L’écoquartier aux Îles de la Madeleine, émanant de la Fondation Rockefeller, est un laboratoire qui s’étendra à l’échelle du territoire québécois

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Toujours dans le cadre de ma série d’articles concernant les Îles de la Madeleine et la “Passe Archipel” que les élus locaux veulent instaurer, qu’elle soit volontaire ou obligatoire, nous savons maintenant que celle-ci s’inscrit dans un projet beaucoup plus vaste de “ville 15 minutes”, indifféremment nommée « ville résiliente », « ville intelligente », « microréseau intelligent » ou « écoquartier » par ses différents promoteurs. La municipalité des Îles-de-la-Madeleine déclarait dans un communiqué de presse que le projet d’écoquartier à Cap-aux-Meules permettra de tester certaines technologies et de développer de nouvelles expertises qui deviendront éventuellement « une source d’inspiration pour tout le Québec ». Il s’agit donc en quelque sorte d’un laboratoire qui s’étendra un jour au reste du territoire québécois. Le 5 mai 2023, la radio des Îles de la Madeleine CFIM 92,7 FM annonçait un investissement de 10 millions de dollars de la part de Hydro-Québec pour la mise en place du microréseau intelligent. Les sommes sont destinées à accompagner la Municipalité et les promoteurs dans l’analyse et le choix des technologies pour chacun des bâtiments de l’écoquartier en plus de financer l’achat d’équipements. L’investissement annoncé s’ajoutait aux 10 millions de dollars déjà consentis par Québec pour la décontamination des terrains, de même qu’une somme d’un peu plus d’un million pour le développement de la première phase du projet.

Pour des millions de personnes, la “ville 15 minutes” (ou écoquartier) est une manière de vouloir priver les individus de leur liberté de se déplacer. Pour ces personnes, le modèle des 15 minutes imposerait une amende aux résidents qui quitteraient leur quartier d’origine, ou confinerait les gens dans des “prisons à ciel ouvert”. Le 21 décembre 2021, le fondateur de Together Declaration, Alan Miller, discutait sur la chaîne de télévision et de radio britannique GBNews de la proposition du Conseil d’Oxford qui vise à restreindre l’utilisation des routes afin de limiter la circulation publique dans la poursuite du concept des “villes 15 minutes” : « Absolument antidémocratique, une attitude totalement patricienne… On pourrait penser que c’est une affaire accomplie, mais beaucoup de gens sont très mécontents ».

Le journal The New York Times rapportait le 28 mars 2023 que le psychologue canadien, Jordan Peterson, a suggéré que les villes en 15 minutes étaient « peut-être la pire perversion imaginable » de l’idée de quartiers accessibles à pied. Le psychologue écrivait sur le réseau X : « L’idée selon laquelle les quartiers devraient être accessibles à pied est charmante. L’idée selon laquelle des bureaucrates tyranniques idiots peuvent décider par décret où vous êtes « autorisé » à conduire est peut-être la pire perversion imaginable de cette idée – et, ne vous y trompez pas, cela fait partie d’un plan bien documenté. »

Le 9 février 2023, le député conservateur Nick Fletcher a qualifié les villes de 15 minutes de « concept socialiste international » lors d’un débat au Parlement britannique. Il dit à ce moment : « Le leader de la Chambre pourrait-il réserver du temps à la Chambre pour un débat sur le concept socialiste international des soi-disant villes et quartiers de 20 minutes? Les zones à très faibles émissions, dans leur forme actuelle, causent des dommages économiques incalculables à n’importe quelle ville. La deuxième étape, après ces zones, supprimera également les libertés individuelles. Sheffield est déjà sur ce chemin, et je ne veux pas que Doncaster, qui a également un conseil socialiste dirigé par les travaillistes, fasse de même. Les zones à faibles émissions coûtent de l’argent aux contribuables – c’est aussi simple que cela. Cependant, les villes à 15 minutes nous coûteront notre liberté personnelle, et cela ne peut pas être juste. »

Une ville intelligente est une zone urbaine technologiquement moderne qui utilise différents types de méthodes électroniques et de capteurs pour collecter des données spécifiques. Les informations obtenues à partir de ces données sont utilisées pour gérer efficacement les actifs, les ressources et les services ; en retour, ces données sont utilisées pour améliorer les opérations dans toute la ville. Cela inclut les données collectées auprès des citoyens, des appareils, des bâtiments et des actifs qui sont traitées et analysées pour surveiller et gérer les systèmes de circulation et de transport, les centrales électriques, les services publics, la foresterie urbaine, les réseaux d’approvisionnement en eau, les déchets, les enquêtes criminelles, les systèmes d’information, les écoles, les bibliothèques, hôpitaux et autres services communautaires. Les villes intelligentes sont définies comme intelligentes à la fois dans la manière dont leurs gouvernements exploitent la technologie ainsi que dans la manière dont ils surveillent, analysent, planifient et gouvernent la ville. Dans les villes intelligentes, le partage de données ne se limite pas à la ville elle-même mais inclut également les entreprises, les citoyens et autres tiers qui peuvent bénéficier des diverses utilisations de ces données.

La résilience urbaine a été classiquement définie comme « la capacité mesurable de tout système urbain, avec ses habitants, à maintenir la continuité malgré tous les chocs et toutes les tensions, tout en s’adaptant et en se transformant positivement vers la durabilité ». Par conséquent, une ville résiliente est une ville qui évalue, planifie et agit pour se préparer et réagir aux dangers, qu’ils soient naturels ou d’origine humaine, soudains ou lents, attendus ou inattendus. En tant qu’Agence des Nations Unies pour les établissements humains, ONU-Habitat s’efforce d’aider les gouvernements locaux et leurs parties prenantes à renforcer la résilience urbaine grâce à l’outil de profilage de la résilience des villes (CRPT). Lorsqu’elle est appliquée, l’approche holistique d’ONU-Habitat visant à accroître la résilience permet aux gouvernements locaux de mieux être en mesure d’assurer le bien-être des citoyens, de protéger les acquis du développement et de maintenir leur fonctionnalité face aux dangers. L’outil développé par ONU-Habitat pour aider les gouvernements locaux à atteindre la résilience est l’outil de profilage de la résilience des villes. L’outil suit différentes étapes et ONU-Habitat aide les villes à maximiser l’impact de la mise en œuvre de la CRPT. C’est en tout cas ce que prétend l’Agence des Nations Unies.

➽ L’Île du Cap aux Meules et le microréseau intelligent

C’est à Lac‑Mégantic que fut construit le premier microréseau électrique îlotable du Québec, à l’échelle d’un quartier et inauguré en 2021. Le microréseau comprend différents composants tels que des panneaux solaires, des dispositifs de stockage et des outils permettant de gérer la consommation d’énergie des bâtiments. Il est possible d’y appliquer le principe d’îlotage grâce au système de commande qui sert à isoler le microréseau du réseau principal d’Hydro‑Québec pour qu’il fonctionne de manière autonome. Le projet permet également de faire évoluer le réseau principal d’Hydro‑Québec pour assurer une intégration harmonieuse des ressources énergétiques décentralisées.

Les utilisateurs et les propriétaires des bâtiments composent une communauté de praticiens : ensemble, ils peuvent s’approprier les technologies ainsi qu’échanger sur les enjeux qu’elles posent et sur les meilleurs comportements à adopter en matière de consommation d’énergie. Le microréseau électrique de Lac-Mégantic possède un système de commande intelligent pour gérer l’ensemble des charges et des ressources énergétiques décentralisées (RED). Il est composé d’une trentaine de bâtiments résidentiels et commerciaux. Il comporte :

  • jusqu’à 1 000 panneaux solaires (puissance installée de 300 kW) ;
  • des batteries permettant le stockage de 300 kWh d’énergie ;
  • des maisons et des bâtiments intelligents avec des équipements de gestion de la consommation ;
  • des bornes de recharge pour les véhicules électriques.

C’est donc à l’exemple de la Ville de Lac-Mégantic que la société d’État québécoise annonça le 4 mai 2023 qu’elle s’associait avec la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine pour créer un microréseau intelligent dans le cadre du projet de l’écoquartier de Cap-aux-Meules, c’est-à-dire une “ville 15 minutes”. Chaque bâtiment sera alors intégré à ce nouvel écosystème électrique en tant que nanoréseau ayant pour objectif l’efficacité énergétique, la résilience et la carboneutralité. Comme pour Lac-Mégantic, ce projet « prendra en compte l’évolution des connaissances techniques et sera élaboré dans un esprit communautaire afin de répondre aux aspirations de la population et aux besoins de la collectivité. À terme, l’écoquartier des Îles-de-la-Madeleine sera un milieu de vie doté d’une culture du développement durable et une source d’inspiration pour tout le Québec », peut-on lire dans le communiqué.

L’écoquartier des Îles-de-la-Madeleine sera composé d’une dizaine de bâtiments, chacun étant un nanoréseau s’intégrant au microréseau de l’ensemble. Les technologies pourront comprendre des panneaux solaires, des batteries de stockage d’énergie et des outils permettant de gérer la consommation d’énergie des bâtiments.

Selon Pierre Fitzgibbon (ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ministre responsable du Développement économique régional et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal), « ce projet d’écoquartier illustre parfaitement l’importance de l’innovation pour notre transition énergétique. Nous travaillons pour rendre le réseau électrique plus résilient partout au Québec, et ce microréseau est particulièrement intéressant pour les Îles-de-la-Madeleine. »

Le 24 octobre 2023, la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine organisa une consultation publique durant laquelle elle présenta aux citoyens présents son programme particulier d’urbanisme (PPU), qui est une composante du plan d’urbanisme et un outil de planification du territoire qui permet à la municipalité de préciser sa vision pour un secteur stratégique à développer ou à redévelopper. Le plan particulier d’urbanisme du centre-ville de Cap-aux-Meules s’inscrit dans une démarche entamée depuis quelques années pour la revitalisation du centre-ville et la transition énergétique. C’est dans ce contexte qu’émergea le projet de développement de type écoquartier pour le cœur de Cap-aux-Meules.

Le PPU du centre-ville de Cap-aux-Meules s’inscrit dans une démarche entamée depuis quelques années par la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine pour la revitalisation du centre-ville et la transition énergétique, afin de répondre à certains enjeux liés aux changements climatiques. Son objectif central est d’offrir un milieu de vie avec plusieurs services dans un petit rayon, plus dense, avec des espaces verts et des aménagements sur le domaine public afin de favoriser la mobilité active et la transition énergétique. La zone identifiée rendra disponibles des superficies intéressantes pour accueillir de nouveaux bâtiments représentant un potentiel pour la consolidation de l’identité du cœur de Cap-aux-Meules, soit une nouvelle façon de vivre aux Îles, près des commerces et des services.

Par sa position stratégique, le centre-ville de Cap-aux-Meules est le chef-lieu de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine. Il abrite le plus grand port commercial et de pêche de l’archipel ainsi que les liaisons maritimes vers l’extérieur assurés par la Coopérative de transport maritime et aérien (CTMA). Le village accueille aussi en son centre la majorité des services gouvernementaux provinciaux tels que la SAAQ, Transports Québec, le MAMH, le MAPAQ et le ministère de l’Environnement. La presque totalité des services fédéraux est aussi centralisée à Cap-aux-Meules, tels que Parcs Canada, Transports Canada, la Garde côtière et le bureau de l’emploi et de l’immigration. Cap-aux-Meules abrite également la majorité des services sociosanitaires, ce qui comprend le seul hôpital de l’archipel, le CISSS, le CHSLD et le CLSC. De toutes les localités de l’archipel, Cap-aux-Meules est la seule à disposer d’un service d’aqueduc et d’égout couvrant la totalité du territoire habité. Finalement, l’axe qui traverse le cœur de Cap-aux-Meules, soit la route 199 ou le chemin Principal, est le principal axe commercial des Îles et l’on y retrouve 60% des commerces et services publics et privés.

SOURCE — CIMT/CHAU : « Hydro-Québec appuie les Îles dans leur projet d’écoquartier », vendredi le 5 mai 2023.

Le 2 mars 2024, le Portail officiel des Îles nous apprenait que 24 logements abordables étaient sur le point d’être construits aux Îles-de-la-Madeleine. Ces logements conçus pour des familles et des personnes seules à revenu modeste seront construits sur le site de l’écoquartier de Cap-aux-Meules et intégrés au microréseau intelligent d’Hydro-Québec. Selon le maire des Îles-de-la-Madeleine, Antonin Valiquette, ces logements seront loués à un tarif mensuel de moins de 1000 $, « mais il est encore trop tôt pour annoncer des coûts plus précis ». La construction devrait commencer en 2025. « Ces bâtiments-là vont être à la fine pointe en matière d’économie énergétique », souligne le maire. Le 11 juin dernier, la Communauté maritime des Îles a aussi annoncé avoir acheté cinq lots, quatre immeubles et un terrain dans le but de développer l’écoquartier de Cap-aux-Meules.

La zone identifiée au programme particulier d’urbanisme (PPU) a pour but de favoriser une mixité des usages ainsi qu’une densité plus élevée que sur le reste du territoire des Îles. L’implantation de commerces et services ayant un rayon de desserte régionale se retrouvant sur l’axe de la route nationale 199 (chemin Principal) y est en forte concentration et les principales infrastructures publiques d’aqueduc et d’égout y permettent une densification. Selon le PPU, « il est nécessaire que la cohabitation des fonctions soit harmonieuse avec la fonction résidentielle afin que le centre-ville soit habité et fréquenté, tout en acceptant que le style de vie dans un milieu à usages mixtes est différent de celui dans un milieu exclusivement résidentiel. Cette tolérance au bruit, aux odeurs, à la circulation et aux activités diverses est un compromis nécessaire pour avoir accès sans voiture aux commerces et services environnants ».

La vision du PPU se traduit en six orientations qui permettront sa réalisation. Ces orientations sont déclinées en objectifs et en moyens de mises en œuvre pour y arriver :

1. Encourager le développement de l’offre résidentielle au centre-ville.
2. Favoriser la mobilité durable et la gestion de la circulation.
3. Relocaliser les usages incompatibles avec l’habitation.
4. Mettre en valeur les paysages et intégrer la biodiversité.
5. Prévoir des investissements structurants sur le domaine public.
6. Assurer l’intégration au microréseau d’Hydro-Québec.

Le PPU du centre-ville permet d’adopter un programme d’acquisition d’immeubles en vue de mettre en œuvre la vision municipale, et ce, même pour des fins privées. Dans ce cas, la municipalité peut acquérir les immeubles de gré à gré ou par expropriation (article 85 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme).

En septembre 2015, les dirigeants du monde ont adopté les 17 objectifs de développement durable (ODD) dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ces objectifs, qui s’appuient sur et remplacent les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), sont officiellement entrés en vigueur le 1er janvier 2016 et devraient être atteints au cours des 15 prochaines années. Même si les ODD ne sont pas juridiquement contraignants, les gouvernements sont censés s’en approprier et établir des cadres nationaux pour leur réalisation. Les pays ont également la responsabilité principale du suivi et de l’examen des progrès réalisés sur la base d’une collecte de données de qualité, accessibles et opportunes. Les examens nationaux alimenteront les examens régionaux, qui à leur tour éclaireront un examen au niveau mondial. Or, nous savons que le “Passe Archipel” proposé par le maire Antonin Valiquette et ses conseillers est totalement aligné sur l’Agenda 2030 et les objectifs mondiaux de développement durable (ODD), ainsi que sur le Rapport de la rencontre annuelle du Forum des partenaires Horizon 2025 qui demande aux Madelinots et aux Madeliniennes de renoncer à l’augmentation du tourisme en été, et qui en appelle à la décroissance planifiée.

Le Rapport de la rencontre annuelle du Forum des partenaires Horizon 2025 est d’une gravité extrême puisque les écoanxieux radicaux y proposent rien de moins que :

RENONCER : à certaines libertés individuelles au profit du bien-être collectif, à faire passer ses besoins avant les besoins collectifs, aux intérêts individuels et à certains privilèges, à la possession personnelle, à la mentalité de propriétaire, à la propriété unifamiliale, à la manière actuelle d’habiter le territoire, ainsi qu’au luxe et au confort (ex. maisons trop grosses, étalement).

FAVORISER ET VALORISER : l’économie de partage, la décroissance planifiée, une meilleure redistribution de la richesse, la simplicité volontaire progressive, le quota d’eau et d’électricité, la cohabitation (colocation, maisons pluri générationnelles), la diminution de l’individualisme.

Selon les informations obtenues, les taxes foncières pour les commerçants dans les Îles de la Madeleine ont augmenté de 31 % depuis 2021. Le budget municipal est passé de 27 millions en 2021 à 41 millions en 2024. Lors de la séance extraordinaire du Conseil municipal et de la Communauté maritime des Îles de la Madeleine le 4 juin dernier, madame Chantal Renaud, propriétaire d’un camping à Havre-Aubert, annonça qu’au moins 15 % de sa clientèle a annulé ses réservations pour le mois de juillet sans savoir ce qui adviendra au mois d’août. Ceci va dans le même sens que l’article que j’ai publié trois jours plus tôt. Quoi qu’on en dise ou qu’on en pense, le but inavoué est de ruiner les gens pour les forcer à se tourner vers les logements à prix modique au sein des écoquartiers, créant ainsi des ghettos où la population deviendra dépendante des conditions de vie imposées par les différents palliers de gouvernement.

La conseillère Relations avec les collectivités chez Hydro-Québec, Geneviève Cloutier, a confirmé elle aussi sur la chaîne de télévision CIMT/CHAU que le microréseau de Cap-aux-Meules est en fait un laboratoire qui s’étendra à l’échelle du territoire du Québec : « Le microréseau des îles, oui il va y avoir différents objectifs, par exemple la réduction des GS, la résilience, mais aussi ça va être un beau laboratoire, une belle vitrine technologique qui va nous permettre d’essayer plein de technologies et de nous donner plein d’apprentissages qu’on va effectivement peut-être pouvoir transposer ailleurs au Québec, ailleurs aux Îles, dans d’autres réseaux autonomes. » Ce qui se déroule actuellement aux Îles de la Madeleine concerne donc l’ensemble des Québécois, sans aucune exception.

Afin de mieux comprendre et saisir les véritables enjeux qui se cachent derrière l’Agenda 21, l’Agenda 2030 et la création des “ville 15 minutes”, je vous invite à écouter ci-dessous les propos de l’auteure et évaluatrice immobilière commerciale médico-légale, Rosa Koire, ainsi que le reportage qui s’ensuit.

L’auteure et évaluatrice immobilière commerciale médico-légale à la retraite, Rosa Koire (aujourd’hui décédée), exposait l’Agenda 21 et l’Agenda 2030 des Nations Unies à la veille de sa présentation lors de l’Open Mind Conference qui eut lieu en septembre 2013 au centre de cours et de conférences Audonicon à Skanderborg au Danemark, dans la région du Jutland-Central.

➽ Les Villes résilientes, dont découlent les Villes 15 minutes, sont une émanation de la Fondation Rockefeller

Le 31 mai 2019, l’École de guerre économique (EGE) publiait un rapport de 143 pages, intitulé “La Fondation Rockefeller & les 100 Villes résilientes. Une opération de Social Learning ?”, qui traite justement des mécanismes du soft power par le prisme de la Fondation Rockefeller, et plus particulièrement son programme international “100 Villes résilientes” (qu’on peut aussi nommer “ville 15 minutes” ou “écoquartier”). L’École de guerre économique est un établissement d’enseignement supérieur privé hors contrat français, fondé en octobre 1997 par Jean Pichot-Duclos, général et ancien directeur de l’école interarmées du renseignement reconverti auprès de la société-parapluie du Ministère de la Défense, Défense conseil international, où il a créé la branche d’intelligence économique (Intelco-DCI). Il cofonde l’école au sein-même de la DCI avec Christian Harbulot, alors directeur opérationnel d’Intelco-DCI. L’établissement d’enseignement propose des programmes de MBA spécialisés dans l’intelligence économique qui s’intéresse au renseignement économique, défensif ou offensif, pratiqué dans un contexte de guerre économique et de mondialisation économique. Les programmes s’adressent aux étudiants diplômés d’écoles et d’universités prestigieuses. L’école propose également un programme professionnel d’un an destiné aux cadres supérieurs.

Pour ses 100 ans d’existence, la Fondation Rockefeller a lancé en 2013 le programme mondial “100 Villes résilientes” (100 RC) en investissant 100 millions $ pour 100 villes. L’objectif étant de soutenir des villes pour l’élaboration et l’application de plans de résilience urbaine, à travers un soutien financier, technique et des ressources humaines. La formation exécutive de l’EGE, le Management Stratégique et Intelligence Économique (MSIE), a souhaité comprendre à partir de son travail de recherche et d’analyse en intelligence économique, l’intérêt ultime recherché par la Fondation Rockefeller et ses filiations dans cet investissement, au-delà de l’approche philanthropique. Pour cela, il a paru important de remettre en contexte dans une première partie, qui sont les Rockefeller, l’influence qu’ils ont pu exercer sur le monde et dans quel but. Dans un second temps, l’équipe du MSIE s’est attachée à étudier les mécanismes d’influence des Fondations de la dynastie Rockefeller. La troisième et quatrième partie, sont centrées, sur une description analytique du projet 100 RC : son historique, ses objectifs premiers, et la méthodologie proposée voire imposée par la Fondation Rockefeller aux villes adhérentes à 100RC, posant la question d’une tentative de normalisation de la relation, par-delà la résilience.

Les auteurs du Mémoire MSIE 30 ont ainsi cherché à répondre à la problématique suivante : “Le projet 100RC de la Fondation Rockefeller” constitue-t-il un cas de social learning et dans ce cadre, d’analyser comment cela ne serait-il pas un prétexte pour influencer les orientations et détecter des opportunités de marché pour les États-Unis. En sommes, ce mémoire se propose de faire l’analyse d’un cas d’usage du soft power pour influencer des acteurs économiques par le biais d’un projet à l’échelle mondiale.


➽ Le projet “100 Villes résilientes, un prétexte pour détecter des opportunités de business

« Dans le cadre du dispositif 100RC, la résilience est un objectif global, tel un idéal que l’on souhaiterait atteindre au travers de la définition d’objectifs et d’actions dans une stratégie. Il ne s’agit plus ici d’un processus observé et décrit mais bien d’une projection à ce que pourrait, ce que doit être une ville résiliente. Comprenons bien qu’à partir du moment où l’on sort du champ de l’observation, de l’analyse scientifique, la projection portée porte nécessairement une dimension manichéenne. La résilience comme horizon pose trois séries de problèmes : de définition, de formalisation et de manichéisme. » (Samuel Rufat, 2011)

Le projet “100 Villes résilientes” (100 RC) est-il mis en œuvre pour déclencher à court, moyen ou long terme, des opportunités business ou, est-il l’outil qui grave la résilience dans les textes, les esprits comme un mode de pensées quelque peu normatif, un alinéa de tous les projets désormais comme un point de passage obligé ?

Quelle est philosophie amenée par le projet 100RC ?

La Fondation a mis plus de 100 millions pour financer des postes (CRO, appuis aux CRO, etc) qui ont pour objectif d’accompagner les villes pour écrire une stratégie. 100RC est là pour poser une vision du monde, en tenant compte du tissu local des pays/des villes, un principe de mécénat. C’est une constitution de CLUB, juste pour 2 ans et pour insuffler un élan notamment côté des villes des pays en voie de développement qui sinon, ne pourrait pas prioriser la résilience car elles ont d’autres urgences à court terme vis-à-vis de leur population. Selon Karim Selouane rencontré début avril 2019 au sein de l’Institut Léonard (VINCI), les projets C40 et 100RC sont deux modèles différents : l’un (C40) est business et investissement /mise en œuvre pour l’autre (100RC), est d’intégrer le concept dans la croyance de tout un chacun, un « moyen pour changer le mode ».

Il n’y a pas d’action concrète de réalisations majeures, de réel investissement. Les projets dans la sphère 100RC impliquent principalement des sociétés de conseils et d’audit. Ce sont des analyses de situations des faiblesses majeures à traiter, une analyse des risques majeurs à prioriser, un tracé d’une roadmap des actions à prioriser. 100RC n’a pas pour objectif d’être « éternel », par contre d’être un levier pour inscrire la résilience dans l’histoire, une prise de conscience. 100RC, c’est un business pour créer le marché de la résilience à inscrire dans le long terme.

Il faut marquer les esprits

On peut considérer que 100RC amène via les villes donc au final les organisations des pays à intégrer la résilience comme un point de passage obligé : « tout doit être résilient, tout projet doit avoir son chapitre intégrant la résilience ». Si 100RC n’est là que pour poser le modèle, il faut une arme pour la mise œuvre. N’est-ce pas le projet C40 dans lequel la Fondation Rockefeller est également participante majeure ? C40 qui serait l’arme business pour la mise en œuvre de projets et 100RC la base méthodologique, théorisant dans un angle totalement Social Learning (Apprentissage social).

Qu’est-ce que le C40 « Reinventing cities » ?

Le C40 Cities Climate Leadership Group (C40) a été créé il y a douze ans comme un forum pour permettre aux Villes de partager leurs stratégies visant à réduire les émissions de carbone et à encourager les mesures de lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale. Le C40 rassemble désormais plus de 90 des plus grandes Villes du monde, qui représentent plus de 650 millions de personnes et un quart de l’économie mondiale.

L’équipe du C40 dispose de solides éléments et capacités techniques et d’un modèle de réseau efficace pour permettre aux villes d’échanger leurs bonnes pratiques et de construire des espaces urbains agréables à vivre, résilients et à basse émission de carbone.

Le C40 est actuellement présidé par Anne Hidalgo, Maire de Paris. L’ancien Maire de New York, Michael R. Bloomberg, exerce la fonction de Président du Conseil d’administration. Le travail du C40 est rendu possible grâce à trois fondateurs stratégiques : Bloomberg Philanthropies, Children’s Investment Fund Foundation (CIFF) et Realdania. Au sein de cette instance, c’est déjà 90 villes participantes et non des moindres (New-York, Madrid, Montréal, Paris, San Francisco, …) avec Anne Hidalgo comme Présidente. Le C40 a pour orientation de lancer des appels à concours pour réinventer les villes : comment modifier l’empreinte carbone et adapter la ville par exemple. C’est le « Reinventing cities » de bout en bout avec une utilisation de l’argent public de la ville et des territoires concernés. Par exemple sur Paris, il y a au moins 25 projets en cours : Paris, Bobigny et Saint-Denis ont soumis des sites dans le cadre de « l’appel à projets international innovant », lancé fin 2017 par l’association C40, fédérant des métropoles du monde entier. Les projets lauréats ont été désignés début 2019.

Selon le même principe que « Réinventer Paris », puis « Inventons la métropole du Grand Paris », 49 sites sont proposés par 20 villes dans 14 pays depuis la mi-décembre 2017 dans le cadre d’un appel à projets international baptisé « Reinventing cities ». Ce concours a été initié par le C40 Cities Climate Leadership Group, réseau de 90 métropoles engagées dans la transition écologique, actuellement présidé, rappelons-le, par la maire de Paris, Anne Hidalgo. Son objectif : promouvoir des projets urbains zéro carbone et résilients. (GRAFF, 2018)

Le financement du C40 est pour partie en provenance de la Banque Mondiale qui vient appuyer les projets en demandant des garanties de résilience des projets, comme condition de financement long terme. L’évolution du climat et les risques associés amènent à ce qu’il nomme « un changement de barycentre » en positionnant au centre le risque, qui le porte, comment fonctionner en cas de chocs ou fonctionner à minima en mode acceptable.

Au-delà du « business as usual », Reinventing Cities cible le réaménagement axé sur le climat : le principal critère de sélection des projets est la qualité des solutions proposées pour permettre à la ville et aux communautés locales de catalyser le changement en faveur d’un aménagement urbain résilient, durable et à faible émission carbone. Au-delà de l’appel à idées, Reinventing Cities cible des projets concrets. L’initiative aboutira à un transfert de propriété (vente ou location) pour permettre aux lauréats de mettre en œuvre leur projet. Au-delà du concours d’architecture, Reinventing Cities cible des projets d’ensemble qui proposent des solutions innovantes en matière de programmes, de nouveaux services, de conception, de méthodologie de construction et de financement. Au-delà des frontières, les projets présentés dans le cadre de Reinventing Cities bénéficieront d’une visibilité internationale. Les meilleures solutions révélées par l’appel à projets seront présentées dans le monde entier dans l’espoir d’être adoptées à une large échelle. Les équipes candidates seront présentées comme des acteurs pionniers engagés, aux côtés des maires, à lutter contre le changement climatique et à élaborer de nouveaux modèles d’aménagement à faible émission de carbone.

Ce que l’on trouve dans les préconisations du C40 n’est pas un hasard : « Afin de permettre une transition rapide vers une ville durable, à faible impact sur le climat, les projets doivent s’attaquer à d’autres défis clés, notamment : la Résilience et d’adaptation ». Le Règlement de l’appel à projets énonce les règles de confidentialité. Dans le cadre de cette initiative, le C40, les villes participantes et les partenaires impliqués dans l’organisation de l’appel à projets ont accepté de garantir la stricte confidentialité des propositions soumises par les équipes. La faisabilité financière du projet ainsi que la solidité juridique et financière de l’équipe font partie des critères de sélection. Par conséquent, les candidats sont invités à fournir tout document permettant de juger de leur capacité financière à mener à terme le projet proposé. Pendant la phase finale, la faisabilité financière du projet et la solidité juridique et financière des partenaires de l’équipe seront bien entendu décisifs lors de la sélection des projets lauréats. Les équipes finalistes devront présenter en détail le modèle économique et commercial de leur projet.

La Fondation Rockefeller s’implique dans le C40 comme prolongation du projet “100 Villes résilientes” (100 RC)

Comme annoncé le lundi 17 septembre 2018, les fonds Bloomberg Philanthropies et Rockefeller Brothers rejoignent la coalition de 29 philanthropies et s’engagent à verser 4 milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. Cette coalition de vingt-neuf « philanthropies societies » s’est engagée à verser 4 milliards de dollars sur cinq ans pour lutter contre le changement climatique, le plus important investissement philanthropique jamais consacré à l’atténuation du changement climatique.

Annoncé lors du Sommet mondial de l’action contre le changement climatique à San Francisco, cet engagement représente un vaste effort mondial visant à accélérer les stratégies climatiques éprouvées, à stimuler l’innovation en matière d’énergie propre et à soutenir les organisations du monde entier œuvrant pour la protection de la planète. Les investissements soutiendront une série de stratégies, en mettant l’accent sur les cinq principaux défis mis en évidence par la conférence : systèmes énergétiques sains, croissance économique inclusive, communautés durables, intendance des terres et des océans et investissements pour la transformation du climat.

Ce montant total de 4 milliards de dollars comprend un engagement de 600 millions de dollars annoncé en 2018 par la Fondation William et Flora Hewlett, ainsi que par la Fondation Barr, Bloomberg Philanthropies, le Fonds Rockefeller Brothers et la Fondation Poissons.

En conclusion, il y a clairement un lien entre la finance et la résilience et si cela s’inscrit dans le long terme, le pari est gagné. Parmi les acteurs qui s’y engouffrent, on y retrouve les assurances et les réassureurs (Swiss Re, AXA, Generali) mais aussi tous les fournisseurs d’énergie et gestionnaires de flux (Véolia, EDF) ou d’infrastructures (VINCI).

Une interview de John Elkington, entrepreneur et activiste de l’économie durable de la première heure, ne poserait-elle pas clairement néanmoins ce malaise entre la réalité de nos modes de vie sur l’impact climatique, la nécessité de travaux de résilience pour les contrer et les intérêts financiers : « Est-ce que les CEO et les comités exécutifs ne se rendent pas compte de ce qui se passe ? Il faudrait qu’ils soient tous aveugles pour passer à côté de ces informations qui sont reprises par tous les médias, y compris les grands journaux financiers… Mais la majorité des dirigeants subissent des pressions extrêmement fortes qui ne sont jamais dictées par les questions écologiques. Elles sont liées à leurs résultats financiers et à leur capacité à faire émerger des technologies disruptives ». (L’ADN, le 1 février 2019) ■

Pour conclure cet article, je répéterai ce que j’ai déjà écrit : « Il est primordial que les Madelinots et les Madeliniennes prennent conscience que leur archipel se situe dans l’un des corridors sauvages créé par le Réseau des terres sauvages (Wildlands Network), dont le but est que la plupart des terres soient interdites aux êtres humains tout en prônant aussi l’abolition de la propriété privée ».



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Myriam
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« Bonjour Monsieur Boulianne ! Toute ma gratitude et chapeau bas pour vos articles exceptionnels. »

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1126480cookie-checkL’écoquartier aux Îles de la Madeleine, émanant de la Fondation Rockefeller, est un laboratoire qui s’étendra à l’échelle du territoire québécois
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[…] amène aussi à parler du contrôle de la population, de l’Agenda 2030, du projet des “100 Villes résilientes” de la Fondation Rockefeller et même du Rapport du club de Rome. Le dossier des Îles […]

Benoit Martin

Ce qui est ENCORE une théorie conspirationniste.. 🤷‍♂️ #ville15minutes

👉 « Le plan prévoit également que la moitié de tous les déplacements futurs soient effectués en transport en commun et que les résidents puissent accéder à tous leurs besoins quotidiens en 15 minutes. »

SOURCE : CTV News, 30 mai 2024.

P B

N’ont-ils pas d’autres choses à faire avec leur fric de merde que de nous emmerder à longueur d’année? Ça leur rapporte quoi de vouloir le pouvoir sur toute la population??? 🖕🖕🖕🖕

Donna will Not Comply

Manon Coutu : Lu sur des sites pour ceux que cela peux intéresser. Moi je n’ai pas de compteur intelligent. J’ai une amie qui vient de faire enlevé le sien pour un non intelligent.

Monsieur RossQuest

Québec, endroit sous un dôme rempli de gens facilement contrôlables avec un gouvernement Ultra corrompus. Endroit parfait pour tester leur viles de 15 minutes.

Farnell Morisset

Le code QR des Îles-de-la-Madeleine aura coûté combien à développer? J’ai fait une demande d’accès à l’information pour le savoir.

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