Comme l’écrivait la rédactrice Mégane Bouron le 7 décembre 2020 sur le site d’information politique et générale POSITIVR, de nombreux écologistes sont persuadés que la fin de notre civilisation industrielle est proche. Mais ces nouveaux penseurs ne sont pas les premiers à défendre une telle théorie. En 1972, de grands scientifiques prévoyaient déjà une grande catastrophe humaine vers les années 2030. Il s’agit ici de la « théorie de l’effondrement ». En effet, selon des écologistes tels que Pablo Servigne, Aurélien Barrau ou encore Raphaël Stevens, notre système est voué à l’échec dans la mesure où nous détériorons notre environnement et où nous exploitons de « manière exponentiellement croissante nos ressources dans un monde de taille finie ». Et ce constat préoccupant ne date pas d’hier. Au début des années 70, Jacques Piccard portait le même discours alarmant et participait à l’éveil de la prise de conscience écologique, trente ans avant l’annonce du réchauffement climatique. Ce célèbre océanographe et océanaute suisse, décédé en 2008, s’est intéressé de près au Rapport du club de Rome qui révélait que si nous ne changions pas nos habitudes, notre civilisation allait basculer et atteindre un point de non-retour.
À l’époque, pour que la situation se stabilise dans les années 2000, il aurait fallu « réduire les investissements de 40 %, réduire la pollution de 50 %, l’exploitation de matières premières de 75 % et la production alimentaire de 20 %. » De toute évidence, ces objectifs n’ont pas été atteints. Sans ce changement radical, Jacques Piccard prévoyait d’ici 2030 « une chute brutale de la population d’à peu près les deux tiers. » C’est ce qu’il expliquait dans un entretien avec Jean Dumur et Claude Torracinta sur les ondes de la Télévision suisse romande (RTS) le 20 mars 1972.
Jacques Piccard est le fils du physicien et aéronaute Auguste Piccard (1884-1962), qui fut le premier homme à être entré dans la stratosphère en 1931 [NOTE], et le père de l’aéronaute Bertrand Piccard.
Les Limites à la croissance (The Limits to Growth) — connu sous le nom de Rapport du club de Rome, ou encore de Rapport Meadows, du nom de ses principaux auteurs, les écologues Donella Meadows et Dennis Meadows — est un rapport commandé par le club de Rome et publié en 1972 qui discutait de la possibilité d’une croissance économique et démographique exponentielle avec une offre limitée de ressources, étudiée par simulation informatique. Dennis Meadows a commencé à travailler à la faculté du Massachusetts Institute of Technology à la fin des années 1960. De 1970 à 1972 au MIT, il a été directeur du « Projet du Club de Rome sur la situation difficile de l’humanité au MIT » qui a construit le modèle mondial sous-tendant cette publication. Dans le cadre du Symposium de Herrenhausen « 40 ans de limites à la croissance » organisé par la Fondation Volkswagen (Volkswagenstiftung) les 28 et 29 novembre 2012, Dennis Meadows a été interviewé par Christiane Grefe lors de la séance finale de la conférence « WISSENSWERTE » à Brême le 27 novembre. Il racontait alors :
« Je suis revenu au MIT (Massachusetts Institute of Technology), je suis entré dans le bureau et il a été annoncé qu’un groupe dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, le Club de Rome, viendrait au MIT pour en savoir plus sur nos méthodes de modélisation informatique, car ils étaient intéressés par une sorte d’étude globale. J’ai participé au cours avec d’autres et j’ai finalement décidé que je pouvais imaginer comment réaliser le projet qu’ils voulaient. J’ai fait une proposition qu’ils ont acceptée. Elle a été utilisée pour obtenir de l’argent de la Fondation Volkswagen. Nous avons eu beaucoup de chance. Je pense qu’aucune autre fondation au monde n’aurait donné de l’argent à cette époque pour un projet aussi fou et j’ai donc constitué une équipe de 16 personnes et nous avons travaillé pendant près de deux ans et réalisé l’œuvre « The Limits to Growth ». Ce n’était pas le but du projet. L’objectif était un très gros rapport scientifique et « Limits to Growth » a été écrit après coup, d’une certaine manière, mais c’est ainsi que cela s’est produit. J’ai donc eu la chance de revenir au MIT à temps et aussi de savoir que, comme j’étais parti, il n’y avait rien sur mon bureau. J’étais totalement libre de travailler à plein temps sur ce projet. »
Il poursuit plus loin durant cette même entrevue : « Le Club de Rome, disons Aurelio Peccei, avait un agenda. Cela n’a pas eu d’influence sur ce que nous avons fait dans le cadre de notre travail. J’étais concentré sur l’étude scientifique et Aurelio a vu le petit livre et a dit non, c’est celui que nous voulons vraiment publier. Mais c’était seulement de cette façon. Jamais pendant les travaux, personne ne nous a dit que nous devions nous concentrer sur cela et que nous devions l’ignorer. Ce n’est pas venu. Nous sommes essentiellement allés là où la science nous a menés. » [SOURCE : VolkswagenStiftung]
Dennis Lynn Meadows explique que la population mondiale doit être réduite à 1 milliard de personnes pour « avoir plus de liberté », soit une réduction de 87,5 % par rapport à la population actuelle, et que cette réduction devrait « se faire de manière civile et pacifique ». [SOURCE]
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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs AuthorsDen et de la Nonfiction Authors Association (NFAA) aux États-Unis. Il adhère à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).





Notre ciel soumis à une évolution contrôlée. Journaliste et photographe professionnelle, Jacqueline Roche a toujours été à la recherche de fonds de ciels bleus pour son travail sur l’image. Avec le temps, elle observe que ces fonds ne sont plus aussi intensément bleus, que notre ciel est souvent voilé, nettement moins lumineux… Voir le documentaire :