rappelle Genèse 6:11-12 : « La terre était corrompue devant Dieu, la terre était pleine de violence. Dieu regarda la terre, et voici, elle était corrompue; car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre. » En dehors du Pentateuque, il existe un autre passage faisant indirectement référence aux Nephilim. Il s’agit d’Ézéchiel 32:27 dans lequel on lit : « Et ils n’ont pas été couchés avec les hommes forts, tombés d’entre les incirconcis, qui sont descendus dans le Shéol avec leurs instruments de guerre, et sous la tête desquels on a mis leurs épées, et dont les iniquités sont sur leurs os; quoiqu’ils fussent la terreur des hommes forts sur la terre des vivants. »

Les « fils de Caïn » se perpétuèrent jusqu’à nos jours. On les retrouve dans Nombres 13:32-33, où dix des douze espions décrivent les Anakites (une tribu Rephaïte) comme des descendants des Nephilim : « Et nous y avons vu les géants, enfants d’Anak, de la race des géants: nous étions à nos yeux et aux leurs comme des sauterelles. » Tout laisse penser que le futur Saint Christophe appartenait lui aussi à la lignée des Nephilims. Selon la Légende dorée de Jacques Voragine il mesurait 12 coudées, soit cinq mètres quarante environ, une montagne de chair et de muscle de près de quatre cents kilos. Avant de devenir Saint Christophe on l’appelait Reprobatus, traduction latine de son surnom : le Réprouvé ; signe de son appartenance au groupe des Nephilims, soit les « géants », les « violents », « ceux qui sont tombés ».

En lisant ce qui précède, nous comprenons qui sont ces hommes et ces femmes qui se cachent à l’ombre des cénacles et qui s’évertuent encore aujourd’hui à détruire tout sur leur passage, déclenchant des guerres interminables et soumettant l’humanité à leur domination. Actuellement réunis sous différentes enseignes, ils sont en fait les « fils de Caïn », les descendants de Nimrod et de Babylone. Portant en eux la semence du serpent, ils se croient invincibles, mais leur châtiment final arrivera bientôt. Il est écrit dans Apocalypse 18:2-3 : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande! Elle est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux, parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, et que les rois de la terre se sont livrés avec elle à l’impudicité, et que les marchands de la terre se sont enrichis par la puissance de son luxe. »


« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne. » (Matthieu 10:28)


➽ Concernant l’enluminure de maître du Haintz Narr

Diebold Schilling le Vieux : deux soldats à gauche utilisent des arquebuses (1470).

Revenons maintenant sur l’enluminure de maître du Haintz Narr qui illustre la première et précieuse édition de La Cité de Dieu de saint Augustin qui fut imprimée le 13 février 1489. Comme je l’ai écrit au début de cet article, lorsqu’on observe attentivement les personnages qui se tiennent debout sur les remparts de la cité de Babylone, on y aperçoit une sorte de démon vert ayant l’apparence de ce que David Icke appellerait spontanément « un reptilien ». Ce diable brandit une arme à feu dans ses mains. Dès l’abord, nous pouvons être très étonnés puisque nous nous situons ici à la fin du XVe siècle.

Le graveur de Bâle a voulu représenter les Nephilim qui, comme nous le savons, enseignèrent aux hommes la fabrication des armes (épées, couteaux, boucliers, cuirasses, etc.) et de ce fait répandirent le mal et la violence sur la terre. Nous voyons ces « fils de Caïn » combattre La Cité de Dieu, c’est-à-dire Sion, la Jérusalem céleste.

Apercevoir une arme à feu dans une enluminure du XVe siècle peut paraître surprenant, mais ce n’est pas aussi exceptionnel qu’il n’en paraît. Le 7 octobre 2020, Alain Parbeau (ancien professeur de lycée des métiers de la sécurité) nous fit une petite histoire chronologique des armes à feu sur le site officiel de l’Union Française des amateurs d’Armes (UFA). En fin de compte, on y apprend que ce que l’on voit sur la gravure de maître du Haintz Narr n’est autre qu’une arquebuse qui existait déjà depuis quelques années en 1489. Il s’agit d’une arme à feu, à fût de bois, véritable ancêtre des carabines, mousquets et fusils, que l’on tient sous l’aisselle ou que l’on commence à épauler. La mise à feu est faite par un « serpentin » en fer fixé sur le côté du fût et tenant une mèche. Il est rabattu rapidement mèche allumée sur la lumière du canon (petit trou recouvert de poudre qui communique avec la charge de tir à l’intérieur du canon) pour faire partir le coup. Nous voyons ci-haut un autre exemple qui représente deux soldats utilisant des arquebuses dans l’illustration du chroniqueur Diebold Schilling le Vieux, intitulée : “Les Zurichois s’en prennent aux Schwyzois qui ont débarqué près d’Erlenbach pendant les vendanges” (1470). 

Les premières armes à feu européennes apparurent au cours de la deuxième moitié du Moyen Âge, vraisemblablement au XIIIe siècle, date à laquelle on trouve les premières mentions de ce type d’armes à feu médiévales ; elles introduisent les armes à feu qui vont révolutionner la technologie militaire. Les premiers essais d’armes à feu concernaient surtout des engins d’artillerie, les armes portables se révélant tout d’abord problématiques à mettre en œuvre et moins efficaces que les armes de jet traditionnelles, comme l’arc et l’arbalète. Le fusil à poudre noire est la première arme moderne utilisée pour remplacer les armes de trait (arc et arbalète) au premier quart du XIVe siècle par la création de la couleuvrine à main, puis de l’arquebuse (fin XVe siècle) et du mousquet (du XVIe au XVIIIe siècle).

Le terme « arquebuse » est dérivé du mot néerlandais Haakbus (« fusil à crochet »). Le terme arquebuse a été appliqué à de nombreuses formes différentes d’armes à feu du XVe au XVIIe siècle, mais il faisait à l’origine référence à « un pistolet avec une projection ou un ergot en forme de crochet sur sa surface inférieure, utile pour le stabiliser contre les créneaux ou d’autres objets lors du tir ». Ces « fusils à crochet » étaient dans leurs premières formes d’armes défensives montées sur les murs des villes allemandes au début du XVe siècle. L’ajout d’une crosse d’épaule, d’un bac d’amorçage et d’un mécanisme de mèche à la fin du XVe siècle a transformé l’arquebuse en une arme à feu portative et également en la première arme à feu équipée d’une gâchette.

La datation exacte de l’apparition du mousquet est controversée. Il aurait pu apparaître dans l’Empire ottoman dès 1465 et en Europe un peu avant 1475. L’arquebuse lourde, qui s’appelait alors mousquet, a été développée pour mieux pénétrer les armures en plaques et est apparue en Europe vers 1521. Les arquebuses lourdes montées sur des chariots de guerre étaient appelées arquebuses à croc. Elles transportaient une balle de plomb d’environ 100 grammes (3,5 oz). Une arquebuse standardisée, le caliver, a été introduite dans la seconde moitié du XVIe siècle. Le caliver permettait aux troupes de charger les balles plus rapidement car elles s’adaptaient plus facilement à leurs armes, alors qu’avant les soldats devaient souvent modifier leurs balles pour les adapter, voire même les fabriquer elles-mêmes avant la bataille. L’arquebuse à mèche est considérée comme l’ancêtre du mousquet à silex. ♦



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Monica Onit
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« Merci beaucoup pour tout votre travail, jamais le Québec ne pourrait pas remercier des patriotes comme vous! »

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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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Vincent Larocque

Très pertinent comme article Guy.

Je fais des recherches livresque et internet sur les reptiliens-dragons-serpents depuis 2007 environ. C’est un sujet épineux, complexe et malheureusement perçu avec condescendance et comme étant absurde, surtout depuis les dernières années. Mais tes informations rejoignent ceux de Gary Wayne et Timothy Alberino, par contre La Cité de Dieu de Saint Augustin, c’est du jamais vu pour moi, très intéressant. N’écoute pas le commentaire de Pevade : je trouve que justement ton point fort c’est la longueur de tes articles, fruit de recherches ardues et longues. Il serait bien plus facile et paresseux de faire le contraire!

Merci beaucoup d’avoir traité de ce sujet ridiculisé.

Pevabe

Bonjour Mr Boulianne,
Il y a beaucoup d’informations dans votre article. Mais il y en a paradoxalement un peu trop.
Si l’on regarde la situation présente, nous sommes également proche du livre de l’Apocalypse, mais pas au sens courant entendu par les personnes.
Approches convergentes proposées :
1 : Affaire Kuklinsky en Pologne en 1980 (cf le film Jack Strong) : c’est la problématique de la constitution au temps de l’URSS du 2ème échelon stratégique des forces Soviétiques (dissoutes après 1991, et en cours de reconstitution accélérée en ce moment même en 2024. Mr Poutine viens d’annoncer que dans quelques mois (décembre 2024), les forces russes atteindront un effectif officiel d’environ 2,4 millions de soldats.
2 : documentaire de Pierre Barnérias M et le 3eme secret : examinez les sources de son documentaire
3 : Le combat des 2 cités se situe à la fois dans les pays occidentaux ET en Russie. La Russie actuelle veut sa part du gâteau du gouvernement mondial refusé par les pays anglo-saxons. Si l’on veut une Russie pacifique, elle doit se convertir au Christianisme ce qui n’est pas encore le cas. Mais cette conversion ne se fera (compte tenu de sa défiance multi séculaire des russes vis à vis de l’ouest européen + USA) que si les pays occidentaux se convertissent aussi : nous n’y sommes pas non plus. Si cela ne se fait pas, il y aura probablement une guerre en Europe (à l’ère du nucléaire, cette menace est mortelle) dans les prochaines années. S’il y a conversion de part et d’autre, une paix reste possible.
4 : relire le livre de l’apocalypse
5 : relire le livre du colonel Rezun alias Suvorov, sur le Brise glace publié en 1990 ou 1991 à partir de ses recherches dans les archives militaires soviétiques dans les années 1980.

Bien amicalement,

mareck

20ème AZK – David Icke : Relations entre la tyrannie mondiale et ses ruses de guerre
Lors de la 20e AZK, le journaliste et lanceur d’alerte britannique David Icke relie avec brio des événements actuels apparemment indépendants et met en évidence UNE conspiration sous-jacente. Son appel : « Connais l’objectif, et tu verras le chemin qui y mène ! » Dans l’interview, il ne mâche pas ses mots. Il montre comment même les lanceurs d’alerte courent le risque de soutenir l’évolution vers une dystopie mondiale dictée par le centre. L’exposé – un MUST pour toute personne en quête de vérité. [lire la suite]

http://www.kla.tv/30174

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