Un autre de mes articles qui concerne l’Ossétie du Sud-Alanie a été publié dans le magazine en ligne russe PRAVDA UA

Je suis très heureux de vous annoncer que mon article intitulé « Ossétie du Sud-Alanie — Lorsque les traités internationaux ne sont pas respectés » a été publié en Russie, dans le magazine en ligne PRAVDA UA.

Le projet international « PRAVDA UA – pravda.rv.ua » est un lieu de discussion, d’information et d’espace public unique en son genre pour les personnes vivant dans différents pays, parlant différentes langues, mais pensant et analysant. Un écrivain célèbre de Kiev, un étudiant amoureux du cinéma, un éminent créateur de mode britannique et un programmeur de Boston intéressé par la politique peuvent discuter en ce lieu. Les participants au projet PRAVDA UA – pravda.rv.ua ne sont divisés ni par la géographie, ni par le degré de notoriété, ni par l’âge, ni par la différence des croyances. Quoi qu’ils fassent et où qu’ils vivent, ils sont unis par un intérêt pour le monde et une volonté d’agir pour rendre ce monde meilleur. Et plus important encore, « PRAVDA UA – pravda.rv.ua » est un cercle d’interlocuteurs unique, auquel vous pouvez appartenir. Je vous invite à lire ci-dessous mon article en français.


Ossétie du Sud-Alanie — Lorsque les traités internationaux ne sont pas respectés

Tout comme les Canadiens-français en Amérique, les Ossètes forment un peuple distinct dans le Nord-Caucase, ayant sa propre histoire, sa propre culture et ses propres légendes. l’Ossétie du Sud a proclamé son indépendance et fait sécession de la Géorgie sur la base de deux référendums. Bien que le oui fut largement majoritaire avec 99 % des votants lors du deuxième référendum, la Géorgie et la grande majorité des pays de l’ONU ne reconnaissent pas cette indépendance et considèrent l’Ossétie du Sud-Alanie comme une région autonome de la province géorgienne de Kartlie intérieure.

Alors, comment pourrions-nous faire confiance à la démocratie lorsque celle-ci est bafouée par la plupart des pays signataires de la Charte des Nations Unies de 1945 ?

Le 2 juin 2018, le Canada s’est dit préoccupé par la reconnaissance par la Syrie des régions séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud : « Le Canada condamne fermement la reconnaissance par le régime syrien des régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud occupées par la Russie en Géorgie. L’occupation de ces régions par la Russie est une violation flagrante du droit international qui porte atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie. Les actions de la Syrie défient l’ordre international fondé sur des règles et compromettent les chances de parvenir à un règlement pacifique de ce conflit. Le Canada soutient sans réserve la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues » (Affaires mondiales Canada). Il est pourtant admis aujourd’hui que c’est la Géorgie qui a débuté les bombardements et les tirs d’artillerie, et non pas l’Ossétie du Sud-Alanie. Le Canada préfère donc appuyer un pays belligérant et belliqueux, ayant commis des crimes génocidaires, plutôt qu’un peuple ayant voulu obtenir son autonomie par l’intermédiaire de deux référendums démocratiques en 1992 et 2006.

Carte des opérations militaires de la guerre dans l’interprétation des médias géorgiens

Lors d’une entrevue récente, le Président du gouvernement russe, Dmitri Medvedev, explique:

« Cette guerre n’aurait pas eu lieu sans le comportement irresponsable, amoral et criminel de Saakachvili et de ses acolytes. En 2008, le gouvernement géorgien, président en tête, a donné le feu vert à l’agression. Et il s’est produit ce qui s’est produit. Ce n’était pas inévitable. C’était indéniablement le choix subjectif de Saakachvili et de son entourage ». Il poursuit : « Et étant donné qu’à cette période la Géorgie était dirigée par une personne aussi psychiquement instable que Mikhaïl Saakachvili ¹, il n’y avait pas d’autres options (de reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud). Peut-être que s’il s’était agi d’un autre gouvernement, il aurait été possible de discuter. Mais je suis certain qu’un autre gouvernement n’aurait pas pris l’odieuse décision d’attaquer des personnes âgées et des enfants, d’attaquer des casques bleus russes et, au fond, de déclarer la guerre à la Fédération de Russie ».

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ou droit à l’autodétermination, est le principe issu du droit international selon lequel chaque peuple dispose d’un choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique, indépendamment de toute influence étrangère.² C’est justement ce que stipule la Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec : « Le peuple québécois peut, en fait et en droit, disposer de lui-même. Il est titulaire des droits universellement reconnus en vertu du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ». La loi précise à l’article 1.2 : « Le peuple québécois a le droit inaliénable de choisir librement le régime politique et le statut juridique du Québec » (E-20.2, Chap. 1.1 et 1.2).

Nous vous rappelons que la validité constitutionnelle de cette loi a été confirmée le 19 avril 2018 par l’honorable juge Claude Dallaire. Qu’adviendrait-il si le Québec déclarait son indépendance et son autonomie suite à un référendum majoritaire ? Est-ce que le Canada agirait de la même manière que la Géorgie en envoyant ses chars d’assaut sur la nation québécoise ? Le Québec serait-il reconnu comme une nation souveraine par les pays membres des Nations Unies ? Nous sommes en droit de nous poser ces questions…

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NOTES :

[1] Mikheil Saakachvili, né le 21 décembre 1967 à Tbilissi, est un homme d’État géorgien et homme politique ukrainien. En 2004, après avoir participé à la révolution des Roses, qui contraint le président géorgien Edouard Chevardnadze à la démission, il accède à la présidence de la Géorgie. Il démissionne de son mandat en 2007, lors d’une crise politique, provoquant ainsi une élection anticipée, à l’issue de laquelle il est réélu dès le premier tour. Il quitte la présidence du pays en 2013, après être resté près de dix ans à la tête du pays. Il obtient la nationalité ukrainienne en 2015, ce qui lui fait perdre la géorgienne, et devient gouverneur de l’oblast d’Odessa. L’année suivante, bénéficiant d’une certaine popularité en Ukraine, il démissionne de son poste de gouverneur, fonde un parti politique, puis se voit déchu de sa nationalité ukrainienne par le président Petro Porochenko, qui le rend ainsi apatride.
[2] L’exercice de ce droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est en général lié à l’existence d’un État spécifique au peuple en question, État dont la pleine souveraineté est souvent envisagée comme la manifestation de la plénitude de ce droit. Il s’agit d’un droit collectif qui ne peut être mis en œuvre qu’au niveau d’un peuple. Mais ce principe ne fut pas appliqué par l’Organisation des Nations unies car les accords entre Alliés étaient prioritaires. Ils ne mentionnaient pas les peuples colonisés et stipulaient toute une série de mesures qui ne tenaient nul compte des éventuelles préférences des populations. Il en va de même aujourd’hui et la mise en œuvre de ce principe ne va pas sans difficultés, aucun texte ne définissant clairement la notion de « peuple », de sorte que tant les États existants que les partisans des autodéterminations locales peuvent s’opposer des arguments valables.

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RÉFÉRENCES :

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En tant qu’auteur et chroniqueur indépendant, Guy Boulianne est membre du réseau d’auteurs et d’éditeurs Authorsden aux États-Unis, de la Nonfiction Authors Association (NFAA), ainsi que de la Society of Professional Journalists (SPJ). Il adhère de ce fait à la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (FJI).

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